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Enfant caché dans le Lot, il sera un ponte de la psychiatrie en Amérique


Né à Colmar, Maurice Korman (1931-2021) fut un temps pensionnaire de la Maison des enfants d’Espère. En mai 1945, il entamait une nouvelle vie aux États-Unis.

Tous deux nés en Pologne en 1900, Israël Korman et Szejneila Poznanska se marient et s’établissent en Alsace durant l’entre-deux-guerres. Ils sont commerçants à Rouffach en février 1931 quand naît leur fils Maurice à la maternité de Colmar, (Haut-Rhin), la grande ville voisine. Qui peut deviner alors que cet enfant sera une sommité scientifique, professeur émérite et fondateur de la division psychiatrique de l’Université du Texas, qu’il dirigera jusqu’en 2002 ?

Entre-temps, la Seconde guerre mondiale et la Shoah ont bouleversé tant de destins. Celui de la famille Korman aussi. On ignore à quelle date les parents et leur fils fuient l’Alsace. Dès la déclaration de guerre en septembre 1939 ? Ou lors de l’attaque allemande, en mai 1940 ? A moins, comme d’autres étrangers ou citoyens français, juifs ou non juifs, que les Korman aient été expulsés en décembre 1940 lors de la rafle de Rouffach pour être dirigés depuis l’Alsace annexée par le Reich vers la France (dans la zone libre) ? On sait en effet qu’à cette date, plusieurs familles de la localité furent transférées (sans ménagement) vers Lyon. De là, elles gagnèrent avec l’aval des autorités de Vichy la cité sanitaire de « Clairvivre », sur la commune de Salagnac, en Dordogne.

> De la Dordogne au Lot…

Sur cette localité située à deux heures de route au nord de Cahors, Clairvivre avait été bâtie sur les modèles des cités-jardins et accueillit dès 1933 des soldats de la Première guerre qui avaient été gazés et avaient développé des maladies pulmonaires. Elle devint ensuite un sanatorium. Le site accueillit également des réfugiés républicains durant la guerre d’Espagne. Des services de l’hôpital civil de Strasbourg y ont ensuite été transférés durant la Seconde guerre, et de nombreuses familles juives y furent protégées. Au péril de leur vie, les médecins de l’établissement y soignèrent aussi de nombreux résistants.

Selon les recherches effectuées par les auteurs du site Internet dédié à l’histoire de la Maison d’Espère, au début de la guerre, ses parents placent Maurice « pour sa propre sécurité, dans une école avec un groupe d’autres enfants juifs ». C’est ainsi que ses nom et prénom figurent sur la liste des petits pensionnaires de l’institution qui sauva et protégea 80 enfants de 1940 à fin 1943… 

La suite du parcours de l’enfant est mieux connue. Le 13 juin 1944, il est signalé par l’organisation de secours de l’American Jewish Joint Distribution Committee, basée notamment à Barcelone, comme « arrivant de France ». On présume que Maurice a passé la frontière grâce à un réseau de la résistance juive.

> Il débarque aux USA en mai 1945

En avril 1945, il embarque de Lisbonne pour les États-Unis où il débarque le 4 mai 1945, il y a un peu plus de 80 ans. C’est chez un de ses oncles à New-York que Maurice Korman apprend que l’Allemagne nazie a capitulé… L’adolescent de 14 ans peut entamer une nouvelle vie. Son parcours est particulièrement brillant. Il obtient un diplôme de psychologie au Brooklyn College de New-York puis il devient docteur en psychologie clinique en 1957 à l’Université du Minnesota. Entre-temps, naturalisé, le jeune homme a effectué son service militaire (dans le service de santé…).

> Un spécialiste des troubles de l’adolescence

Et en 1958, le voilà nommé professeur à l’Université de Southwestern du Texas. Il va y créer et diriger une division dédiée à la psychiatrie. Ils n’y sont que deux enseignants à l’orée des années 1960. Ils sont plus d’une centaine quand il prend sa retraite en 2007. « Un homme brillant, réfléchi et humble. Il a vraiment consacré sa vie à former et à encadrer les autres et n’a jamais cherché à se mettre en avant » dira de lui son collègue, le Dr Munro Cullum.

Est-ce un hasard si le chercheur a multiplié les études et publications liées aux troubles et aux addictions affectant spécifiquement les adolescents ? Lui, l’ex-enfant caché dans le Lot, avait appris soulagé que ses parents avaient survécu à la Shoah et avaient été naturalisés en 1952. Marié à une enseignante fille de parents immigrés, père de trois enfants, grand-père comblé, Maurice Korman est décédé en 2021.

Son parcours détaillé et documenté est à retrouver sur le site de la Maison des enfants d’Espère : https://maison-espere.fr/les-enfants/maurice-korman

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