Dégâts causés par le gibier : Agriculteurs et chasseurs ne sont plus sur la même longueur d’onde
Le système d’indemnisation est au centre des débats.
« Depuis quelques jours des producteurs de maïs nous ont alertés ». Christophe Bonnet, secrétaire général de la FDSEA et élu de la Chambre d’agriculture, et Thierry Noireau, responsable de la commission des dégâts de gibier à la FDSEA, sont remontés contre la Fédération Départementale des chasseurs « qui propose aux agriculteurs totois un nouveau système de règlement des dégâts de gibier » : « Elle fournit gratuitement aux agriculteurs victimes de dégâts des clôtures et postes électriques mais leur demande en contrepartie de signer un engagement à renoncer aux indemnisations financières. La Fédération de chasse a pris cette décision sans nous concerter ! Nous n’acceptons pas ce nouveau système. Nous demandons à tous les agriculteurs concernés de ne surtout pas signer cet engagement qui est totalement déconnecté de la réalité… » Et de conclure : « Les clôtures, ce n’est pas la solution. Elles ne sont efficaces qu’à 50 à 60 %. Il va falloir qu’ils revoient leur copie. »
> Michel Bouscary, président de la Fédération Départementale des chasseurs du Lot, revient sur le dossier : « C’est une loi qui remonte à 1968. Le droit à l’affût des agriculteurs a été supprimé et la Fédération des chasseurs a repris l’organisation de la chasse sur les territoires avec une contrepartie : indemniser les dégâts causés par le grand gibier. A l’époque leur population était faible. En 50 ans, elle a explosé et les factures sont devenues insupportables. Pour rembourser, on a une aide de l’Etat sur 3 ans : 100 000 euros, il y a 2 ans ; 114 000 euros l’an dernier ; et cette année on devrait toucher 60 000 euros. Le reste ce sont les chasseurs locaux qui paient. Sur le dernier exercice 2022/23, on a une ardoise de 800 000 euros dont 560 000 euros versés directement aux agriculteurs. Les chasseurs ont joué le jeu avec 10 000 sangliers prélevés. Il y a eu aussi de nouveaux outils – chasse toute l’année, piégeage, hausse des prélèvements – et on s’est engagé à financer l’intégralité du matériel de protection des cultures et c’est là que le bât blesse. Actuellement, on finance les protections mais en contrepartie l’agriculteur s’engage à ne pas demander d’indemnités. On va essayer de se revoir et de trouver des solutions en sachant qu’à terme les Fédérations ne pourront plus payer les dégâts. Le système est devenu obsolète et il faut le revoir. »