«Cahors et le Lot sous l’occupation» vient de sortir
Le livre de Cécile Vaissié se dévore comme un roman.
« Mon père et la famille de mon père sont originaires de Cahors. Ces histoires, j’en ai toujours entendu parler » précise Cécile Vaissié, professeur en études russes, soviétiques et post-soviétiques à l’université Rennes 2, dont le livre « Cahors et le Lot sous l’occupation ; Résistance, collaboration, épuration » vient de sortir aux éditions Gascogne. « J’avais déjà écrit un article dans Arkheia sur les fusillés de la Libération, un épisode clé pour comprendre cette période et notamment l’épuration qui représente un peu moins de la moitié de l’ouvrage. J’avais entendu dire dans mon enfance que cela avait été épouvantable. J’avais envie de regarder ce qui s’était vraiment passé » poursuit l’historienne.
Le livre commence à la rentrée scolaire de 1939. Des portraits, des parcours, des choix se dessinent : parmi les jeunes du Lycée Gambetta, certains s’engagent dans la Résistance qu’organise Chapou, leur ancien professeur de latin, âgé d’à peine plus de trente ans, et d’autres dans la Milice qu’un de leurs professeurs d’allemand dirigera brièvement… Cécile Vaissié les suit à la trace grâce à des témoignages et de très nombreuses archives. Il y a une jeune femme, Madeleine, qui fait tourner la tête du tout Cahors. « Quand la ville est libérée, le 17 août. Il y a deux vagues d’exécutions sommaires sans procès avant qu’un tribunal ne se mette en place et ne se réunisse en cour martiale. En septembre 1944, la première personne qu’elle juge, c’est cette fille de 20 ans qu’on ne voyait pas traîner avec les Allemands. Un épisode qui renvoie aux jeunes du Stade que j’appelle les jeunes du café de l’industrie. Un groupe de Résistants dirigé par Pierre Combes. Ils sont 12 à être arrêtés en février 1944 et à être déportés dans des conditions épouvantables. Il va y avoir toute une série de rumeurs sur leur arrestation. On va coller cette histoire à Madeleine. Pierre Combes a fait un témoignage écrit en assurant que ce n’était pas elle qui les avait dénoncés » poursuit l’universitaire frappée par le profil des accusés de la Libération : « beaucoup de femmes, de jeunes, de gens d’ailleurs. »
Il y a aussi cette famille franco-japonaise qui s’installe en ville un peu par hasard. «Il y a deux filles, des jumelles. L’une d’elle va se fiancer avec le fils d’un médecin local tandis que l’autre va travailler à la kommandantur. Cette famille va fuir en juillet 1944. La mère et une de ses filles vont être arrêtées à Paris. François Mitterrand a écrit une lettre pour plaider leur cause. Cette lettre est aux archives à Cahors » explique Cécile Vaissié. On croise également Darquier de Pellepoix, le « Eichman français », fils de l’ancien maire de Cahors. « Il est couvert de sang, de la tête au pied. Ce qui pose problème dans cette histoire, c’est que la France n’a jamais cherché à l’extrader…» souligne l’auteur avant de conclure : « Avec Cahors, ce qui m’a intéressé c’est ce microcosme qui reproduit ce qui se passe ailleurs en France. Cette épuration n’a pas servi à grand chose. Tout le monde a voulu par la suite taire les choses… » A lire absolument.
> « Cahors et le Lot sous l’occupation ; résistance, collaboration, épuration » est d’ores et déjà disponible à l’espace Culturel Leclerc à Cahors.