Sibelle et les boîtes à biscuits
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
– Ce mardi, le conseil municipal de Cahors doit avaliser l’adhésion de la ville à l’Association des Maires pour la Paix. Une organisation née en 1982 à l’initiative des édiles d’Hiroshima et de Nagasaki, au Japon. Parmi les premières communes françaises à rejoindre ce réseau, Verdun. « Pas besoin d’un dessin pour comprendre pourquoi ces villes étaient sensibles à la question » note Sibelle à juste titre. Quant à notre bonne capitale lotoise, il est presque étonnant qu’elle ait attendu 2019. Car en la matière, elle est pionnière. Dès 1949 et 1950, Cahors rejoignait le mouvement des Citoyens du Monde, se déclarait « territoire mondial » puis inaugurait sa route de la Paix menant vers Saint-Cirq. Ses bornes font du reste l’objet d’un lifting effectué par des lycéens de Monnerville. Une nouvelle sera posée le 24 mai. Comme quoi la tradition perdure, et l’esprit aussi. J’allais enchaîner en soulignant que tout cela n’est pas sans rapport avec le scrutin du week-end prochain, et que s’il y a bien une seule raison de voter c’est que l’Union européenne a au moins le mérite de garantir la paix entre des pays qui se faisaient la guerre jadis tous les 30 ou 40 ans (et c’est un Ardennais qui en atteste!)… Et que vois-je ? Ma Sibelle en train de tapoter sur mon smartphone. « Je cherche le numéro de l’UMCP… L’Union Mondiale des Chats Pacifistes… Ben quoi ? Moi aussi, j’apprécie qu’on me fiche la paix ! »
– Des visites exceptionnelles du Musée de la Résistance sont programmées ce soir à Cahors (sur réservation au 05 65 53 20 65) à l’occasion de la Nuit européenne des musées. Rappelons que l’établissement est actuellement fermé pour cause de restructuration. Parmi les trésors présentés, un exemplaire de ces boîtes à biscuits pas comme les autres parachutées par centaines à compter de 1943 à destination des réseaux clandestins et des maquisards. Elles contenaient des… récepteurs de radio. Ma protégée féline dresse l’oreille. Ça lui rappelle quelque chose. Une anecdote plus intime. De fait, je lui ai raconté il y a quelques mois que j’avais découvert, en 2005, dans le grenier de ma chère grand-mère ardennaise, après son décès, une autre boîte à biscuits tout aussi magique. Mais dans un autre registre. Avec quelque difficulté, j’ouvris le couvercle rouillé par les ans. Des milliers de photos retraçant des décennies d’histoire familiale y dormaient ! Sur l’un des clichés en noir et blanc, mon propre papa, âgé d’une dizaine d’années, un chat posé sur ses genoux. Il se nommait Mascotte. Il était nourri essentiellement de « mou » et de bas morceaux que le boucher du village offrait en sus, quand ma grand-mère achetait son rôti ou son gigot du dimanche. « En ce temps-là, pas de croquettes » avais-je expliqué à Sibelle. Sa réaction avait été à peu près celle d’un ado d’aujourd’hui à qui l’on raconte qu’il fut une époque déjà très lointaine où Internet n’existait pas…
– J’ai profité d’une courte escapade à Marseille, en début de semaine, pour faire étape à Sète. « Ah oui, c’est la ville du feuilleton », glisse Sibelle. Effectivement, la cité est le décor naturel de « Demain nous appartient » sur TF1, de « Candice Renoir » sur France 2, et s’apprête à accueillir d’autres équipes de tournage pour des séries à venir sur M6 et Netflix. Jadis, c’est à Sète aussi que Claude Sautet avait réalisé « César et Rosalie ». Cela n’est pas sans incidence. La municipalité est ravie de cet engouement, tant il est vrai que « l’île singulière » est particulièrement ciné et télégénique… Les touristes venus spécialement retrouver le cadre de leur(s) feuilleton(s) favori(s) se comptent par milliers. « Pour un euro investi, ce sont 5 euros réinjectés dans les restaurants ou les hôtels » expliquent les élus. Je n’ai pas cependant indiqué à ma tigresse domestique que j’avais visité le cimetière marin où reposent dans d’humbles sépultures surplombant la mer Paul Valéry et Jean Vilar. Sibelle aurait été capable de me demander de quelle série ils avaient été les héros.