Sibelle et la paresse des voies ferrées
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
– Ma semaine a été difficile. La faute à un chien de race beagle qui penchait délicatement sa tête sur les affiches du Parti animaliste. Une formation politique dont la liste a recueilli 11 voix dans ma commune dimanche dernier, et 1465 suffrages sur l’ensemble du Lot. Soit 1,91 % des voix. Il n’en fallait pas davantage pour que ma chère protégée féline en tire des conclusions allant bien au-delà du seul enjeu européen. Ou plutôt, incluant également un changement de cap dans notre doux foyer… « Ces résultats démontrent à l’évidence une prise de conscience qui doit se traduire au quotidien » a commencé Sibelle. Avant d’égrener une liste de directives n’ayant que peu de rapports avec la légitime dénonciation de certaines pratiques ayant cours dans les élevages industriels, certains laboratoires ou des zoos qui ressemblent à des prisons pour leurs pensionnaires. Pour Sibelle, l’urgence serait de lui accorder un droit de veto (sans jeu de mots) sur le choix de nos programmes TV, une subvention quotidienne en euros sonnants et trébuchants afin qu’elle diversifie (sic) son régime alimentaire ou encore – liste évidemment non exhaustive -,l’achat d’une caméra de vidéosurveillance pour que toute intrusion d’un de ses compères félins mal léchés dans notre jardin soit détectée si elle-même est alors plongée dans une sieste réparatrice (re- sic). Je n’ose imaginer ce qu’aurait revendiqué ma petite chatte si à la place d’un beagle, c’est un puissant Maine Coon qui avait été choisi par les animalistes pour amadouer les électeurs.
– Européennes, encore : dans le Lot, la liste des Républicains a péniblement rassemblé 7,48 % des voix, soit un point de moins qu’au niveau national. Dans le département, elle est même battue par le PS et la France Insoumise. Aucune élection ne ressemble à une autre, mais le député Pradié a évidemment fait part de son amertume. Et avancé, sur France Info, qu’il avait de ce fait un rôle à jouer (important, cela va de soi). « Ma responsabilité de trentenaire, député de mon pays, c’est d’ouvrir une autre voie. Il faut permettre à cette nouvelle génération de trouver toute sa place au sein de notre mouvement… » Aussitôt dit, aussitôt fait, puisque jeudi, avec dix jeunes collègues de son groupe, il a créé un Comité du renouvellement. On ignore encore si les jeunes loups désireux « de reconstruire la droite » seront équipés d’une Citroën Méhari pour sillonner les fédérations LR comme en 2017, Aurélien Pradié le fit, avec succès, dans sa circonscription. Une Méhari pour éviter une traversée du désert, ça aurait du sens, non ?
– Autre moyen de transport, autre grogne. Dans le journal de la Région, trouvé hier dans ma boîte aux lettres, Carole Delga tance la direction de la SNCF. Et de citer quelques chiffres : pour les seuls TER (les trains régionaux), un récent pointage fait état de 16 trains supprimés chaque jour en Occitanie (hors jours de grève, évidemment), 46 autres accusant un certain retard voire un retard certain, et 5 ne respectant pas les capacités d’accueil prévues (donc, obligeant des passagers à voyager debout ou à rester à quai). Et la présidente Delga d’exiger de la direction de la SNCF « de faire rouler les trains que nous payons ». « Nous », c’est-à-dire la Région… et donc les contribuables. Sibelle me demande avec malice si en outre, comme le formidable Marcel Duchamp, Carole Delga suggère « de réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de train ».