Kira rêve à peu de frais
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
« Même Kira, ma chère protégée féline, en a été outrée. Et pourtant elle en voit, des images et des vidéos affolantes, provenant de tous les horizons de la planète, à force de regarder les chaînes d’info en continu, surtout en hiver. Lovée sur le canapé, c’est même son passe-temps favori en attendant que le printemps repointe son nez dans notre beau Quercy… Même Kira, donc, a été consternée à la vue de ces images de bousculades, pour ne pas dire d’émeutes, provoquées dans certains supermarchés, jeudi, qui proposaient une promotion de plus de 50 % sur une fameuse pâte à tartiner parfumée à la noisette au cacao… Avec sa sagesse coutumière, elle en a tiré cette conclusion en forme de point d’interrogation. « De deux choses l’une. Ou bien une bonne partie de la population humaine de ce pays a perdu tout sens commun, ou bien une bonne partie de cette même population a sombré dans une misère noire au point de se battre afin d’économiser une poignée d’euros. » Ou bien les deux à la fois ?
Sur ce, un autre sujet a occupé notre discussion au moment de préparer cette humble chronique. Faut-il créer une desserte aérienne entre Cahors et Paris (ou entre Paris et Cahors, puisque les vols seraient aller et retour) comme le suggère un ancien décideur interrogé dans le journal local ? Ma chère tigresse domestique n’a pas souhaité trancher. Mais elle a observé avec pertinence que les chiffres de la liaison quotidienne entre Brive et Orly incitaient à la prudence. On y a totalisé plus de 48 000 voyageurs en 2017. Ce n’est pas rien. Mais la ligne reste déficitaire. Et pas qu’un peu. 2,5 millions d’euros de « trou » par an. La moitié prise en charge par l’État, l’autre par les collectivités. Bref, cela fait un gros billet de 50 euros par contribuable pour chaque voyageur. Avec Kira, on vous laisse juge.
On prend d’ailleurs rarement l’avion. Pourtant, on a trouvé un site Internet formidable. Connecté à tous les radars civils, il permet de suivre en direct tous les vols « passagers » de la planète. De quoi rêver à peu de frais. Quand dans le ciel d’azur, on aperçoit la trace d’un long courrier, on se précipite sur le portable et on découvre alors avec émerveillement qu’un Londres-Madrid ou qu’un Paris-Le Cap survole la capitale du Lot. Qui sont ces voyageurs ? Des hommes ou femmes d’affaires ? Des touristes ? Des aventuriers? Peu importe. On observe, fascinés, cette toile d’araignée toujours mouvante. Cela ne coûte rien au contribuable, mais nous, cela nous fait voyager… gratuitement. En attendant des réductions de 50 % et plus sur les sachets de croquettes, c’est toujours ça de gagné. »