Gourdon : Un conflit de voisinage sur fond de racisme se termine devant le tribunal
Un conflit de voisinage a dégénéré en mars dernier. Deux sexagénaires ont été condamnés pour avoir agressé un troisième pour des motifs xénophobes.
La victime est un homme âgé de 65 ans. Il boite et marche avec une canne. Le 6 mars 2024, alors qu’il sort de chez lui pour récupérer son courrier, il se retrouve face à deux voisins. Ces derniers, un homme de 64 ans et une femme de 63 ans, le font tomber au sol, le rouent de coups, l’insultent et le traitent de « sale arabe ». Les deux agresseurs ont été condamnés à de la prison avec sursis, notamment pour insultes racistes et menaces de mort, par le tribunal correctionnel de Cahors jeudi 20 juin.
Tous les témoignages concordent : ce n’était pas la première altercation entre voisins. Dans le quartier, les deux prévenus sont connus pour semer le trouble. Le jour des faits, ils avaient arraché son courrier des mains de l’homme. C’est un autre habitant qui ayant entendu les appels à l’aide de la victime et vu une partie de l’agression appellera les gendarmes. La femme et la fille de la victime accourues sur les lieux après les faits, ont, elles aussi, été copieusement insultées. Les gendarmes étant intervenus en utilisant une caméra piéton, la vidéo a été projetée lors de l’audience.
« La violence me fait stresser », assure la prévenue. Pourtant, sur la vidéo, c’est elle qu’on voit revenir à la charge à plusieurs reprises. A la barre, elle assure n’avoir que des souvenirs épars : par exemple, elle ne se rappelle pas avoir poussé l’homme au sol en revanche elle assure que la femme de la victime aurait surgi avec un tasseau de bois et les aurait frappés avec. Une version que personne ne corrobore. Les insultes racistes ? « Non c’est impossible de ma part », s’insurge-t-elle, alors même qu’on l’entend dire dans l’enregistrement : « C’est la guerre des civilisations » ou encore « sales arabes, rentrez chez vous ». Idem pour son comparse qui menace de « buter » la victime.
« Vous sentez l’alcool à plein nez », leur assène le gendarme dans la vidéo, en tentant d’éloigner les prévenus des victimes. Avisant des papiers qui dépassent de la veste de la prévenue, il lui demande de les montrer. « C’est rien, ça me regarde », avance-t-elle dans un premier temps avant de lui remettre ce qui s’avère être le courrier volé à la victime. « Je l’ai ramassé par terre », poursuit-elle. Seuls contre le reste du monde. C’est en tout cas ce qu’ils veulent faire croire. Quid du voisin qui a assisté à une partie de la scène. « Il a fait un faux témoignage », affirme le prévenu. Lui a déjà 30 mentions à son casier, elle en a trois. Le ministère public requiert 8 mois de prison assortis d’un sursis probatoire pour elle et 16 mois dont 8 assortis d’un sursis probatoire pour lui. De son côté, la défense, par les voix de Me Smagghe et Me Pedoussaut,dénonce une « enquête de piètre qualité » et un témoin douteux qui aurait « orienté l’enquête ».
Les prévenus ont finalement été reconnus coupables pour le vol du courrier, les violences, les injures à caractère raciste et les menaces de mort. Elle a été condamnée à 6 mois de prison avec sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligation de soins, d’indemniser les victimes, de suivre un stage de citoyenneté et interdiction de rentrer en contact avec la famille pendant 3 ans. Lui a écopé de 12 mois de prison avec sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligation de soins, d’indemniser les victimes, de suivre un stage de citoyenneté et interdiction de rentrer en contact avec la famille pendant 3 ans.