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Viols et proxénétisme devant les assises : « Chaque matin, il voulait un bol de lait, un joint et une fellation »


Depuis ce lundi 30 septembre, un homme est jugé pour viols et proxénétisme devant la cour d’assises de Cahors. Après avoir écopé de 14 ans de détention, il a fait appel. Ses victimes, deux femmes dans la vingtaine, ont livré un témoignage poignant.

« Il fallait lui faire des fellations matin, midi et soir ». Ce mardi 1er octobre, les femmes ont la parole. Une parole douloureuse, glaçante et révoltante. En ce deuxième jour de procès, les femmes qui gravitaient autour d’Evariste Galvez décortiquent difficilement leur quotidien avec lui. Ce Lot-et-Garonnais de 51 ans est jugé en appel par la cour d’assises de Cahors pour des faits de viols et de proxénétisme à l’encontre de deux jeunes femmes, Camille* et Marina*, entre 2015 et 2019.

Lors de la première journée, le tribunal s’est attaché à la personnalité de l’accusé. Cette fois, c’est sur celles des victimes qu’il s’est attardé. Le principal point commun de celles-ci réside dans leur vulnérabilité. Marina a vécu l’abandon de son père, le placement en famille d’accueil à l’âge de 8 ans, le harcèlement scolaire, les difficultés à l’école et les petits jobs en intérim. « Je n’avais jamais connu l’amour d’une famille. J’étais perdue et fragile, avec une très mauvaise image de moi », raconte-t-elle. A son propos, la psychologue note une immaturité et un handicap psychosocial et cognitif. Quand Marina rencontre Camille et Evariste Galvez, en mai 2019, elle a alors 22 ans et n’a jamais eu de relation amoureuse. C’est sa quête d’identité sexuelle qui la mène au sauna libertin. « Je me cherchais. Je ne connaissais pas du tout le libertinage. En arrivant là-bas, je suis restée dans mon coin. Camille est venue vers moi, on a sympathisé. Puis, on a commencé une relation et je me suis installée chez les Galvez ».

A ce moment-là, Camille vit avec la famille Galvez depuis presque quatre ans dans leur maison à Trentels (Lot-et-Garonne). Elle a rencontré Natacha*, l’épouse d’Evariste Galvez, sur un site de rencontre quand elle avait 20 ans. A cette époque, Camille dormait dans sa voiture. Elle avait été rejetée par sa famille pour avoir parlé de l’agression sexuelle dont elle avait été victime par l’un de ses proches. A 17 ans, elle avait déjà connu la prostitution et la rue. Amoureuse de Natacha, elle accepte de s’installer chez le couple, de dormir dans le même lit qu’eux et de faire les tâches ménagères de la maison. Petit à petit, le sombre engrenage se met en place : Natacha la quitte et Evariste Galvez en fait sa soumise. « La première fois qu’il a eu des gestes à mon égard, j’ai mal réagi. Je l’ai envoyé balader mais il a insisté. Puis, il a menacé de me punir. J’étais amoureuse de Natacha, donc je n’avais pas d’autres choix que d’accepter », se souvient-elle. Alors que ce sordide quotidien s’installe, Camille rencontre Marina. « C’est Evariste qui m’a demandé de l’aborder. Il voulait avoir une compagne de plus. J’ai essayé de ne pas y aller car je craignais ce qui allait arriver ».

Pour les deux jeunes femmes, les souvenirs sont douloureux et les corps semblent encore meurtris. A la barre, les mots sortent difficilement. Alors qu’elle affichait jusque-là une gêne stoïque, Camille finit par exploser en larmes. Même ses sanglots semblent s’étrangler dans sa gorge. Face au tribunal, elle se tient de trois-quart, de façon à tourner le dos à son agresseur. Marina, elle, ferme souvent les yeux, admettant ne pas se souvenir de tous les faits. « J’essaie d’oublier cette période », reconnaît-elle. « Elle fonctionne par mémoire sélective pour éviter ce qui est douloureux et ne pas être envahie par l’anxiété », explique la psychologue. Pourtant, le tribunal est bien obligé de les questionner à ce sujet.

Alors, chacune son tour, les deux jeunes femmes racontent la sinistre routine qui s’était instaurée. « Toute la famille devait être à son service, sinon il se montrait violent. Chaque matin, il fallait lui apporter un bol de lait, un joint et lui faire une fellation », souligne Marina. Il y avait aussi les sodomies, auxquelles les femmes ont essayé en vain de résister. Indifférent à la douleur des femmes, il persiste. « Une fois, il m’a dit, « arrête de te débattre, sinon ça sera pire » », raconte Marina. « Au début, je pleurais pendant la sodomie. Et puis j’ai arrêté sinon il le faisait encore plus fort », renchérit Camille. Quand les deux jeunes femmes ne se soumettaient pas, les punitions pleuvaient : « Il nous frappait, nous urinait dessus et nous brûlait avec une cigarette », détaille Marina. « Il pouvait aussi me faire lécher des fientes de pigeon, nous donner des coups de fouet ou nous pénétrer avec des godemichets », ajoute Camille. A cela s’ajoute la prostitution dont elles ont fait l’objet : certains jours, elles voyaient jusqu’à six clients.

Pourquoi ne sont-elles pas parties ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres. En effet, les jeunes femmes n’étaient pas séquestrées. C’est donc bien la peur des représailles qui a agi comme le pire des obstacles. « Quand les gendarmes sont venus la chercher, elle dit qu’elle a été libérée. Cela dit bien que, pour elle, il y avait quelque chose de l’ordre de l’impossibilité de fuir », souligne sa psychologue. La jeune femme explique aussi avoir pensé aux enfants de son agresseur. « Je ne voulais pas briser cette famille. Le plus petit des enfants avait 3 ans. J’ai grandi sans père et je ne voulais pas qu’ils vivent ça », soupire-t-elle. Aujourd’hui, Camille et Marina gardent encore les séquelles de cette période. Le psychiatre qui a rencontré la première note chez elle des symptômes typiques d’un traumatisme : manque d’appétit, sommeil perturbé par des cauchemars, hypervigilance, peur irrationnelle de croiser ses agresseurs. « C’est maintenant que c’est le plus dur. J’ai pris conscience de la douleur. J’essaie d’avancer mais je n’y arrive pas », murmure Camille qui souffre également de maux de dos et de gorge dûs aux sévices répétés.

Une autre femme a été entendue comme témoin ce mardi : Natacha. En premier instance, elle a écopé de 5 ans de prison, dont 1 an ferme, pour proxénétisme aggravé. En couple pendant 18 ans avec Evariste Galvez, elle aussi évoque des violences de son mari à son égard. Elle aussi s’est prostituée mais « d’un commun accord ». Son discours est pourtant plus ambigu que celui des autres femmes. Alors qu’elle avait assuré lors de son audition, être bisexuelle et dans une relation libre avec Evariste Galvez, elle déclare cette fois : « Je ne suis pas lesbienne. C’est lui qui voulait que j’ai des relations avec des femmes. Mais c’était pour son plaisir à lui, pour qu’il puisse regarder et participer ». En attendant, elle aussi participe au réseau de proxénétisme, en encaissant notamment l’argent. Elle l’a toujours reconnu. « Vous aviez intérêt à ce que Camille se prostitue pour qu’elle vous remplace », souligne la présidente du tribunal. Natacha acquiesce. A plusieurs reprises elle a également été témoin d’actes sexuels entre son époux et les deux plaignantes ainsi que de gestes de violence. Difficilement, elle finit par admettre que les jeunes femmes n’étaient pas consentantes.

C’est pourtant ce point que l’accusé conteste. Il assure avoir demandé aux jeunes femmes si elles acceptaient d’être ses soumises lors de leur rencontre, ce à quoi elles auraient répondu positivement. Par ailleurs, il nie les sévices en guise de punition et affirme clairement que toutes les femmes qui ont témoigné contre lui, y compris sa fille, mentent. Lorsque le tribunal revient sur chaque acte de violence et de sexe, et questionne l’accusé sur le consentement des victimes, celui-ci répond systématiquement : « Elle acceptait puisqu’elle était soumise ». Et d’ajouter : « Pour être soumise, il faut accepter la fellation, la pénétration anale et la pénétration vaginale ». Mercredi, pour le dernier jour du procès, son avocate risque d’avoir fort à faire pour le défendre.

* Les prénoms ont été modifiés

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