Sibelle, l’impatience des paysans et la nouvelle bataille d’Austerliz pour la ligne POLT
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Nous avions ironisé (enfin, surtout Sibelle) quand avait été évoquée par Médialot la récolte des pneus usagés effectuée par les agriculteurs lotois de la FDSEA et des JA. Une action visant à prévenir la pollution et qui a permis de diriger vers des filières de recyclage pas moins de 570 tonnes de pneumatiques. Eh bien, comme prévu, il en restait quand même quelques-uns dans les hangars et garages des exploitations. Ce lundi soir, ils ont été utilisés lors d’une opération visant notamment à « neutraliser » des radars sur l’ex-RN 20. Une bâche a été déployée également à l’entrée de la DTT (l’administration qui chapeaute les fonctionnaires dont la mission est notamment « le soutien aux exploitations agricoles et aux industries agroalimentaires, l’eau et l’environnement avec notamment la gestion et la police des eaux, la protection de la nature, l’organisation et l’exercice de la chasse et de la pêche… »). En fait, ce nouveau coup de semonce exprimait une impatience. Les agriculteurs ne comprennent pas que du retard soit pris à l’Assemblée dans l’étude et le vote de la proposition de loi « Contraintes » dont l’objectif, précisément, est de « simplifier les démarches des agriculteurs, en finir avec les surtranspositions absurdes qui nous mettent en difficulté face à nos concurrents européens et garantir des règles plus justes en matière de contrôles et de gestion des ressources naturelles » ont résumé les dirigeants de la FDSEA et des JA. Cela étant, ma protégée souhaite mettre son grain de sel. Encore une fois. « On peut comprendre cette impatience. On peut admettre qu’il y a trop de normes et que celles-ci sont parfois trop complexes et chronophages (dans leur mise en œuvre comme dans les procédures de contrôle avec des formulaires et autres paperasseries). Mais il faut quand même un minimum de normes. Ce n’est pas comme si les consommateurs ne souhaitaient pas des produits sains et traçables, comme si la biodiversité n’était pas menacée, et le climat en roue libre. Ce n’est pas comme si la question de la ressource en eau, qu’il y en ait trop ou pas assez, ne devenait chaque jour plus aigüe. Là-dessus, outre les normes, il y a les prix et une juste rémunération du travail. Si les prix étaient rémunérateurs pour tous, ces questions de normes seraient sans doute plus facilement solutionnées… » En écoutant ma tigresse domestique, je regarde au loin la vallée depuis ma fenêtre, les hauteurs du vieux village. Des prairies au premier plan, des vignes ensuite. Je ne les distingue pas, mais il doit aussi y avoir des parcelles maraîchères. Gardiens de nos paysages, les paysans le savent aussi. Il n’y a jamais de réponses simples aux questions complexes.
Mardi._ Présentation de la « Quinzaine du compostage ». Nous sommes forts marris, dans notre maison. Toute la petite famille, y compris Sibelle, est volontaire pour faire un effort. Oui mais voilà. Notre jardinet de quelques mètres carrés ne se prête pas à l’installation d’un composteur individuel. Comme c’est le cas pour les déchets recyclables et les non recyclables, on serait donc ravis que soit installés, sur notre commune, des dispositifs collectifs pour les déchets admissibles au compost. Et pourquoi pas une benne pour les déchets verts trop volumineux (je pense aux possesseurs de haies, notamment). « On oublie trop souvent, y compris chez nos élus, que l’on peut habiter un village mais être confronté aux mêmes problèmes qu’un citadin » résume ma protégée. Et c’est sans doute vrai pour d’autres thématiques.
Mercredi._ Un « train de la colère » partira le 15 avril de Cahors pour rallier la capitale. Il s’agit d’en appeler à l’État alors que la ligne POLT est toujours plus négligée et que ses usagers sont à rude épreuve. Cette « manif » pas comme les autres est organisée par des collectifs d’usagers mais aussi des collectivités et l’association des maires. Il y a quelque chose de chouette dans cette initiative, qui prouve au passage que les Lotois savent se mobiliser et faire front commun, pour les grandes et bonnes causes. Et à la fois, sans doute, hélas, aussi, quelque chose de pathétique. « Attention à ce que cet aller-retour pour la gare d’Austerlitz ne se mue pas en Waterloo » persifle Sibelle. « Il y a d’abord un risque _ jamais à écarter sur cette vieille ligne _ qu’un problème d’aiguillage ou de locomotive oblige le convoi à s’immobiliser en rase campagne. Il y en a un autre. Qu’à l’issue de cette mobilisation, de nouvelles promesses soient faites. Qui n’engageront, hélas, que ceux qui les croient. Il avait peut-être l’air un peu ailleurs, le député Lassalle quand il avait entamé une grève de la faim au sein même de l’Assemblée mais après tout, il avait là manifesté d’abord un constat sans fard. Sur certains sujets, nos élus semblent impuissants. »
Jeudi._ Il y a visiblement de la friture sur la ligne entre la FI et le PCF lotois. Par comptes Facebook interposés, on s’adresserait non des noms d’oiseaux, mais de vraies insultes ou injures. Certains posts semblent avoir été retirés, mais des captures d’écran circulent encore. Les socialistes, pour leur part, semblent tout accaparés par la préparation de leur congrès. La nature ayant horreur du vide, qui tire les marrons du feu pendant ces querelles ? Sibelle fronce ses sourcils au demeurant très élégants. « Je t’ai déjà dit que tu usais mal _ comme beaucoup de monde _ cette expression… » De fait, le très docte et officiel Portail linguistique du Canada (où on ne plaisante pas avec le français) nous rappelle : « L’expression « tirer les marrons du feu » vient de la fable de La Fontaine « Le singe et le chat ». Son sens exact est « se donner de la peine pour le seul profit d’autrui ». Dans l’usage populaire, elle est employée à tort au sens de « bien s’en sortir, profiter au mieux de la situation ». » Capito ? Mais la question demeure.
Vendredi._ On finit par l’info qu’il a fallu que je cache durant plusieurs jours à ma chère petite féline. Il se dit que fin septembre, un salon de l’érotisme serait organisé à Cahors. Il y en déjà dans nombre d’autres villes de province. Au programme, démonstration et vente d’objets érotico-ludiques, de tenues affriolantes, projections et ventes de films X ou XXL etc. Bref, il est trop tôt pour savoir si l’été sera chaud voire très chaud, mais l’automne, c’est sûr, débutera sur le mode « hot ». Avec cette citation de Kundera à méditer d’ici-là : « Le sexe n’est pas l’amour, ce n’est qu’un territoire que l’amour s’approprie. »