Sibelle, le pont de Touzac, la carte scolaire et ces élus formés dans les cabinets
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Séance d’importance au Conseil départemental où est voté le budget 2025. « Parce que nous avions extrêmement bien géré nos précédents budgets en réduisant notre endettement par deux et en doublant nos investissements en 10 ans, grâce à cette situation saine de nos finances, nous pouvons amortir ce choc en nous endettant un peu plus pour équilibrer les dépenses d’investissements » explique le président Serge Rigal qui avait auparavant une nouvelle fois dénoncé les ponctions de l’État. Ou manques à gagner. La collectivité va donc continuer à investir, mais dans des projets déjà dans les tuyaux. Et elle souhaite aussi ne pas rogner sur des dépenses liées à l’aide sociale (on parle plutôt chez nos élus de « solidarité »), l’éducation ou encore le logement (liste non exhaustive). Dans ce contexte serré, voire délicat, des élus (du groupe Socialiste et Ecologiste) s’interrogent sur la pertinence de maintenir la participation du Lot au financement de la LGV qui reliera Bordeaux à Toulouse. Ils se sont abstenus au moment d’octroyer un peu plus de 500 000 euros (pour la seule année 2025). « Nous protestons ainsi contre la dégradation continue et inacceptable du service pour les usagers des trains Intercités de la ligne POLT. Mais aussi contre la privatisation de la ligne, annoncée par l’Etat » expliquent ces conseillers. « Vu le nombre de retards, de trains supprimés ou qui sont stoppés avant leur terminus, vu le calvaire de certains usagers, comment leur donner tort » remarque Sibelle. Qui s’en retourne ensuite méditer sur son sofa ce célèbre trait de Marcel Duchamp : « Faut-il réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de trains ? »
Mardi._ Ça y est. Le pont de Touzac est officiellement rouvert à la circulation. La cérémonie officielle s’est déroulée en présente notamment de la préfète. Il aura fallu que les usagers patientent près de trois ans, depuis l’accident de 2022 quand un camion de 40 tonnes s’était engagé sur l’ouvrage pourtant interdit aux véhicules de plus de 16 tonnes depuis… 1932. Sans ce pont, réalisé dans sa première version en 1870, certains habitants ont dû faire 20 km par jour pour passer d’une rive à l’autre. Sibelle qui est toujours réticente au moment de s’exprimer sur un sujet lié de près ou de loin à l’eau commente simplement : « On ne dira jamais assez l’importance de passer son bac… » Les riverains (le mot est bien choisi) excuseront je l’espère l’humour mal placé de ma tigresse domestique.
Mercredi._ Autre sujet qui n’a évidemment rien de drôle : la carte scolaire (dans les écoles primaires). Dans les communes visées par une fermeture de classe, les parents d’élèves et les élus se mobilisent. Ce mercredi matin, par exemple, le collectif SOS École Cazals-Montcléra organisait un barrage filtrant. Installé dans le Lot depuis une dizaine d’années, je revis exactement ce que je constatais chaque année dans un autre département touché par un recul démographique : les Ardennes. Et dans les deux cas, les arguments se répètent. Les hauts fonctionnaires avancent des chiffres et des ratios. Mais pour les habitants et les maires il s’agit de survie. Reste ce constat : réduire la voilure dans les services publics ne peut pas inverser la tendance. Au contraire, quand on espère attirer ou à tout le moins conserver des familles sur un territoire, la question de la scolarisation est essentielle (en plus d’autres problématiques, notamment l’offre de soins). Bref. Avec ma protégée féline, je ne peux que conclure que la lutte des classes (même considérée sous ce seul angle) est loin d’être un concept suranné.
Jeudi._ On apprend que Vivien Coste sera la tête de liste de la majorité sortante à Cahors pour les municipales de mars 2026. Le maire sortant Jean-Lux Marx sera candidat, mais pas comme numéro 1. C’est un choix personnel, précise-t-il. Dans une première déclaration, Vivien Coste reprend un certain nombre de formules convenues : « J’ai pris cette décision en conscience, en responsabilité…. Cette confiance m’oblige… » On retient surtout le profil de l’intéressé. Il connaît les dossiers, puisqu’il occupe le poste actuellement de directeur de cabinet de la Ville et du Grand Cahors. Avant lui, d’autres élus lotois sont passés par cette voie : Jean-Marc Vayssouze-Faure avait été directeur de cabinet de Gérard Miquel, Aurélien Pradié fut collaborateur contractuel au cabinet du président du conseil départemental de l’Aveyron, Rémi Branco fut chef de cabinet du ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Sibelle remarque que cette tendance n’est peut-être pas propre au Lot. Sans doute. Mais elle ne peut s’empêcher d’ajouter : « Ce ne sont plus des cabinets, fussent-ils de curiosité. Ce sont des écuries. »
Vendredi._ Des images stupéfiantes à la télé : au Chili, une baleine avale un kayakiste avant de le recracher. Le géant des mers a surgi de nulle part (enfin non : des profondeurs) la bouche ouverte en grand, puis a-t-elle eu pitié ? Non. Des spécialistes expliquent de toute façon que son gosier est trop étroit… Il n’empêche. Le kayakiste (dont le père a filmé la mésaventure littéralement extraordinaire) s’en souviendra toute sa vie. Chacun ses exploits. Moi, il y a quelques années, j’ai provoqué l’hilarité générale de la famille quand, sortant de l’eau du si joliment nommé lac d’« Écoute s’il Pleut » à Gourdon, j’ai soudain été pris de mouvements nerveux. Je venais de gober une mouche. Les images n’ont pas fait le tour du monde. Mais qu’est-ce qu’on a ri à l’apéro…