Sibelle, la luminothérapie et le Ban des Vendanges
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Hors les brumes matinales, avec ma protégée féline, nous avons pleinement goûté cette première semaine d’automne qui se sera avérée l’une des plus estivales du millésime 2021. Nous ne sommes plus à un paradoxe près. A défaut d’atteindre des records de température, le franc soleil de ces derniers jours nous a permis de deviser gravement, installés sur nos chiliennes (nos chaises longues, quoi), tout en contemplant nos asters aux couleurs violacées semblant fomenter une sorte de coup d’État, prenant possession de la platebande perpendiculaire au bolet. Adeptes de la luminothérapie, nous avons emmagasiné de la vitamine D. Même les guêpes, même les insectes, volants ou pas, semblaient ivres en cet été indien. Ce sont les mêmes, ou leurs parents, qui devaient chercher quelque abri en juillet ou août, quand la pluie venait contrarier, le week-end, nos projets de barbecue. Bref. C’est peu dire dans ce contexte que le communiqué de la préfecture indiquant que « les équipements hivernaux ne seront pas obligatoires dans le Lot » nous a semblé d’une logique imparable.
« Ben quoi, on n’a pas quitté les Ardennes pour venir faire du ski dans le Quercy » insiste Sibelle, à laquelle j’ai raconté en son temps l’une de mes mésaventures en la matière. C’était il y a 10 ou 15 ans, dans les environs de Charleville. Il avait copieusement neigé dans la journée et à mon retour du travail, sur les coups de 20 heures, voilà que ma berline patine au moment d’emprunter la petite côte menant à la maison, sur le haut du lotissement. J’essayais bien de suivre les traces des automobilistes voisins qui m’avaient précédé mais rien à faire. Et puis soudain je donne un coup de volant, et voilà que l’auto effectue un tête-à- queue. Je n’ai pas le temps de me féliciter que nul autre usager n’ait été présent à ce moment et victime de ma maladresse – ou du mouvement d’humeur de la 407, c’est selon – toujours est-il que j’ai alors compris que cette frayeur avait été un mal pour un bien. En marche arrière, ça roulait beaucoup mieux. J’ai pu grimper la côte et rentrer à la maison sans problème. Ma traction avant était devenue une traction arrière. Le prix à payer ? Un torticolis, pardi.
Retour à l’actualité avec deux autres informations et pas des moindres. La première a quelque peu navré Sibelle, qui a constaté que son nom ne figurait pas sur la liste des 22 nouveaux chevaliers de la Confrérie du Vin de Cahors qui ont été intronisés lors du Ban des Vendanges. Je lui ai rétorqué qu’elle n’en buvait jamais ! Et qu’en conséquence, il n’y avait pas de raison qu’elle soit jugée digne d’être ambassadrice de notre cher malbec ! « Et alors, tu crois que les jurés du Goncourt lisent tous les livres qu’on leur envoie ? » m’a-t-elle répondu aussi sec. J’en conclus (sobrement) qu’il en va des confréries gourmandes et bachiques comme des prix littéraires : sans eux, la France ne serait plus la France.
La seconde info est moins légère. Il faut la considérer comme une bonne nouvelle mais avec précaution. En conservant nos réflexes, en maintenant les gestes barrières : cette semaine, le Lot a rejoint la liste des départements en vert sur la carte de la pandémie avec un taux d’incidence de 48,5 pour 100 000 habitants. « On est sur une descente mais il faut rester prudent » a indiqué dans Medialot le Dr Thierry Debreux, président de la Commission médicale d’établissement de l’hôpital de Cahors. « Accueillons ces chiffres sans faire de vague, désolée pour ce mauvais jeu de mots » a ajouté ma protégée féline, dont le sens de la répartie m’étonnera toujours.
Alors que je me désolais au retour d’une balade dans la campagne bucolique qui environne notre village d’avoir repéré dans les talus çà et là des masques usagés jetés par des concitoyens au sens civique assez réduit, elle m’a répondu : « Voyons le bon côté des choses : ça veut dire au moins que les gens en portent encore… »
Visuel @DR