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Sibelle, la légion d’honneur du député, nos écoles encore déshabillées et la toile déchirée du monde 


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Lundi._ Tout le département commente encore ce coup de tonnerre. Au comptoir du bistrot, au bureau, dans les bus ou dans les files d’attente, aux caisses des supermarchés, en ce lundi matin, on ne parle que de ça : Aurélien Pradié a été démis samedi de ses fonctions de vice-président (ou encore de numéro 2) des Républicains par Eric Ciotti, élu président du parti en décembre. Le député lotois se voit reprocher ses positions sur la réforme des retraites, notamment sur ce qui concerne les carrières longues. Son chef évoque une « aventure personnelle », autrement dit des ambitions qui dépasseraient ce seul sujet. L’ancien maire de Labastide-Murat aurait appris la nouvelle par un simple SMS quelque temps seulement avant que ne soit rendu public le communiqué. Alors que même en équipe de France de foot, quand il choisit d’appeler ou de ne pas appeler un joueur, Didier Deschamps prend soin de joindre l’intéressé pour lui expliquer de vive voix le pourquoi du comment. Quant à moi, c’est Sibelle qui m’a interpellé alors que je rentrais d’une balade sur la voie verte entre Mercuès et Douelle. Mais je n’ai pas eu le temps d’évoquer le charme des vignes et la langueur de la rivière en ce week-end d’hiver déjà si printanier… « Ça y est, le Professeur Nimbus de la Riviera a sorti la mitraillette contre l’héritier lointain du Roi de Naples. Monsieur Pradié est éjecté comme un malpropre. Mais il doit être ravi. Il ne pouvait espérer aussi vite une telle publicité. C’est sa légion d’honneur avant l’heure. Mais que diable allait-il faire dans cette galère en ayant accepté ce poste ? » a déclamé ma belle qui connaît ses classiques. J’ai réfléchi et je lui ai répondu : « Je partage grosso modo ton analyse. Cela étant, pour Monsieur Pradié, le plus dur commence. Etre un franc-tireur, se revendiquer de Philippe Séguin, parler de droite sociale, c’est une chose. Se démarquer puis espérer un jour devenir majoritaire dans sa propre maison, c’en est une autre… Enfin bref. A lui de faire sienne la devise d’un autre élu lotois, le grand Maurice Faure… » Sibelle faillit en tomber à la renverse. « Tu penses à laquelle ? A celle qui prétend que nous sommes pauvres mais que nous sommes beaux ? » Je lui ai répondu que non, car en bon radical, Maurice Faure, comme son homonyme Edgar, avait le sens de la formule et avait toujours une citation de rechange. Je conseillerais donc à Aurélien Pradié de décliner et méditer celle-ci : « Notre combat n’est pas celui de la peur, de l’illusion ou du romantisme. Il est celui d’une espérance et c’est pourquoi nous saurons le gagner. Son enjeu, c’est redonner à la vie une saveur et une qualité. » Et en plus, ça tient dans un tweet. Et on peut la brandir à tout bout de champ. 

Mardi._ Sueurs froides au Conseil départemental. L’institution est coupée du monde une partie de la semaine en raison d’une panne informatique et téléphonique. C’est la galère pour les élus, les agents et bien sûr les usagers. On en regretterait le temps du 22 à Asnières (ou à Cahors si vous préférez) et du timbre poste (puisque maintenant on nous conseille d’envoyer nos courriers via un ordinateur pour que les facteurs les sortent sur imprimante). Sibelle, féline de la génération 2.0, évoque avec nostalgie pour sa part un temps qu’elle n’a pas connu, et moi non plus : celui des pigeons voyageurs. « Vu le nombre de pigeonniers dans nos campagnes, qui flanquent nos belles maisons quercynoises, ça avait et ça aurait encore de la gueule, non ? » se hasarde-t- elle. 

Mercredi._ On apprend que le Lot perd bien quatre postes dans le premier degré. La carte scolaire officialisée pour 2023-2024 indique que sept postes vont être supprimés (Assier, Montfaucon, Lamagdelaine, Gramat, L’Hôpital Saint-Jean, Figeac-Jean Moulin et Cahors-Lucien Bénac) mais que trois sont créés (Saint-Sozy, Aujols et Assier pour l’enseignement bilingue occitan). Et encore l’administration argue-t-elle que la note aurait pu être plus salée, puisque le département comptera 151 élèves de moins. Sibelle médite. Décidément très en verve, elle a déniché une pensée de Jean Guéhenno, écrivain et critique désormais un peu oublié : « C’est à l’école qu’il faut raccommoder la toile déchirée de notre monde et empêcher qu’on ne la déchire davantage. » Je ne suis qu’à moitié convaincu. Toujours cette distinction entre « éducation » et « instruction ». En 2023, on ne peut plus raisonnablement demander aux hussards de la République la même chose qu’il y un siècle… Et c’est un peu notre faute à tous. 

Jeudi._ De passage en ville, j’aperçois les échafaudages sur la façade du théâtre. Les travaux vont notamment permettre de baisser de 30 % la consommation énergétique. Je me documente et j’apprends que ce joli théâtre à l’italienne fut inauguré en 1835 et que ce sont de simples particuliers qui avaient initié une souscription, bientôt soutenue par la ville, pour doter la cité d’un bel équipement culturel. Longtemps, très longtemps après l’amphithéâtre romain… Je note encore que l’architecte se serait inspiré de la salle du Palais Royal à Paris. Parmi les travaux, à mentionner aussi que la climatisation va être changée. « Mais du moment que le show est au rendez-vous ! » commente ma protégée, qui a certes déjà commis meilleur jeu de mots. 

Vendredi._ Un an déjà que la guerre en Ukraine a débuté. Comme d’autres, j’imaginais que les troupes russes allaient plier l’affaire en quelques semaines. Mais c’était sans compter la formidable résistance ukrainienne et, sans doute, un état des lieux moins brillant dans les faits que dans les discours au sein de l’armée russe. Alors on revoit ces images de milliers de familles en fuite (certaines ont trouvé refuge dans le Lot), ces villes dévastées par des pluies de missiles… Et avec Sibelle, nous sommes frappés sur un point : cette guerre évidemment met en exergue toutes les technologies modernes du genre (missiles autoguidés par GPS, images satellites, transmissions numérisées, visées laser et j’en passe). Pour autant, sur le front, comme « chez nous » en 14- 18, puis en 39-40, on creuse encore et toujours des tranchées, on fait sauter des ponts, on se bat certains jours – et l’on meurt – pour gagner quelques mètres… Et à l’arrière, au milieu des gravats des immeubles bombardés et des routes défoncées, les civils trinquent, se terrent, s’enfuient ou restent, terrés des semaines et des mois durant, dans des caves humides et froides. « La toile déchirée de notre monde », écrivait Jean Guéhenno. Elle est toujours plus déchirée, toujours plus en lambeaux. Et les larmes n’y changent rien. 

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