Sibelle et les nouveaux panneaux de « bienvenue dans le Lot »
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Alors que l’on annonce des flocons de neige qui ne ressembleraient pas vraiment à des poissons accrochés dans le dos pour inaugurer ce mois d’avril, voilà qu’il pleut aussi des panneaux sur le Lot. Ma tigresse m’interpelle immédiatement : « L’histoire des poissons, je vois, tu m’as déjà fait le coup l’an passé, mais pour la seconde partie de la phrase, je ne comprends pas. Tu fais allusion aux querelles liées à l’implantation de panneaux photovoltaïques sous forme de véritables fermes (sur des dizaines d’hectares), notamment dans le Quercy Blanc ? Ou est-ce une façon d’ironiser sur le trombinoscope un brin surréaliste que constituent les panneaux électoraux, où se côtoient, dans nos villes et villages, les visages plus ou moins engageants des douze prétendants à l’Elysée ? »
Ni l’un, ni l’autre. Même s’il y aurait de quoi dire, en effet. Je fais référence au nouveau chapitre de la politique d’attractivité territoriale du Conseil départemental. Ainsi, Medialot nous précisait cette semaine : « 63 panneaux d’entrée du Département ont été implantés sur les principales routes départementales ayant un flux journalier de voitures important (plus de 300). Des séries de trois panneaux ont été déployées. » Et l’on apprend ensuite quel message est adressé. Le premier panneau, assez logiquement, matérialise l’entrée dans notre contrée avec cette formule traditionnelle : « Bienvenue dans le Lot ». Soit. Le deuxième, nous dit-on, « valorise le bien-vivre à travers une phrase simple et vraie, à l’image des Lotois » (sic) : « Ici, on est bien. Ici, on vit bien ». Il s’agirait de faire comprendre que le Lot « est reconnu pour sa qualité de vie, et aimé par ceux qui y vivent ». Un clin d’œil appuyé en direction des touristes notamment, pour les inciter à venir s’installer chez nous à demeure. Parce que le « 46 » n’est pas seulement agréable en été. On peut y travailler et s’y épanouir loin des métropoles et y profiter d’un art de vivre certain du 1er janvier au 31 décembre… Alors, logiquement là encore, est inscrite sur le troisième panneau l’adresse du site choisirlelot.fr qui a vocation à expliciter toutes les bonnes raisons de venir vivre dans le Lot et à accompagner les familles candidates dans leur projet.
Les habitués de cette rubrique pourraient penser que je regrette que n’ait pas été retenue la fameuse formule de Maurice Faure : « Nous sommes pauvres mais nous sommes beaux. » Non : j’admets en effet que si elle me semble vraiment chouette, il aurait été malvenu d’en faire un slogan. Je ne suis pas expert en matière de marketing territorial mais cela, c’est quand même le B.A.-BA. Encore qu’en matière de com’… comme ont dit, on n’est jamais à l’abri de rien, et donc d’une bonne surprise. « Je suis sûre que cette audace aurait fait le buzz. Une contrée qui ose dire qu’elle est pauvre mais belle, voilà qui aurait propulsé le Lot en tête des hashtags tendance sur les réseaux sociaux. Le Monde aurait dépêché un envoyé spécial, Elise Lucet serait venue interroger (avec le zèle qu’on lui connaît) le président Rigal, et cerise sur le gâteau, même le tracé du Tour de France aurait été conçu pour faire étape dans le Lot » s’époumone ma protégée féline. Je lui rétorque que pour la Grande Boucle, ça, c’est déjà acquis ! Et dès le mois de juillet. Un bémol quand même : pas sûr qu’il soit aisé pour un automobiliste ou ses passagers de noter une adresse internet, même en roulant à 80.
Sur ce, ce genre de problématique me renvoie à mes années dans le Nord-Est du pays… Il fut un temps, pas une région, pas un département ou une ville (moyenne ou grande) qui ne trouvait le moyen, dans ses panneaux de bienvenue ou dans ses différentes stratégies de com’, de glisser qu’il ou elle se situait « au cœur de l’Europe », ou qu’il ou elle en était un « carrefour ». La mode est passée. Encore que. Plus récemment, dans les Ardennes, une interco a choisi de se nommer « Portes du Luxembourg ». Le quidam de passage pense tout de suite au Grand-Duché. A son insolente santé économique… Or, de l’est de cette communauté de communes à la frontière luxembourgeoise, il y a quand même 50 km… En revanche, elle est limitrophe de la province du Luxembourg belge ! Bien joué, non ?
Pour revenir au Lot, un quatrième panneau aurait pu afficher le prix de l’immobilier au m2. Avant que des milliers de foyers ne débarquent pour vivre ici et provoquent une flambée des cours, cela reste encore et toujours un argument de poids. Incidemment, hier ou avant-hier, j’entendais sur une chaîne d’info que cette donnée n’est pas incluse par l’Insee dans ses chiffres sur l’inflation. Tu m’étonnes ! Mais franchement : vous vous rendez compte de la chance et de l’opportunité que cela représente dans et pour le Lot quand, par ailleurs, à Rennes (qui détient le record), en 5 ans, le prix au m2 est passé de 2534 à 4111 euros !
On conclut avec Sibelle par un coup de chapeau. Bravo à tous les particuliers, associations, organismes ou entreprises du Lot qui se mobilisent pour l’Ukraine, par l’envoi de colis, par la recherche de « points de chute » afin d’accueillir des réfugiés. Ici, nous sommes pauvres mais nous sommes beaux et nous avons le cœur sur la main.