Sibelle et les billes de Saint-Sozy
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
– Le Lot en direct hier sur toutes les chaînes d’info continue, pendant des heures, de Saint-Sozy à Souillac en passant par Rocamadour ! Certes, ce n’était pas forcément ces images auxquelles pensait le président du Département, Serge Rigal quand il a lancé la marque « Oh My Lot ! » dans le cadre de son plan de marketing territorial. « Mais peut-être que désormais, des millions de Français sauront situer le 46 sur une carte… » a noté ma chère Sibelle. Qui n’a pas détourné le regard du poste de télé de la toute la journée… De temps à autre, à l’instar de ses congénères quand, depuis la fenêtre, ils observent des oiseaux, elle ânonnait quelques onomatopées, mi-miaulements, mi-râles. J’ai même eu peur parfois qu’elle bondisse, envoûtée par les ondes, voulant s’emparer du micro pour questionner elle-même le chef de l’État (encore que les élus lotois ont prouvé qu’ils n’avaient pas leur langue dans leur poche!). Je ne regrette pas, en tout cas, de l’avoir gardée au chaud. Elle aurait été capable de se coucher sur la chaussée pour retarder le convoi des VIP de la république…
– Une image a retenu l’attention (en tout cas celle de Sibelle et la mienne) … A Saint-Sozy, comme en attestait le problème d’arithmétique écrit au tableau, les enfants d’âge scolaire jouent encore aux billes. Comme quoi dans cette France que l’on dit déchirée, dans ce pays que l’on juge parfois au bord du « burn out » social ou politique, déboussolé par le maelstrom de la mondialisation, il demeure des permanences qui rassurent. Des repères en forme de madeleines de Proust. Dans le Lot, comme sans doute partout en France, des gamins jouent aux billes. Encore et toujours. Cela ne fait pas la une des journaux. Mais c’est une information de poids. A l’heure des tablettes, des consoles, des casques ou lunettes 3D, des enfants s’émerveillent toujours de rentrer le soir, à la maison, avec quelques billes de plus, enfouies au fond de leurs poches, habilement glanées à la récré.
– Oui, je sais, en Occitanie, on est souvent plus « rugby » que « foot »… Je ne résiste pas à l’envie, pourtant, de conclure par un conseil de lecture. Je dois le préciser : avec Sibelle, nous avons un faible pour l’OM. C’est dire que nous n’avons pas tous les jours le sourire. Alors, avec ravissement, nous nous consolons régulièrement en feuilletant le formidable album « L’histoire illustrée de l’Olympique de Marseille », publié chez Hugo BD, écrit par le journaliste Jean-François Pérès et illustré par Christopher. J’y ai relevé cette savoureuse anecdote. Dans les années 70, le Brésilien Paulo César qui avait une vie nocturne agitée est pointé absent alors que l’équipe doit partir jouer à Saint-Étienne. Au bout de trois quarts d’heure, le car s’en va sans lui. Sur l’autoroute, quelque temps plus tard, une auto double le bus. L’entraîneur de l’OM et les joueurs reconnaissent alors Paulo César sur le siège passager. C’est un journaliste qui l’avait pris en charge in extremis dans sa voiture de service ! Titularisé malgré son étourderie (il a prétendu plus tard ne pas avoir vu le temps passer alors qu’il jouait au volley sur la plage), le Brésilien marqua la seul but marseillais du match… Voilà qui ne pourrait plus se produire désormais. Les équipes voyagent en avion. Les stars du foot ne jouent plus sur les plages. Sauf celles bordées de palaces, à l’autre bout du monde.