Sibelle chef de cabinet
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
– Il n’en a pas fait mention sur son compte Twitter, mais cette semaine, le député Aurélien Pradié a officiellement été adoubé membre du « shadow cabinet » de Laurent Wauquiez, le leader des Républicains. Sans surprise, car il travaille ce sujet de longue date, il est en charge du Handicap. J’ai expliqué à Sibelle ce que signifie l’expression : en Angleterre, ce cabinet « comprend les députés d’un parti d’opposition qui, sous la conduite du chef de leur parti, forment un cabinet alternatif à celui du gouvernement ». La définition est de Wikipédia. Ma protégée féline en était restée à la traduction littérale. C’est-à-dire « cabinet fantôme ». « D’accord. Mais moi, ce qui m’importe d’abord, c’est qu’aucun fantôme ne vienne troubler la plat-bande qui jouxte le bolet où j’ai mes habitudes, bref, mon cabinet particulier » a conclu l’insolente.
– La semaine fut plus rude pour sa collègue de l’autre circonscription lotoise, Huguette Tiegna, cible d’injures racistes ignominieuses sur un site Internet qui prétend (on insiste sur le verbe) soutenir les Gilets Jaunes. « Le drame des couleurs et des différences humaines n’est jamais loin. Chacun de nous se sent atteint au meilleur de son intelligence et de sa sensibilité, lorsqu’il assiste au spectacle d’individus qui renient ce qui fait la beauté d’une nation civilisée » a commenté l’élue, qui a légitimement déposé plainte. J’allais dire à quel point tout cela me navre quand Sibelle a attiré mon attention sur une dépêche AFP. On y apprend qu’un jeune homme arrivé en France à 15 ans du Bangladesh en tant que mineur isolé « vient d’être couronné « meilleur apprenti de France » pour son travail dans les cuisines d’un restaurant étoilé d’Antibes ». Voilà.
– C’est tout un département qui a appris avec consternation que la gare de Figeac avait été ravagée par un incendie dans la nuit de mercredi à jeudi. Le drame n’a heureusement fait aucune victime. Pour autant, au- delà des conséquences pratiques pour les voyageurs et cheminots, au-delà des conséquences sociales et patrimoniales, cette catastrophe est aussi synonyme de souvenirs heureux ou malheureux à jamais sinon effacés, en tout cas « dématérialisés ». Je m’explique. De combien d’adieux déchirants, de retrouvailles émues, de larmes versées ou de baisers fougueux échangés une gare est-elle chaque jour le théâtre ? Sibelle qui n’a jamais eu la chance de prendre le train est dubitative. Elle préfère voyager en solitaire. Mais comme pour braver le climat ambiant, ma tigresse s’en remet à l’humour du regretté Pierre Desproges : « Alea jacta est : ils sont bavards, à la gare de l’Est. Alea jacta ouest : à Montparnasse aussi. »
– Achevons cette chronique par une invitation. Ce lundi à Floirac, une conférence gratuite à la salle du Cantou (20 h 30) sera consacrée aux « poissons migrateurs » (comme le saumon). Certains empruntent toujours le cours de la Dordogne. Mais Sibelle que le poisson n’indispose pas me rappelle cette cruelle loi de la nature : s’il est vrai que les saumons adultes remontent les rivières pour aller pondre au plus près de leurs sources, la plupart meurt aussitôt et ce sont les jeunes qui ensuite font le chemin inverse pour rejoindre l’océan. « Voilà pourquoi je me garde bien d’être un chat migrateur » en conclut ma chère féline.