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La laïcité expliquée à Sibelle


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

C’était dimanche dernier. Un franc, un généreux soleil inondait Cahors et tout le Quercy. On aurait pu choisir d’aller marcher le long de la rivière ou de flâner paresseusement, simples silhouettes dans le paysage apaisant et bucolique de je ne sais quel chemin de campagne, sur les causses ou ailleurs, faisant halte ici sur un muret de pierre sèche, là à l’orée d’une chênaie. Mais nous avions rendez- vous. Si ce n’est avec l’histoire, un rendez-vous avec notre conscience, avec une part si précieuse de notre âme, avec une part de cette petite mais vaillante flamme que nous tentons d’entretenir malgré tous les vents contraires : il nous fallait, c’était si évident, venir dire notre émotion, notre effroi, au lendemain de la mort de Samuel Paty, professeur assassiné à Conflans, un « héros de la liberté » selon les mots de Robert Badinter. Il nous fallait dire toute notre solidarité à l’ensemble de ses collègues, à tous ceux qui chaque jour sont en première ligne…

Et dimanche, la meilleure façon de le dire, c’était d’être là, même en silence. Devant la préfecture, nous étions quelques centaines. Hommes, femmes. Beaucoup d’enseignants, bien sûr. Mais pas seulement, heureusement. Alors j’ai pensé à mon père. Et quand je suis rentré à la maison, j’ai dit pourquoi à Sibelle. Mon père était professeur de lettres classiques. Il a enseigné en collège, en lycée. Né dans les années 30, sa propre scolarité avait été perturbée par la guerre. Mais il s’était accroché. Après la communale dans son village, il avait rejoint le lycée de la ville voisine de Sedan. Faisant le trajet à pied, tous les jours ou presque. Puis il avait gagné Lille après son bachot. Et enfin, pendant près de 40 ans, il avait été enseignant. Une vie de hussard, comme on disait encore. Une vocation. Elève du public, prof dans le public. Une vocation, une évidence. Ce week-end, j’ai donc pensé à lui. Comme ses parents, mon père était catholique pratiquant. Il allait à la messe tous les dimanches. Mais je ne crois pas avoir connu quelqu’un d’aussi viscéralement attaché à la laïcité. Sa foi était aussi solide que la certitude de voir chaque matin le soleil se lever, même quand les nuages sont épais. Mais une fois en classe, alors le seul catéchisme qui s’imposait à lui, le seul credo qu’il s’autorisait était celui des valeurs fondatrices de la république.

Rentré à la maison, j’ai expliqué cela à Sibelle, je lui ai dit que nous vivions des temps décidément très difficiles, mais que je ne désespérais pas qu’un jour, comme mon père, une évidence s’impose à tous. Dans le privé, on pense ce que l’on veut, on prie qui l’on veut, mais « dehors », nulle loi ne s’impose à celles de la république. « Il y a du boulot » a simplement répondu Sibelle. C’est vrai. Car la nature ayant horreur du vide, tant d’abandons depuis des décennies ont permis aux tenants de l’obscurantisme de prospérer. Jadis, quand on était révolté, quand on se sentait à tort ou à raison laissé de côté, quand on était désœuvré ou discriminé, on collait un poster de Che Guevara dans sa chambre, on s’engageait dans la Légion, on était happé par la délinquance. Désormais, beaucoup d’enfants ou d’adultes rejettent la république et ses derniers représentants sur le terrain (enseignants, policiers, élus locaux, associatifs) et préfèrent des discours enjôleurs et « engeôleurs » : « La France ne veut pas ou plus de vous. Alors voici une autre voix et une autre voie… » S’il ne s’agit que de prier un autre dieu, ce n’est pas un souci. En revanche, si l’enseignement supposé de ce dieu est que ses lois sont supérieures à celles de la république, alors ce n’est pas possible…

Pour nous changer les idées, dimanche toujours, en seconde partie d’après-midi, nous avons fait un Scrabble, sur le bolet, écrasés encore et toujours par ce soleil brûlant. J’ai de nouveau pensé à mon père. Lui, fin lettré, qui lisait les classiques latins dans le texte, citait des vers de Racine ou Lamartine à la demande, m’a également transmis cette passion. Il n’aimait pas perdre ? Moi non plus ! Un jour, il fut presque surpris que je refuse le mot qu’il avait composé. Il avait un moment oublié la conjugaison du verbe « voir » et pour placer son « Y », avait candidement voulu l’emporter au finish en proposant « VOYA ». Ben non, cher papa, au passé simple, on dit « il vit ». Qu’est-ce qu’on a ri ce jour-là.

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Sibelle insiste pour que je termine en vous donnant de ses nouvelles. Bien remise de son agression (se référer à notre rendez-vous de samedi dernier), elle a reçu un coup de fil en milieu de semaine : un autre chat témoignait sous couvert d’anonymat avoir été à son tour victime d’un matou bagarreur ayant décidé de faire la loi dans le vieux bourg. Stupeur parmi les riverains propriétaires de félins domestiques. Nous avons aussitôt décrété une sorte de couvre-feu. Le soir, on monte la garde. En vain jusqu’ici. Mais peu importe. Nous sommes pacifiquement mais fermement mobilisés. Tout chat « errant » devra désormais présenter une attestation de libre-circulation. L’époque est décidément difficile. Même pour les amoureux des chats qui savent si bien que leurs protégés les consolent de la folie des hommes.

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