Kira et les archives du Général
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« Un séjour de rêve au château de Mercuès, dans le Quercy, comprenant deux nuits et des repas dans cet établissement étoilé… Voilà ce que Laurent Ruquier offrait cette semaine aux auditeurs des Grosses Têtes sur RTL, tirés au sort pour tenter de répondre à une question d’actualité. Dans sa présentation, l’animateur ne faisait ni mention du département du Lot, ni de la proximité de Cahors. En revanche, donc, le mot « Quercy » revenait plusieurs fois dans le petit argumentaire. « J’imagine que c’est voulu de la part de l’annonceur » a remarqué Kira. Certes. Reste à savoir si au-delà de l’ex-région Midi-Pyrénées, les jeunes générations savent encore où se situe le Quercy, cette ancienne province qui a disparu des cartes officielles à la Révolution quand furent créés les départements et dont l’appellation n’est pas revenue en grâce au fil des décentralisations successives.
Dans l’imaginaire historico-géographique des Français d’aujourd’hui, le Quercy a rejoint l’Artois, le Berry, le Dauphiné, sans parler d’entités plus petites encore comme l’Argonne, le Perche ou le Vivarais. « Oui, mais ce bon monsieur Ruquier avait sur sa fiche un autre argument pour vanter le caractère exceptionnel des lieux » a noté ma protégée féline. Effectivement. L’animateur citait chaque jour ces mots du Général de Gaulle qui y fit étape en mai 1951 : « Du château de Mercuès, on voit monter vers soi l’histoire ! ». Le grand homme était alors en pleine « traversée du désert », ayant quitté le pouvoir pour se retirer à Colombey, rédiger ses mémoires avant d’être rappelé aux commandes, comme on le sait, en 1958. Curieuse, ma petite tigresse domestique a cherché si le Général avait effectué d’autres séjours dans le Lot. Elle a ainsi retrouvé trace d’un voyage officiel, en tant que Président de la République, en mai 1962. A Cahors, en présence d’une foule considérable, avant un discours prononcé devant la cathédrale, le Général fut accueilli par le premier adjoint, M. Mellac (le maire, M. Bennac, était souffrant), Maurice Faure, alors plus jeune député de l’Assemblée, et bien sûr Gaston Monnerville, président du Sénat et président du conseil général du Lot.
Plus étonnant, on sait moins qu’il revint dans le Lot l’année même de son décès. Le 3 juin 1970, avec son épouse, l’ancien chef de l’État se rend en Espagne pour quelques jours de vacances. Le voyage s’effectue en DS. Il veut visiter Madrid, et « Tante Yvonne » souhaite découvrir les chemins de Saint-Jacques. Le Général fait étape au château de Roumégouse, entre Gramat et Rocamadour. Le couple reprend le 4 juin la route de l’Espagne… Toujours en DS. « Mais quand il quitta Cahors en mai 62, le Général monta à bord d’un simple autorail en direction de Brive » ajoute Kira, plongée dans les archives… Et ma protégée de glisser avec son sens de l’à-propos : « Heureuse époque où il n’était pas encore question des difficultés de la ligne POLT, de se mobiliser pour une LGV traversant l’Occitanie, de remplacer des lignes abandonnées par des voies vertes (ce qui n’est peut-être pas une mauvaise idée mais bon) ou encore d’ouvrir le trafic ferroviaire à la concurrence au risque de provoquer la colère des cheminots… » J’ai opiné du chef. Avant de sourire quand Kira a suggéré qu’un de ces quatre, on aille déjeuner en terrasse, au château de Mercuès, pour sentir l’histoire monter vers nous… »