Kira et les ânes que l’on fouette
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
« C’est rare de la voir dans une telle colère, ma petite protégée féline. Mais là, son poil s’est hérissé d’un coup quand elle a entendu, au lendemain du premier tour des législatives, Edwy Plenel persifler ainsi : « Un âne aurait l’étiquette En Marche, il aurait été élu… » Ce qui a révulsé Kira, c’est évidemment que le « patron » de Mediapart use d’une comparaison animalière. « Un âne ? Et pourquoi pas un chat ? Il faut toujours que vos turpitudes, à vous, les humains, finissent par se conclure à nos dépens… » Le Lot n’ayant pas échappé à la vague LREM, Kira a du coup poursuivi le raisonnement de notre pourtant noble confrère : « Faudrait-il en conclure dès lors que de Cahors à Figeac, les électeurs quercynois ont voté avec des œillères comme parfois on en afflige les baudets ? » Et en fine analyste de la vie politique, de conclure par cette remarque qui m’a semblé pleine de bon sens. « Et si, dans le 46 comme ailleurs, on se demandait d’abord pourquoi les perdants ont perdu? »
Là-dessus, si vous préférez aller à la pêche plutôt que d’aller voter pour le second tour (ce qu’avec un sens aigu du civisme, nous ne pouvons évidemment approuver, Kira et moi), sachez que vous verrez peut-être un certain nombre de galériens volontaires ramer sur notre célèbre fleuve à l’occasion de la 7ème descente du Lot organisée ce week-end par l’Aviron cadurcien (le départ ayant eu lieu à Larnagol vendredi, l’arrivée étant prévue dimanche à Douelle avec des étapes entre-temps à Saint-Cirq Lapopie, Vers et Cahors). Ils seront 120 au rendez-vous. Avec Kira, on ira les applaudir et les saluer, après avoir accompli notre devoir électoral. Le plus délicat pour ces rameurs qui conjuguent sport et bonne humeur étant peut-être de passer les écluses. Il y en 16 qui jalonnent le trajet. Heureusement, des bénévoles seront sur le pied de guerre pour activer les manivelles. Comme il se doit, ce programme de réjouissances a permis à Kira de conclure par une sentence bien… sentie. « J’ignore ce qu’en pense Monsieur Plenel, mais je vois là une sorte d’allégorie du théâtre politique. Certains rament, d’autres tirent des bords. Au bout du compte, un équipage arrivera en premier. Mais pour aller plus vite, il n’est jamais utile de fouetter un âne affamé. Pis, comme disait Victor Hugo lui-même, comme le peuple, il risque alors de se cabrer… »