Justice : Une affaire de « tueur de chien » à la barre du tribunal
Les faits s’étaient déroulés en février dernier. La première audience avait été renvoyée.
Mardi 22 septembre, la salle du tribunal correctionnel affichait complet. Les chasseurs, les défenseurs de la cause animale de toute la France mais aussi des amis étaient venus en nombre soutenir Francis Balmes dont le chien Hold-Up a été abattu de décharges de plomb dans la tête le 15 février dernier. Ce jour-là, une battue aux sangliers a lieu, organisée, par la société de chasse de Saint-Cirq-Lapopie, Berganty, Bouziès. Francis Balmes y participe comme piqueur avec 9 chiens. Vers midi, arrivés aux abords de la propriété d’un Saint-Cirquois de 56 ans, trois chiens y rentrent à travers des trous dans la clôture à la poursuite du gibier. Le conducteur de chiens et son beau-fils entendent alors six coups de feu en une demi-heure. Si deux chiens sortent du parc, le troisième, Hold-Up, ne donne plus signe de vie et son collier GPS n’émet plus. Le propriétaire des chiens et son beau-fils aperçoivent une Mercedes et entendent la voix d’un homme au téléphone disant que le chien est mort. Son cadavre sera retrouvé sur la commune de Saint-Géry une semaine plus tard… sans collier. Les relevés GPS ont confirmé que le collier a cessé d’émettre à quelques dizaines de mètres du lieu d’habitation du prévenu. L’accusé s’est présenté à la barre.
« On imagine mal un complot pour vous nuire, un complot aussi élaboré avec de faux tracés GPS »
Le président, Philippe Rodionoff, après avoir rappelé les faits, lui a demandé d’emblée s’il niait toujours les faits. « Je les nie encore aujourd’hui » a répondu le prévenu. « Qu’avez vous à déclarer ? Il y a quand même des éléments troublants… » a poursuivi le magistrat. « Je n’ai jamais vu les chiens chez moi. Ce qu’ont dit les gendarmes et la vérité pour moi ça fait deux » a lancé l’homme, droit dans ses dires. Seul, la matinée, il aurait reçu un couple d’octogénaires britanniques à partir de 13 h, et a refusé de recevoir les gendarmes le jour des faits… ses explications n’ont pas été claires tout au long de l’instruction. « Et les relevés GPS ? » a a continué le président. « Je n’ai pas d’explications. C’est un GPS, c’est tout. Je n’ai pas vu, ni entendu les chiens » a martelé le quinquagénaire provoquant un certain agacement du côté du perchoir : « On imagine mal un complot pour vous nuire, un complot aussi élaboré avec de faux tracés GPS. »
« Cette famille tue les chiens »
Le prévenu n’a pas contesté posséder une Mercedes, un fusil de chasse et une carabine, ni le fait que le cadavre du chien a été retrouvé sur la commune où résident son fils et sa belle-fille. Pour Francis Balmes, le prévenu « fait régner la terreur autour de son parc ». Et de préciser « qu’il est un chasseur atypique » : « Je chasse pour conduire mes chiens. C’est ma deuxième famille. Je suis sans fusil. » Son avocat, Me Debuisson, qui représente également la fondation Brigitte Bardot : « Cette famille tue les chiens et on s’aperçoit qu’il a une très mauvaise considération de la gent humaine et de ceux qui font respecter la loi. » Au titre du préjudice matériel, il demande 3349 euros et 3000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice moral subi, et au nom de la fondation Brigitte Bardot, 800 euros.
L’association française pour l’avenir de la chasse de chiens courants demande 1000 euros. Me Charles Lagier pour la fédération de chasse du Lot a enfoncé le clou : « Il y a quelques années, il serait passé entre les gouttes… la modernité permet de régler ce genre d’affaire en l’occurrence, le GPS. » Il demande 2000 euros de dommages et intérêts.
« Rien ne démontre que c’est mon client qui a tiré sur ce chien, il doit donc être relaxé »
L’auditrice de justice, Sylvie Rodrigues, a ressorti une lettre du prévenu adressée au procureur menaçant « de mort tout chien entrant sur sa propriété ». Elle a requis une peine d’amende de 1200 euros. L’avocate de la défense, Me Hélène Kokolewski, a souligné la maladresse de son client, ses problèmes de santé avant de mettre en doute l’origine des données GPS et de conclure : « Même s’il y a des éléments troublants, rien ne démontre que c’est mon client qui a tiré sur ce chien, il doit donc être relaxé. » Le jugement sera rendu le 24 novembre prochain.