Guerre en Ukraine : Pour Cécile Vaissié, « Vladimir Poutine s’est stalinisé »
Entretien avec la Cadurcienne, professeur en études russes, soviétiques, et post soviétiques à l’université de Rennes 2.
Originaire de Cahors, Cécile Vaissié, professeur en études russes, soviétiques, et post soviétiques à l’université de Rennes 2, décrypte les raisons qui ont poussé le maître du Kremlin à attaquer l’Ukraine.
> Medialot : êtes-vous étonnée que la Russie ait envahi l’Ukraine ?
Cécile Vaissié : c’était une des possibilités. Il y avait d’autres scénarios envisageables. C’est le pire. Cela fait des semaines que les troupes russes stationnent à la frontière avec l’Ukraine et en Biélorussie.
> M. : comment jugez-vous l’évolution de Vladimir Poutine ?
C.V. : il s’est complètement stalinisé. Je ne suis pas étonnée. Il faut remonter en fait à son accession au pouvoir. Il y a eu vraisemblablement une opération des anciens du KGB pour l’y placer. Déjà quand il était dans les services secrets, il avait sans doute, depuis Dresde, favorisé l’évasion de fonds du Parti communiste en Occident pour préparer la suite. Il a ensuite travaillé avec le maire de Léningrad pour favoriser les échanges financiers avec l’Occident en se servant au passage. C’est là qu’il a solidifié son réseau. Son enrichissement a commencé à ce moment là. Par rapport à l’URSS qui était un clan, là on est vraiment sur un état mafieux. Cela a commencé dès les années 90.
> M. : pensez-vous que l’Ukraine puisse résister longtemps ?
C.V. : je crains que cela aille assez vite, qu’il s’empare de Kiev et mette un homme à lui à la tête de l’Ukraine avec la police et les médias à sa botte. Il va contrôler la population par la peur et s’emparer des richesses du pays.
> M. : pouvait-on s’attendre à cette escalade finale ?
C.V. : c’est une histoire de pouvoir, de ressources. Vladimir Poutine ne peut pas admettre que les pays voisins s’éloignent de la Russie et il a très peur d’une Révolution Orange de son pays. Cette action de guerre en Ukraine ne peut être dissociée de la politique de terreur contre l’opposition mise en place depuis 2011 et qui s’est renforcée depuis janvier 2021.