« Chaque 17 août, depuis 1944, Cahors se souvient »
La cérémonie du 76ème anniversaire de la Libération a eu lieu ce lundi.
« Chaque 17 août depuis 1944, Cahors se souvient. » L’émotion malgré les masques. La cérémonie du 76ème anniversaire de la Libération de Cahors a eu lieu ce lundi dans des conditions particulières, Covid-19 oblige. En présence des autorités civiles, et militaires, Jean-Marc Vayssouze, premier magistrat de la cité, a insisté, dans son discours, sur le devoir de mémoire : « Tous les ans nous honorons ce rendez-vous, nous nous retrouvons étreints par la même émotion, conscients de l’importance de ces évènements passés, envahis par le même sentiment de gratitude éprouvé envers ces femmes, ces hommes, parfois encore ces enfants, qui nous ont transmis le legs le plus précieux, celui de la liberté. Aujourd’hui de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants, Cahors se souvient. Il s’agit d’honorer leur mémoire, de célébrer leur histoire devenue la nôtre, et de se mobiliser, avec la même volonté, pour préserver cet idéal si chèrement gagné. Il est difficile aujourd’hui d’imaginer notre ville alors foulée des bottes de l’occupant allemand. Pourtant ces hommes étaient par centaines postés au cœur de la cité. Difficile de concevoir notre ville alors marquée du sceau de la folie nazie. Les drapeaux et croix infâmes étaient pourtant apposés sur chacun de nos bâtiments et institutions. Difficile enfin de percevoir la vie, les peurs et les souffrances de nos parents, ou de nos grands-parents. Il n’est pourtant pas un parmi eux qui n’ait pas été frappé d’un deuil ou témoin d’un drame, tel un enfant du pays mort au combat, une famille juive déportée et qui ne reviendra pas, un résistant torturé, déporté, un proche, un ami, que lui non plus, on ne reverra pas. Des noms, à jamais inscrits dans la postérité, confirment l’engagement de notre cité parmi les libérateurs de la France. Ils témoignent aussi que l’horreur n’a pas épargné Cahors, faisant parmi ses habitants d’alors, de trop nombreuses cibles. Parmi héros et victimes, figurent Jean-Jacques Chapou, les époux Imbert et Metges, Marie-Louise Dissard, Jean Rougier, Pierre Combes et Jacqueline Bernheim, pour ne citer qu’eux. Ces noms, ces êtres, ces destins, nous rappellent et nous obligent. Transmettre et ne jamais oublier. Car nous sommes tous, vous et moi, les maillons d’une chaîne invisible mais non moins essentielle, qui relie passé et avenir, et qui permet à notre présent de se bâtir. Simone Weil, figure emblématique de tant de combats, victime de cette folie, animée d’une incroyable force de vie lui permettant de mettre son parcours et ses convictions au service des autres, disait ceci ; « Je n’aime pas l’expression devoir de mémoire. Le seul devoir c’est d’enseigner et de transmettre ». Notre présence ici fait écho à ce souhait. »
Et de conclure : « Commémorer la Libération de Cahors convoque notre passé et nous invite à construire nos lendemains, à être les acteurs d’une société juste et solidaire. A ouvrir la voie à un avenir de paix, de liberté et de fraternité. Ces temps de célébration forment l’occasion de nous rassembler autour de valeurs communes et nous incitent à l’engagement et à l’espoir, à contre-courant de la passivité et du pessimisme. Ces instants nous animent et procurent de la force. Car nous traversons une période éprouvante. Incomparable à celle des années 40, mais qui nous permet néanmoins de percevoir, car nous en avons été un temps privés, tout ce que représente la liberté. Albert Camus la définissait ainsi : « La liberté ce n’est pas l’espoir de l’avenir. C’est le présent et l’accord avec les êtres et le monde dans le présent » Nous sommes ce présent et avons la responsabilité de le construire. Nous sommes ces êtres respectueux d’un héritage et animés de la volonté d’offrir à nos enfants le plus beau des avenirs. Nous sommes cet accord, conscients que seul le respect de nos valeurs, de nos concitoyens et du monde dans lequel nous vivons nous permettra de préserver notre liberté et notre humanité. »