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Aux assises, un homme jugé pour le viol d’une fillette : « C’était superficiel », se défend l’accusé


Le quadragénaire encourt la prison à perpétuité. En ce deuxième jour de procès, le tribunal s’est attaché à examiner les faits et à entendre témoins et parties civiles.

« Certes, c’est un viol qui a duré entre cinq et dix minutes. Et alors ? Il faut que ça dure trois heures pour que ce soit grave ? ». La plaidoirie de Me Laurence de Behr fait l’effet d’un coup de poing. Elle clôture cette deuxième journée d’assises au tribunal de Cahors. Anthony G., un quadragénaire au casier judiciaire déjà lourd, y est jugé depuis le 29 janvier pour le viol de Lucie*, une fillette de 6 ans.

La journée d’audience est rythmée par les témoignages de ceux présents au moment du drame, le 5 mars 2022. Tous relatent la même histoire, le même déroulé. La famille était rassemblée à Lanzac chez les grands-parents pour le déjeuner. L’homme, le beau-fils du grand-père, a entrainé la fillette dans sa chambre en prétextant un jeu, lui a retiré ses vêtements et a procédé à plusieurs attouchements sexuels dont des baisers sur son sexe. Retournée auprès de ses parents, Lucie leur raconte ce qu’il vient de se produire, alors même que son agresseur lui fait signe de se taire. Les parents quittent immédiatement les lieux et déposent plainte à la gendarmerie. Depuis la loi du 21 avril 2021, le terme de viol a une nouvelle définition légale : désormais, un rapport bucco-génital caractérise, entre autres, un viol sur mineur de 15 ans. Anthony G., qui a commis les faits trois jours après être sorti de prison pour d’autres faits de viol, encourt cette fois la prison à perpétuité.

La mère de l’accusé est la première à être entendue à la barre. En tant que belle-mère de la mère de Lucie, elle se considère aussi comme la grand-mère de la victime. Elle s’exprime de manière hachée, le souffle court. « Les faits, je les condamne à 1000 %. À la place du père de Lucie*, je lui aurais cassé la figure, je l’aurais défoncé. Mais c’est mon fils et je ne le laisserai jamais tomber », soupire-t-elle. A aucun moment, elle n’a douté de la véracité des propos de la fillette. « J’étais abasourdie, anéantie », ajoute-t-elle

C’est ensuite au tour des parents de la victime, qui se constituent parties civiles aux côtés de leur fille, de témoigner. « Comment Anthony a-t-il pu faire ça à ma fille alors qu’on s’est connus gamins ? », s’insurge la mère entre deux sanglots. La jeune femme de 34 ans raconte son enfance passée, en partie, en compagnie de cet homme. « A l’adolescence, il avait un comportement violent. Une fois, je l’avais réveillé et il m’avait jeté une table basse à la tête. J’avais aussi l’impression qu’il faisait une fixation sur ma sœur. Il avait fait un trou dans le mur entre nos deux chambres pour nous espionner ». Avant cette audience, elle ne connaissait pas les véritables raisons qui avaient conduit Anthony G. derrière les barreaux pendant près de 10 ans. « Personne ne m’avait dit qu’il était parti en détention. C’est en faisant des recherches que je l’ai appris. Puis mon père m’a dit que c’était pour des tentatives de viol, pas des viols. Si j’avais su tous les faits, je ne serais jamais venue ».

Son compagnon et père de Lucie prend sa place à la barre. Il décrit sa fille comme une enfant timide, réservée, obéissante et respectueuse. « Quand elle m’a raconté les faits, j’ai reçu une bombe sur la tête », confie-t-il. « Mais vu tout ce que j’entends depuis hier, je me dis que dans notre malheur, ça aurait pu être pire ». Aujourd’hui la famille tente de se reconstruire comme elle peut. Lucie n’évoque plus l’affaire et ses parents ont fait le choix de ne pas raviver ses souvenirs. « Ils vivent avec ce poids, avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête : est-ce que cette bombe va leur exploser au visage dans quelques années ? » s’interroge leur avocate Me de Behr.

Soudain, dans le silence glaçant de la salle d’audience, le visage d’une fillette apparaît sur les écrans. Elle a des cheveux mi-longs et de grandes lunettes rondes. Sa voix retentit : elle s’exprime aisément. Elle, c’est Lucie. Son audition « Mélanie », une procédure spécialement conçue pour les victimes mineures se déroulant dans des salles dédiées et menée par des militaires formés, a été entièrement filmée. C’est cette vidéo de 37 minutes qui est projetée ce mardi devant le tribunal et les jurés. La fillette relate une nouvelle fois tous les faits. « J’ai eu mal », précise-t-elle. Puis : « Anthony m’a demandé si ça faisait du bien, je n’ai pas répondu ».

Les deux psychiatres qui ont examiné Anthony G s’accordent à dire que l’homme n’a pas de traits psychopathiques ni de pathologies psychiatriques. Pour autant, ils décrivent une personnalité de type borderline aménagée autour d’un axe pervers. « La définition de la perversité est de tirer une jouissance personnelle au détriment d’autrui », rappelle l’un des médecins. Ils alertent également sur les risques de récidive. Quand on questionne l’accusé sur ce qu’il a ressenti au moment des faits, il déclare : « Je ne suis pas arrivé à gérer mon interdit. J’ai aussi eu conscience de ne pas vouloir le franchir davantage. Je n’en avais jamais parlé avant car c’était tabou. Ça restait un fantasme, je ne pensais pas que ça prendrait autant de place ». La présidente du tribunal lui demande ce qui l’attire dans le corps d’une enfant de 6 ans. « Rien de spécial, c’est le fait que c’est un corps féminin. C’est un transfert que je fais en raison de l’impossibilité d’être dans une relation normale avec une femme, mais je n’ai pas de réelle attirance pour une enfant qui n’est pas sexuée » répond-t-il. S’il reconnait les faits, il tente surtout de les minimiser : « J’ai léché son sexe mais c’était superficiel », avance-t-il dans un premier temps. Et d’ajouter : « J’ai eu la conscience de m’arrêter, je pense que c’est notable ».

Ses propos ne semblent pas convaincre le tribunal, et encore moins la partie civile. « Ce que je retiens de ces deux jours d’audience, c’est que l’accusé n’a éprouvé aucun regret sincère, réel, profond, aucune empathie, mais plutôt un détachement certain et une minimisation de ce qu’on peut lui reprocher », conclut Me De Behr. Mercredi, troisième jour du procès, l’avocat général livrera ses réquisitions avant la plaidoirie de la défense. Le jugement est attendu en fin de journée.

* Le prénom a été modifié

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