A Camaret-sur-Mer, le cinéma s’appelle Rocamadour
Outre une chapelle qui évoque la cité mariale du Lot, le petit port breton possède un cinéma du nom de Rocamadour.
Les liens qui unissent Rocamadour au port finistérien de Camaret-sur-Mer, à l’extrémité de la presqu’île de Crozon, entre rade de Brest et baie de Douarnenez, tiennent à la fois… de l’histoire, de la légende et de la foi. Et il ne faut pas compter sur la très sérieuse Base Mérimée du ministère de la Culture qui répertorie les sites et édifices protégés au titre des monuments historiques pour se forger une opinion définitive… « Le nom de cette chapelle viendrait du pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle dont Rocamadour en Quercy est l’une des étapes. Un abbé érigea ici une chapelle pour servir d´étape aux pèlerins nordiques qui allaient prier la vierge noire de Rocamadour et qui débarquaient à Camaret… » C’est ce qu’on lit, avec l’emploi du mode conditionnel, sur la notice détaillée consacrée à la chapelle Notre-Dame-de-Rocamadour implantée sur la digue du Sillon qui protège le port du village breton !
Pour d’autres, le premier édifice érigé au XIIème siècle étant alors cerné par la mer à marée haute, son nom vient du breton « Roc’h am a Dour », que l’on peut traduire littéralement par « Roche au milieu de l’eau ». Il y a des versions différentes. Selon lesquelles un prêtre de la région aurait fait le voyage à Rocamadour ou bien encore le roi Henri II Plantagenêt aurait voulu cette chapelle après avoir effectué le pèlerinage dans le Quercy. Ce qui est historiquement attesté, c’est bien que la Vierge Noire du sanctuaire lotois fut depuis la Renaissance vénérée par les marins. Quand ils sont en danger en mer, et qu’ils invoquent Notre-Dame-de-Rocamadour (celle du Lot comme celle du Finistère), les marins, dit-on, ont la vie sauve.
Reconstruite après un incendie en 1910, la chapelle de Camaret-sur-Mer abrite de nos jours plusieurs ex-voto, suspendus dans la nef, sous forme de maquettes de bateaux. Mais ce n’est pas tout. Hors ce lieu de culte, depuis la seconde moitié du XXème siècle, un autre lieu de la commune, désormais plus touristique que vouée à la pêche, fait référence à la célèbre cité mariale du Lot.
Il s’agit du cinéma Rocamadour, une des fiertés de la localité de 2500 habitants. La salle a été ouverte le 31 décembre 1952 à l’initiative de l’association paroissiale. En 1989, une nouvelle association, dénommée (évidemment!) « Rocamadour » a repris l’exploitation et des travaux de modernisation ont été réalisés régulièrement. Labellisé « art et essai », l’établissement fonctionne toute l’année et propose en été deux séances par jour ! Le Rocamadour n’est pas un multiplexe. On n’y compte que 172 fauteuils mais le lieu a ses fidèles. Cela étant, on ne va pas vous mentir : si avant ou après le film, vous allez au restaurant, on ne vous promet pas qu’il y aura du rocamadour sur le plateau de fromage après les huitres et avant le célèbre kouign amann, un dessert tout de beurre et de sucre… Tout jumelage a ses limites.
Ph.M.