Guillaume Dasquié sans langue de bois
Roman, scénario, enquêtes…le Cadurcien d’origine se confie sur son actualité.
Guillaume Dasquié s’est mis au vert dans le Lot, entre Villesèque et Trébaïx. Il y travaille à son second roman. « Ce n’est pas la suite du premier » précise-t-il, un brin mystérieux. L’écriture est plus que jamais au centre de sa vie même si l’écrivain a pris le pas sur le journaliste. « Les récits, sur lesquels je travaille, ne sont pas en résonance avec les enquêtes que j’ai pu mener. Dans mon enfance, à travers notamment ma vie familiale, des secrets m’ont empêché de vivre sereinement. Il me semblait nécessaire, dans ma vie d’adulte, de mieux comprendre pourquoi le monde ne peut fonctionner sans ces secrets. Et il est parfois plus facile de se frotter aux secrets de la République qu’aux secrets de sa propre famille » confie le Cadurcien passé par Intelligence Online, Libération, Le Monde, Charlie Hebdo, Owni.
« Le bon journalisme doit être un artisanat prudent »
Il livre une analyse sans concession de la presse de masse : « Je ne considère pas que le journalisme doive être vécu comme un sacerdoce. Le bon journalisme doit être un artisanat prudent, et c’est bien souvent tout le contraire qui prévaut en France, et dans certains pays latins. Sous nos climats, il se veut avant tout accusateur ou complaisant. C’est la raison même de la désaffection de la population la plus éduquée pour la presse. S’il y a beaucoup de méfiance, de peur, de méconnaissance sur le monde tel qu’il va, plusieurs médias généralistes en sont responsables, incapables de rendre intelligibles un monde complexe, ayant consenti à devenir des industries d’abrutissement qui propagent un maximum de pathos en contrepartie d’une audience. Je fais partie de ceux qui pensent que la crise que traverse la presse est nécessaire pour sortir de cette voie. » Dernièrement, il a bouclé une grosse enquête sur l’assassinat de Rafiq Hariri qui est à lire dans le Vanity Fair de ce mois.
Un scénario pour une série télé
« Auteur avec une petite activité journalistique ». Manchette en personne n’aurait pas renié la présentation de la situation personnelle de Guillaume Dasquié. Auteur d’ailleurs multiple car en plus de travailler à son roman, le Lotois écrit et travaille à des scénarios. « En ce moment, c’est pour une série télé. Le roman comme la fiction sont de belles manières de raconter notre époque dans ce qu’elle a de complexe et de nécessaire. Vibrer avec tout ce que peut traverser un personnage, c’est autre chose que de s’arrêter à un événement que traverse le personnage et de le juger sur ce moment. Ce qui m’a attiré, c’est d’écrire et d’imaginer des histoires qui permettent d’être en paix avec un monde complexe » confie-t-il tout en soulignant la qualité d’écriture de certaines d’entre elles comme True Detective, Six Feet Under, ou Breaking Bad. Il conclut dans un sourire : « Il est souhaitable de faire confiance aux tribunaux pour juger, et tout aussi souhaitable de faire confiance aux auteurs pour comprendre. » On attend la sortie de son roman avec impatience…tout comme la série signée Dasquié.