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La pyrale du buis toujours d’actualité dans le Lot


Entretien avec Olivier Guerret, directeur général de M2I Biocontrol.

Depuis plus de deux ans, dans le Lot, la pyrale tel un véritable fléau s’attaque aux buis de notre territoire. Les belles journées ensoleillées de ce début d’année ont largement participé à la renaissance de la nature, qui pointe ses premières couleurs printanières, entraînant avec elle, par endroit, l’éveil des chenilles de la pyrale qui sont déjà goulument à l’œuvre. M2I Biocontrol, entreprise de biotechnologie basée à Parnac depuis 2015, référente dans ce domaine, maintient sa campagne d’information auprès des collectivités, des particuliers sur les moyens de se prémunir efficacement, au moment opportun, des attaques de la pyrale. Aujourd’hui M2I Biocontrol continue ses recherches pour endiguer cette invasion. A l’heure actuelle il n’existe pas de chiffres officiels répertoriant les dégâts subis sur le Lot, mais deux programmes nationaux, Save Buxus et Ecophyto, suivent ce problème à l’échelle nationale ainsi que le réseau de surveillance FREDON qui recense les apparitions des différents insectes dans chaque région.

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> Entretien avec Olivier Guerret, directeur général de M2I Biocontrol

> Medialot : quelle est la particularité de la pyrale, son cycle de reproduction ?

Olivier Guerret : la particularité du papillon est sa longue durée de vie, de 12 à 21 jours selon les températures, ce qui l’oblige à se nourrir. Il butine donc des fleurs ou des sucs de fruits et doit aussi s’abreuver. Comme la nuit est consacrée à la reproduction, c’est uniquement le jour qu’il se nourrit et nous le trouverons en vol dense autour des massifs de lavandes, des tilleuls en fleurs ou des points d’eau. La nuit, la femelle va pondre dans des buis qu’elle trouve à proximité de ces points de nourriture. La chenille est l’autre état actif de l’espèce et c’est elle qui provoque les dégâts sur nos buis.

> M. : quels sont les stades d’évolution de la pyrale du buis ?

O.G. : les stades d’évolution sont contrôlés par le cycle des saisons via les variations de température. Le cycle commence à la fin de l’automne quand les chenilles s’endorment pour l’hiver. Elles retrouvent de l’activité dès que la température journalière moyenne passe au-dessus de 8.5°C. Entre mi-avril et fin mai, les chenilles se transforment en chrysalides. Fin mai, début juin, les premiers papillons apparaissent. Le premier vol s’étale jusque fin juin voire début juillet puis un nouveau vol apparaît fin juillet et un autre début septembre qui servira à préparer la population de chenilles qui hivernera. En général, la densité d’insectes va crescendo, une femelle pouvant pondre jusqu’à 1200 œufs pendant sa vie : cependant si vous intervenez à bon escient, vous pouvez annihiler les insectes dans vos buis.

> M. : y-a-t-il des risques que la chenille s’attaque à d’autres arbres ?

O.G. : la pyrale est monophage c’est-à-dire qu’elle ne se nourrit que des buis.  Le risque de voir la pyrale attaquer d’autres arbres est improbable. Il n’y a pas d’observation de polyphagie de la pyrale du buis. La raison est probablement que la pyrale se protège en accumulant dans son corps la buxine des feuilles qu’elle mange. Un prédateur est vite malade à trop manger de pyrales. Si la pyrale changeait de régime alimentaire, elle serait plus comestible et elle subirait un grand nombre de prédateurs.

> M. : comment agir de manière efficace pour combattre la pyrale ?

O.G. : au printemps les chenilles doivent être tuées au moyen d’un insecticide biologique comme le Bacille de Thuringe. Il faut l’appliquer pendant une période d’au moins deux jours de beau temps consécutifs car il est détruit pas la pluie et il faut que les chenilles en avalent pour mourir. Comme les chenilles se réveillent de manière espacée au printemps prévoyez deux interventions entre le 10 mars et le 10 avril. Pensez à bien couvrir les bois du buis avec le traitement car les chenilles remontant du sol, vous en éliminerez plus avant qu’elles n’aient atteint les feuilles. Ces traitements sont fondamentaux.  En mai, il n’y a rien à faire sinon préparer les pièges pour repérer l’arrivée des papillons fin mai et constater la disparition des papillons fin juin. A la fin des piégeages, appliquez encore un traitement au BT, première semaine de juillet. Notez que le taux de piégeage est directement relié à la future population de chenilles. Plus vous aurez piégé de papillons, plus la densité de chenilles sera grande. A l’inverse, peu ou pas de piégeage indique que vos buis ne sont pas sérieusement menacés. Un dernier traitement peut être utile courant septembre pour limiter le nombre de chenilles hivernantes qui feront des dégâts au printemps suivant. Ces conseils donnent des dates typiques d’interventions mais cela peut varier avec une marge de 15 jours suivant les variations de températures météo de l’année. Par exemple cette année, nous avons conseillé de commencer les traitements de printemps dès le 20 février à cause des température anormalement haute de ce mois.

> M. : en matière d’informations, de conseils, de piégeages, le suivi par M2I biocontrol est important, quels sont les recherches et les avancées aujourd’hui ?

O.G. : nous avons mis au point plusieurs outils : le piégeage qui permet de repérer les risques d’invasion des buis par les pyrales, un modèle climatique qui permet d’anticiper les sorties de pyrales de l’hiver pour bien caler les traitements au Bacille de Thurynge et un produit réservé aux professionnels permettant de limiter la reproduction de la pyrale.

> M. : à part le bacille et le piégeage existe-t-il d’autres moyens de combattre la pyrale ?

O.G. : oui. On peut trouver des oeufs de micro guêpes auprès de vendeurs spécialisés. Ces guêpes pondent leurs oeufs dans les chenilles ce qui les tue. Ce traitement est cependant moins efficace que le BT car il faut déjà un certain seuil de chenilles pour que la micro guêpe puisse elle même se développer.

> M. : vue la mortalité des buis sur le territoire du Quercy Blanc, est-ce vraiment envisageable que les buis sauvages repartent ?

O.G. : ils repartent en de nombreux endroits. La seule chose qui tue le buis c’est quand la chenille mange son écorce. C’est fréquent pour les petits buis mais les gros arbres repartent du tronc. Pour retrouver des buis verts, il convient donc de tailler les bois morts et de laisser le buis se reconstruire du tronc. Attention cependant si comme l’an dernier nous vivons une période de grosse sécheresse, des buis affaiblis peuvent mourir. Dans ces périodes, n’hésitez pas à arroser un peu vos buis. En dehors de ces périodes extrêmement chaudes ou sèches, évitez d’arroser les buis qui sont sensibles à des champignons.

Photo @ M.-F.P.

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