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Cahors : Les élus de la majorité et de l’opposition n’iront pas au cinéma ensemble…
Le projet de complexe cinématographique a été présenté lors du conseil municipal du 2 novembre.
Jean-Luc Godard aurait pu en faire un film. La séquence sur la présentation du projet de complexe cinématographique lors du conseil municipal du 2 novembre a parfois touché à l’irréel. Des interventions fleuves, des réponses aussi longues, des chiffres à l’envi, une étude de marché disséquée… Ludovic Graillat et Charles Mascagni, les futurs exploitants, assis dans la salle, se sont demandés probablement dans quel festival ils avaient atterri… Power point à l’appui, Michel Simon a présenté en préambule le projet avec notamment l’étude réalisée par le cabinet d’experts Hexacom qui met « en valeur un potentiel de marché de 150 000 à 170 000 entrées par an contre 100 000 aujourd’hui ». L’adjoint a ensuite présenté les contours du complexe, qui sera situé place Bessières, de 7 salles offrant 950 à 1000 places (une grande salle de 300 places, 2 intermédiaires de 150-200 places, 4 autres de 70-100 places) avant d’en détailler le financement : « Le complexe cinématographique correspondra à un investissement public de 5,5 millions d’euros pour le bâtiment, « la coque froide » avec des subventions estimées à 2,5 millions d’euros. Le projet s’accompagnera d’un investissement privé du futur exploitant à hauteur de 2,3 millions d’euros pour tout ce qui est aménagements et équipements. Les futurs exploitants sont des acteurs locaux, Ludovic Graillat et Charles Mascagni, qui gèrent les cinémas de la ville, l’ABC et le Quercy. »
L’opposition n’a fait qu’un pour dénoncer le projet. Jean-Luc Maffre a dégainé le premier en mode western : « Le problème du cinéma à Cahors n’est pas majeur et pouvait être amélioré par des solutions moins coûteuses. La ville n’a pas les moyens de cette nouvelle opération qui s’ajoute aux précédentes. L’argent public, l’argent de tous n’a pas à être utilisé au bénéfice d’un opérateur privé. » Yannick Le Quentrec de Cahors à Gauche a tiré à boulets rouges sur le futur multisalles « se basant sur une étude avec plusieurs partis pris » : « Nous voterons contre ce projet surdimensionné qui repose sur des données hypothétiques et un marché potentiel qui l’est tout autant. Le coût du projet est déraisonnable. » Isabelle Eymes d’@ Cahors l’Humain d’Abord n’a pas été plus tendre avec un calcul du ratio investissement/place qui atteint « 39000 euros/place ». Et de demander le report du projet et sa réécriture. « Pourquoi changer une formule qui gagne ? On n’est pas obligé de voter un projet kamikaze » a lancé Michel Grinfeder après des explications qui partaient un peu dans tous les sens. Geneviève Lagarde a répondu la première : « Quelle unanimité dans la médiocrité ! Faire de la politique politicienne ne vous mènera pas bien loin. » Francesco Testa, Catherine Bouix, Françoise Faubert, Daniel Coupy, Thibaut Rouet ont pris la parole, tour à tour, pour défendre le projet. Bernard Delpech en juge de paix a tenté d’apaiser les débats en donnant comme exemple le complexe cinématographique de Saint-Gaudens qui fait 190 000 entrées par an et qui joue un rôle de médiation culturelle important. Et de conclure en lançant un message humoristique à Isabelle Eymes : « Peut-être retournerons nous au cinéma ensemble… » « Votre calcul à la place est un peu simpliste mais je n’irai pas plus loin… » a précisé Michel Simon à l’élue d’@ Cahors l’Humain d’Abord.
Jean-Marc Vayssouze a repris la main sur le film : « C’est un des projets phares de notre mandat. Il y avait la volonté de travailler avec les acteurs locaux. Ils participent à la vie culturelle de ce territoire. Ce complexe est la tête de pont de la stratégie de Coeur d’agglo. Si vous voulez revitaliser le centre-ville, il faut donner des signes. Je crois qu’il y a eu convergence des conservatisme ce soir. En 2020, l’histoire jugera. » Final cut et l’annonce entre les lignes d’une nouvelle candidature. L’opposition a voté contre les 4 délibérations portant sur le complexe cinématographique.
> Michel Simon a annoncé que « la collectivité a fait le choix de garantir le nombre d’emplacements de stationnement à l’échelle du quartier de Gaulle-Bessières par rapport à la situation existante » et « qu’elle s’emploie pour ce faire à entrer en propriété d’une parcelle voisine » : en fait le terrain de la délégation militaire départementale derrière le palais des sports.
> Salle graduée, grands écrans, lieu convivial, films grand public mais aussi d’art et d’essai, travailler avec les associations, faire de la médiation culturelle… Ludovic Graillat et Charles Mascagni ont présenté avant la séance leur « côté du projet ». ils ont rassuré sur le prix du ticket qui subira une augmentation à la marge : 8 à 9 euros tarif plein. « Ce sera plus qu’une salle de cinéma, ce sera un lieu de vie » ont-ils conclu.