Sibelle, Donald Trump, la guerre des gauches lotoises et la truffe dans tous ses éclats

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Lundi._ Les États-Unis ne sont pas un pays comme les autres. Tout y paraît toujours disproportionné. Quand des incendies ravagent une partie de Los Angeles, une vague de froid polaire s’abat sur la moitié « est ». C’est le pays de la magie hollywoodienne, des mirages de Las Vegas, mais aussi celui d’une ségrégation qui n’a pris fin officiellement que récemment, somme toute, et aussi des libertés les plus folles, qu’il s‘agisse d’avoir le droit de crier « Vive Hitler ! » dans la rue ou de se promener avec des fusils mitrailleurs. Aujourd’hui, le 47ème président de cette république hors norme y prête serment. Il n’est pas inconnu. C’est finalement un président à l’image de cet état fédéral dont un temps une part du territoire était français. Incroyable Donald Trump. Il fait peur, il fascine, il dit vouloir annexer le Canada et le Groenland. On regarde avec Sibelle ces images stupéfiantes où à peine officiellement redevenu le POTUS, il signe des décrets à la chaîne pour expulser du jour au lendemain des millions d’immigrés, gracier d’anciens partisans qui avaient pris d’assaut le Capitole, sortir de l’accord de Paris sur le climat. « Il n’est pas allé jusqu’à insinuer que la terre était plate » ironise ma protégée féline. Mais il entend que le drapeau américain flotte bientôt sur Mars. Si nous croisons des touristes américains cet été, il faudra faire preuve de psychologie et de diplomatie. Leur proposer un verre d’eau et une chaise. Leur suggérer de se reposer en observant les coteaux plantés de vignes, les causses où au pied des murets de pierre sèche, de frêles chênes défient le ciel écrasé de soleil, les défilés où le Célé se fraie un chemin… Puis, doucement, on leur glissera à l’oreille : « We are poor but we are beautiful… »

Mardi._ Lecture du compte rendu du débat d’orientations budgétaires qui avait lieu hier au Conseil départemental. Le président Rigal admet que le gouvernement de François Bayrou semble préparer une ordonnance un peu moins rude que celle envisagée par Michel Barnier. Mais il faudra quand même, en l’état, compter… sur 16 à 17 millions en moins. Alors, Serge Rigal craint que cela se traduise par moins d’investissements. Moins de commandes. Moins de travaux. Moins d’emplois. Moins d’aides aux communes. « Mais il demeure des priorités » intervient Sibelle. Qui a remarqué que le Département devrait voter début février une subvention pour aider « les viticulteurs et les producteurs de fruits à pépins ou noyaux pour investir dans des équipements de lutte contre le gel ».

Mercredi._ Echange d’amabilités à gauche. Thierry Grossemy (LFI) publie un communiqué pour dénoncer le non vote de la motion de censure par le député PS Christophe Proença. Lequel avait permis la réélection de la députée macroniste en 2022 en maintenant sa candidature au second tour alors qu’il était arrivé en troisième position au premier… derrière M. Grossemy. Qui avait donc été « bon prince », l’expression est de Sibelle, en acceptant de ne pas se présenter en juin 2024 conformément à l’accord national du NFP. Et M. Grossemy de conclure en disant qu’on ne l’y reprendrait plus. Il décline là, localement, le discours de M. Mélenchon. Logiquement, de son côté, M. Proença explique ne pas avoir trahi ses électeurs, rester dans l’opposition, mais avoir pu avec ses collègues PS négocier des concessions. Et que si les engagements de François Bayrou ne sont pas tenus, il risquera le même sort que M. Barnier. Je ne vais pas vous mentir, je suis inscrit (et Sibelle aussi) dans l’autre circonscription. Je laisse donc les électeurs de deuxième circo du Lot tirer les enseignements qu’il convient de cette partie de tennis où a priori, les ramasseurs de balles (perdues… ou pas) ont du boulot.

Jeudi._ Faut-il taxer les retraités supposés « aisés » ? Et si oui, à partir de quel montant de pension est-on un retraité « aisé » ? 2000, 2500, 3000 euros ? La question agite les élus comme les discussions au café du coin. Dans le Lot, où la population augmente mais vieillit, la question n’est pas neutre. Mais on constate une nouvelle fois avec Sibelle que ces questions n’ont pas de sens si l’on oublie une donnée fondamentale. Ces chiffres n’ont pas de sens si l’on ne considère pas la différence énorme qui existe entre le pouvoir d’achat des retraités (ou actifs, d’ailleurs) propriétaires de leur logement et ceux qui sont locataires. Et l’autre différence qui est liée à la première. Dans le Lot, avec 200 000 euros, on peut acheter une maison avec jardin. A Toulouse, à Paris, on se contente d’un deux-pièces. Et encore.

Vendredi._ Lalbenque fête la truffe ce week-end. Au programme, des repas gastronomiques mais aussi des démonstrations de cavage, des expositions, un concours d’art, et une fanfare qui va déambuler dans les rues… Ce n’est pas le moment d’évoquer la concurrence étrangère. Mais Sibelle a tous les culots : « Selon les données de la Douane française, les importations françaises de truffes (à l’état frais ou réfrigéré – toutes variétés confondues) ont représenté 95 tonnes en volume pour 14 millions d’euros en 2022 » selon le très sérieux établissement public FranceAgriMer. « Ces truffes viennent principalement de Bulgarie, d’Espagne et d‘Italie. » Où vont-elles ? Qui les achète ?