Une septuagénaire condamnée pour avoir participé à une escroquerie mondiale
La retraitée avait pour rôle d’ouvrir des comptes en banque sur lesquels étaient déposés de l’argent. Elle assure qu’elle n’était pas au courant de l’arnaque et pensait même aider une association d’aide aux victimes.
Jusqu’où peut aller la crédulité ? C’est la question que se posait le tribunal correctionnel de Cahors le jeudi 25 avril. Une femme de 70 ans y était jugée pour complicité d’escroquerie. Pendant plusieurs mois, en 2023, elle a participé à une opération internationale qui, se cachant derrière un site de fausses offres de crédits, a dérobé plusieurs milliers d’euros à des particuliers.
Elle-même avait été victime d’une arnaque quelques mois avant les faits. Pourtant, quand une femme, se présentant comme la représentante d’une association d’aide aux victimes, la contacte, lui explique qu’elle collabore avec Interpol dans la lutte contre la fraude et lui demande d’ouvrir des comptes en banque sur lesquels des sommes seraient régulièrement versées et dans lesquels elle pourrait puiser occasionnellement pour payer ses frais, elle ne remet pas en question ses dires. En tout cas, c’est ce que cette retraitée assure à la barre du tribunal. « J’ai regardé le site de cette dame, cela me paraissait crédible. A aucun moment, je n’ai pensé arnaquer ou voler quelqu’un », soupire-t-elle.
Ce sont deux dépôts de plainte qui ont permis de remonter la piste de la fraude. Le stratagème était simple : de fausses offres de crédit attiraient des internautes désireux de contracter un prêt. Dès que ces derniers acceptaient l’offre, l’organisme leur demandait le versement de plusieurs sommes d’argent, chacune de plusieurs centaines d’euros, au titre de divers frais. Lorsque les victimes de l’escroquerie se sont rendues compte qu’elles avaient été dupées, il était trop tard et les sommes ne leur ont jamais été remboursées.
L’opération était d’ampleur mondiale. A son échelle, la prévenue a ouvert une dizaine de comptes pour recueillir l’argent des escroqueries. La banque en a d’ailleurs fermé plusieurs pour irrégularités. Lorsqu’elle est convoquée en garde-à-vue, la prévenue « tombe des nues ». Elle essaie alors d’appeler son contact dans l’organisme, mais il s’avère que la personne au bout du fil a été victime d’une usurpation d’identité.
Qui a manipulé qui ? « Elle a fait preuve de crédulité, de naïveté », assure son avocat Me Calone. Le principal bémol de la version de sa cliente réside dans la suite de l’histoire. En effet, après la garde à vue, alors qu’elle a été alertée de la suspicion de fraude par les enquêteurs, la septuagénaire a conservé les comptes ouverts et continué de prélever des sommes dessus pendant près d’un mois. Pour le parquet, c’est là qu’est la faute. « Elle a été prise la main dans le sac », souligne le substitut du procureur.
Le tribunal la condamne à 4 mois de détention avec sursis simple et à l’obligation de rembourser 1127 euros à la première victime et 1176 euros à la seconde ainsi qu’à réparer leur préjudice moral à hauteur de 500 euros.