« Si j’avais eu son parcours, moi aussi je serais un enragé » : Un homme condamné pour avoir menacé de brûler une pharmacie
Le prévenu a été condamné à une peine d’emprisonnement entièrement assortie d’un sursis probatoire.
Tout ça pour une attelle. Un Lotois était jugé ce jeudi 14 décembre pour avoir menacé de mettre le feu à une pharmacie de Bagnac-sur-Célé. L’homme, qui comparaissait détenu dans le cadre d’une autre affaire, a reconnu être « trop impulsif ».
« Je vais mettre le feu à la pharmacie si tu ne fais pas ce que je veux ». C’est en ces termes que l’homme a menacé le professionnel de santé. Les faits se sont déroulés le 29 novembre 2022. Ce jour-là, le prévenu entre dans la pharmacie pour demander une attelle. Le pharmacien va lui chercher et lui indique qu’il devra payer un reste à charge. L’homme entre alors dans une fureur noire et l’insulte. Il sort ensuite et revient avec un seau rempli, le prétend-il, de napalm. Le pharmacien finit par lui remettre l’attelle et l’homme part. Dans le box des accusés, le prévenu explique qu’il avait joint la sécurité sociale la veille et que celle-ci lui aurait indiqué que l’attelle était entièrement prise en charge. « On n’avait plus à manger à la maison, j’étais sur les rotules… », tente-t-il d’expliquer. « Je n’allais pas faire de mal au pharmacien mais je voulais l’intimider pour qu’il me donne ce que je voulais ». « Mais ça, le pharmacien ne pouvait pas le savoir », lui rétorque le président du tribunal.
Il faut dire que le casier judiciaire du prévenu ne joue pas en sa faveur. Onze mentions y sont inscrites, presque toutes pour des faits de violence. Le pharmacien, qui le connaît, a confié aux gendarmes que « c’est quelqu’un d’impulsif et de virulent, dans la violence verbale dès qu’il est contrarié ». Le compagnon du prévenu, présent au moment des faits, l’a confirmé, assurant avoir tenté de le calmer sans succès. « J’ai passé 10 ans en prison et ça m’a forgé un caractère assez dur », reconnaît l’homme. « J’ai agi impulsivement et je le regrette. Je travaille dessus tous les jours. C’est compliqué pour moi et c’est compliqué pour mon entourage ». Preuve de sa bonne foi : quelques jours après les faits, l’homme a écrit une lettre d’excuses au pharmacien.
Pour le défendre, son avocat Me Mallemouche convoque son passé aux multiples ombres. « Si j’avais eu son parcours de vie, moi aussi je serais peut-être un enragé. Ses souvenirs d’enfance, c’est un père alcoolique, les stupéfiants et la violence. A 13 ans, il connaissait les fugues, la drogue et la rue. Il était SDF, n’allait pas à l’école, mais ça n’inquiétait personne ». Suivi par des pédopsychiatres puis des psychiatres depuis plusieurs années, l’homme souhaite poursuivre les soins. « Mon client est en recherche de stabilité affective et socio-professionnelle. Il s’est pacsé en 2020. Son conjoint est très soutenant », ajoute Me Mallemouche. Une fois n’est pas coutume, le parquet et la défense partagent le même avis et réclament une peine d’emprisonnement assortie d’un sursis probatoire. Du côté de la défense, « la constitution de partie civile est purement symbolique » puisque le pharmacien demande 1 euro pour son préjudice moral.
Le tribunal prend acte et condamne l’homme à 9 mois d’emprisonnement avec un sursis probatoire pendant deux ans. Surtout, il est également soumis à une obligation de soins et de travail et a interdiction d’entrer en contact avec la victime et de porter une arme pendant 5 ans. Enfin, il devra verser 1 euro au pharmacien au titre de son préjudice moral et 600 euros pour les frais de dossier.