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Double viol sur ses ex-conjointes : Le prévenu condamné à 30 ans de prison


L’affaire s’est poursuivie ce mardi devant la cour d’assises. Un homme, accusé de viols en récidive, encourait la prison à perpétuité pour des faits qui se sont déroulés à Saint-Martin-le-Redon entre 2019 et 2020.

« J’ai connu beaucoup de cours d’assises, mais, hier soir, en rentrant chez moi, j’ai senti un désarroi, un découragement, un mal-être qui ne m’ont pas quitté de la nuit. Et qui me font me demander : comment Simon* est-il apparu au yeux de la cour et des jurés ? » Cette question, posée par Me Laurent Belou, sous-tendait cette nouvelle journée d’audience. L’affaire de viol, jugée depuis la veille par la cour d’assises de Cahors, a trouvé son dénouement ce mardi 24 janvier. L’homme de 54 ans, mis en cause par deux de ses anciennes conjointes, a été condamné à 30 ans d’emprisonnement.

« Manipulateur ». Le mot avait déjà été prononcé à maintes reprises la veille, il est à nouveau répété en ce deuxième jour d’audience. D’abord par le psychiatre : celui-ci note que Simon « surjoue, presque de façon théâtrale » et qu’il est « capable d’avoir deux discours différents en fonction de son interlocuteur ». Mais c’est surtout les avocats des parties civiles qui s’emparent du terme, et notamment Me Laurent Belou qui n’hésite pas à le qualifier « d’homme de prison ». Sa cliente est Catherine*, la première plaignante, celle qui est restée 8 ans en couple avec Simon, dont les 7 premiers alors qu’il était en détention. « Dans la nuit carcérale du prévenu, elle était à la fois son oxygène, sa lumière, sa pute, sa chose. Aujourd’hui, elle est son pantin. Il a mis en place son emprise, il l’a fait entrer dans cet enfermement. Elle a perdu son autonomie affective, son autonomie de femme », déplore Me Belou. Pour Me Charlotte De Bastos Valente, « la réalité que veut nous faire croire le prévenu est bien fragile. Pour lui, l’autre n’existe pas, il n’a pas d’empathie ». L’avocate de Stéphanie*, la deuxième victime de Simon qui a eu une relation de quelques mois avec lui, égrène les souffrances subies par sa victime : « la violence, l’humiliation, les menaces, la peur, le sentiment de mort imminente ».

Entre 2019 et 2020, les deux femmes se sont vues imposer des actes sexuels aussi humiliants que douloureux de la part du prévenu récidiviste, le tout sur fond de menaces de mort. « Si cela n’est pas un viol, alors il n’aura jamais de viol, alors il n’y aura jamais de femmes qui viendront se plaindre, alors ce sera la fin de tout ! », s’exclame Me Belou. Pour le parquet, bien que le prévenu nie en bloc, les faits sont caractérisés et la similitude des témoignages des deux femmes ne laisse aucune place au doute. « Pour qu’il y ait viol, il faut qu’il y ait un acte de pénétration et une contrainte », rappelle le substitut du procureur, affirmant que les deux éléments sont réunis. Concernant Catherine, qui assurait la veille que ses rapports sexuels avec Simon étaient souvent douloureux et brutaux et qu’elle n’y prenait aucun plaisir, il ajoute : « Ce n’est pas parce qu’elle était prête à être violée par l’homme qu’elle aimait et idéalisait qu’il n’y a pas eu viol ». Vient la question de la peine. « La société lui a déjà donné sa chance avec des aménagements de peine. Il n’y a aucune évolution. Malgré les quatre cours d’assises qu’il a connues, malgré ses autres condamnations, il n’a pas changé », souligne le substitut du procureur qui requiert la réclusion criminelle à perpétuité.

Du côté de la défense, on préfère fouiller dans le passé du prévenu. La veille, celui-ci avait livré un tableau glaçant de sa famille dans lequel inceste rimait avec violence. Son père, présent à l’audience, avait contredit ce récit. Mais d’anciens témoignages exhumés de procédures précédentes ont refait surface ce mardi : ceux de la mère de Simon, qui s’est suicidée en 2019, et de sa sœur, qui a coupé les ponts avec sa famille, et qui semblent confirmer les dires de Simon sur la violence du patriarche et la crainte qu’il inspirait à son fils. « Ses parents lui ont manifestement fait connaître un monde de violence, de carences, d’abus sexuels. Bien entendu, il aurait pu faire d’autres choix, prendre d’autres orientations, mais encore faut-il en avoir la capacité personnelle. Qu’aurions-nous fait à sa place si nous n’avions pas eu nos valeurs et nos repères ? », interroge son avocate Me Betty Fagot. Quant aux accusations de viol, elle considère que « le fait qu’elles sont deux plaignantes, ne donne pas de poids supplémentaire à la parole de l’une ou de l’autre ». A chaque fois, elle réclame l’acquittement. « Ce n’est pas un monstre, ce n’est pas un cancer, c’est juste un homme, comme vous et moi », avance-t-elle.

Après trois heures de délibérations, les jurés tranchent. Le récidiviste est reconnu coupable et condamné à 30 ans de réclusion dont les deux tiers assortis d’une période de sûreté. Il écope également de la privation de ses droits civiques et d’éligibilité pendant 10 ans.

* Les prénoms ont été modifiés

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