Pour Huguette Tiegna « la réforme des retraites va réduire les injustices »
La députée du Lot ira à la rencontre des Lotois pour l’expliquer. Entretien.
Huguette Tiegna, députée du Lot, revient pour Medialot sur la réforme des retraites. Entretien.
> Medialot : que représente pour les Français la réforme annoncée des retraites ?
Huguette Tiegna : ce projet de réforme permettra de garantir notre système de retraites par répartition, qui est un fondement de notre modèle social. Ce sont les actifs qui financent les pensions des retraités. Cette solidarité entre les générations doit être maintenue. Mais, c’est un fait, notre population vieillit. En 1970, on comptait trois cotisants pour un retraité, contre 1,7 aujourd’hui. Si rien n’est fait, notre système des retraites accumulera les déficits et ce seront les générations futures qui paieront l’addition. Ce n’est pas acceptable ! Aussi, pour garantir ce système par répartition à tous les Français, il faudra rétablir son équilibre financier. Ce sera fait d’ici à 2030, sans augmenter les cotisations, ni diminuer les pensions, mais en travaillant un peu plus longtemps. Concrètement, l’âge légal de départ à la retraite sera progressivement relevé à partir du 1er septembre 2023, à raison de trois mois par année de naissance (63 ans et 3 mois en 2027 et 64 ans en 2030), et l’évolution de la durée de cotisation, prévue par la loi Touraine de 2014, sera accélérée : il faudra travailler 43 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein à partir de 2027.
> M. : y aura-t-il une majorité au Parlement pour faire adopter le texte ?
H.T. : en principe, oui, je l’espère, puisque la concertation politique menée par le gouvernement à l’automne dernier a permis de trouver des compromis avec une partie de l’opposition qui était favorable aux grandes lignes de cette réforme qui se veut une réforme d’équilibre, de justice et de progrès. Dans les jours à venir, mon objectif est d’aller à la rencontre des Lotois pour expliquer la réforme. C’est important qu’ils sachent précisément ce que change cette réforme pour eux, et leurs retours permettront d’amender le texte de loi au moment de son examen à l’Assemblée nationale.
> M. : que répondez-vous aux syndicats et aux oppositions qui jugent la réforme injuste ?
H.T. : je leur réponds que ce projet de réforme va justement réduire les injustices du système actuel qu’eux-mêmes dénoncent à longueur de temps. Cette réforme protègera ainsi les personnes qui ont commencé à travailler tôt et ont eu des carrières longues, avec un départ anticipé. Cela représente une personne sur cinq chaque année (170 000 départs à la retraite). Les travailleurs handicapés et ceux avec des difficultés de santé seront également mieux protégés. Ce sera le cas par exemple des personnes en situation d’invalidité ou en inaptitude qui pourront toujours partir à 62 ans à taux plein (une personne sur six chaque année, soit 100.000 départs). Les travailleurs handicapés partiront dès 55 ans, comme aujourd’hui. Concernant la prévention pour les métiers pénibles, la réforme permettra une simplification et un élargissement du C2P (compte professionnel de prévention), la création d’un fonds d’un milliard d’euros pour la prévention ainsi qu’un suivi médical renforcé. Par ailleurs, elle marquera la fin des régimes spéciaux, qui ne se justifient plus, mais uniquement pour les nouveaux salariés, comme à la RATP, dans le secteur de l’énergie ou encore à la Banque de France. Les salariés actuels des régimes spéciaux seront aussi concernés par le recul de l’âge et l’augmentation des durées de cotisation dans des conditions adaptées à leur statut. Un dernier mot pour les soignants : le président de la République veut mener une refonte de l’organisation du travail en prenant en compte la pénibilité de leurs missions, et un fonds de prévention sera créé à l’Assurance Maladie pour accompagner les établissements hospitaliers et médico-sociaux.