Il tue son passager alors qu’il conduisait ivre et sans permis : Prison ferme pour un Lotois de 26 ans
Les deux jeunes hommes revenaient d’un bar quand ils ont eu un accident de voiture qui a coûté la vie à l’un d’entre eux. L’autre comparaissait ce jeudi devant le tribunal de Cahors pour homicide involontaire.
« Chronique d’un drame annoncé ». C’est en ces termes que le président du tribunal correctionnel de Cahors a résumé la tragique affaire qui était jugée ce jeudi 27 octobre. Le 24 juillet 2021, sur la commune de Saint-Michel-de-Loubejou, un jeune homme de 26 ans trouve la mort dans un accident de voiture. Le conducteur, du même âge, est accusé d’homicide involontaire. Mais pas que. Plusieurs circonstances aggravent son cas. Au moment des faits, son permis avait été annulé deux ans auparavant, il avait 1,97 g/l d’alcool dans le sang ainsi que des traces de THC (la molécule active du cannabis). Il roulait sans assurance et avait modifié la plaque d’immatriculation.
Sur les neuf mentions que comporte son casier judiciaire, quatre concernent des faits liés à la sécurité routière, que ce soit une conduite sans permis quand il était mineur ou une conduite sous stupéfiants plus tard. « C’était écrit que ça allait finir comme cela », déplore le président du tribunal. Le 24 juillet 2021, le prévenu avait en effet consommé du cannabis dans l’après-midi avant de sortir au restaurant puis dans un bar avec son cousin. Il admet avoir bu du rosé, de la bière et du whisky avant de reprendre le volant du véhicule qu’il avait acheté que quelques jours auparavant alors qu’il n’avait ni permis ni assurance. A ses côtés, à « la place du mort », un de ses amis, qu’il « ne connaissait pas depuis longtemps mais qu’il appréciait », l’accompagne.
Les photos qu’examine le tribunal témoignent du moment où le prévenu a perdu le contrôle de son véhicule. Les traces de freinage qui traversent la route, de même que la clôture électrique puis l’arbre qu’il percute et arrache, laissent supposer que l’homme roulait à vive allure. Après avoir effectué plusieurs tonneaux, le véhicule se retrouve sur le toit dans un champ. Son passager décède sur le coup, lui est éjecté de l’habitacle et grièvement blessé. Sa colonne vertébrale est touchée : le côté gauche de son corps en gardera des séquelles à vie.
« C’est l’ange de la mort. Il n’est pas novice, il est multirécidiviste. Il a été averti à de nombreuses reprises. La justice lui a tendu la main à de nombreuses reprises. Aujourd’hui, il doit payer », déclare Me Alexandre Benazdia, l’avocat de la famille du jeune homme décédé. Il décrit celui-ci comme quelqu’un de « curieux, volontaire, courageux, travailleur et épanoui ». De son côté, le ministère public abonde dans ce sens, rappelant que le prévenu risque jusqu’à dix ans de prison. Le substitut du procureur n’en réclame finalement que cinq dont deux assortis d’un sursis probatoire.
Quand le président du tribunal demande au prévenu s’il a conscience de la gravité des faits, celui-ci acquiesce : « J’y pense tous les jours. Je m’en veux terriblement ». Son avocate Me Aurélie Broussaud insiste : « Il assume sa culpabilité et sa responsabilité. Cette douleur physique qu’il a c’est aussi une douleur psychologique. Chaque jour, chaque seconde, chaque mouvement qu’il fait lui rappelle qu’il n’aurait jamais dû conduire cette voiture, qu’il n’aurait jamais dû continuer son addiction. Il a déjà été condamné à une peine : celle de vivre en sachant qu’il a tué un homme. »
Le tribunal suivra tout de même les réquisitions du parquet et condamnera l’homme à cinq ans d’emprisonnement dont deux assortis d’un sursis probatoire pendant trois ans. Il est également soumis à une obligation de soins et de travail et devra suivre un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Enfin, la délivrance d’un permis de conduire et la conduite d’un véhicule à moteur lui sont interdites pendant cinq ans.