Il voulait faire passer sa fille pour sa petite amie : un homme condamné pour agression sexuelle sur mineure
Un homme de 46 ans était jugé hier pour agression sexuelle sur une mineure de 16 ans.
L’accusé est-il le père de la victime ? S’agissait-il d’un inceste ? Telles étaient les questions qui animaient les débats de ce début d’audience jeudi 13 octobre. Si le tribunal correctionnel de Cahors, notamment face à l’opposition de la défense, n’a pas retenu cette circonstance aggravante, l’affaire n’en reste pas moins sordide. L’homme qui comparaissait à la barre était jugé pour agression sexuelle sur mineure. Les faits remontent à octobre 2020. Pendant les vacances de la Toussaint, Pauline* se rend chez son père à Cœur-de-Causse pour y passer quelques jours. Née d’une brève relation sexuelle entre ses parents lors d’un séjour à l’étranger, la jeune femme, âgée à l’époque de 15 ans, connait peu son père. Celui-ci est en effet originaire de Mongolie et n’a rencontré sa fille, qui vit avec sa mère, qu’à de rares occasions bien qu’il soit depuis quelques années installé dans le Lot et travaille en tant qu’interprète-traducteur pour un tribunal. S’il n’a jamais reconnu officiellement Pauline comme sa fille, il n’a pourtant jamais remis en question leur lien de filiation. En octobre 2020, c’est la première fois que la jeune femme passe du temps seule avec lui. Au début, les choses se déroulent sans encombre jusqu’au soir où, à l’occasion de la visite d’un ami, le père demande à sa fille de se faire passer pour sa petite amie. Peu après, alors que Pauline dort dans sa chambre, son père, très alcoolisé, s’introduit dans sa chambre et procède à plusieurs attouchements sur la poitrine et le sexe de sa fille qui ne parvient à s’en défaire qu’en lui assénant plusieurs coups. Deux jours après, la veille du départ de Pauline, une scène presque similaire se reproduit, à la différence notable que, cette fois-ci, le père n’est pas sous l’influence de l’alcool et va encore plus loin dans ses attouchements. Il faudra plusieurs jours et une véritable descente aux enfers avant que Pauline ne porte plainte. « Au moment des faits, Pauline était une jeune femme particulièrement équilibrée. Elle avait même prévu d’entamer une démarche de reconnaissance de paternité avec son père et voulait lui en parler pendant ces vacances. Mais après cela, l’état de santé de Pauline s’est brutalement dégradé : il a fallu deux tentatives de suicide, des antidépresseurs, des hospitalisations pour que sa parole se libère », souligne son avocate Me Tintillier, qui déplore l’attitude du prévenu. En effet, ce dernier nie toute connotation sexuelle. Pour ce qui est de la première séquence d’attouchements, l’homme assure n’avoir gardé aucun souvenir de cette soirée en raison de sa consommation d’alcool. En revanche, pour ce qui est de la deuxième, il reconnaît certains de ses gestes mais ne semble pas prendre la mesure de leur gravité. « J’étais conscient qu’il nous restait peu de temps avant le départ de Pauline, je voulais profiter des derniers moments de tendresse. Je lui ai demandé si je pouvais la rejoindre dans sa chambre, elle m’a dit oui. Je redécouvrais ma fille dans tous ses aspects physiques, j’étais en pleine admiration. Je lui ai touché les cheveux, les muscles. Je lui ai demandé si je pouvais lui toucher la poitrine, elle m’a dit oui. Mais j’ai agi en tant que père. Ça été perçu différemment, c’est cela que je regrette. Moi j’ai un grand respect envers les femmes », assure ce père de famille. Son avocat Me Calonne plaide le quiproquo. « Cela ne se fait pas, au regard de nos coutumes d’aller dormir dans le lit de sa supposée fille, mais en Mongolie, j’ai cru comprendre qu’on était plus tactile », hasarde-t-il. Pour le parquet, l’argument ne passe pas. « Il répète que c’est de l’amour, de la tendresse. Non, c’est de l’agression sexuelle ! Il y a d’autres moyens de découvrir sa fille que de la tripoter. Que se serait-il passé si Pauline était restée plus longtemps ? Que pourrait-il se passer avec ses autres enfants ? », interroge la substitut du procureur.
Après une courte interruption, le tribunal suit les réquisitions du parquet et condamne l’homme à un suivi socio-judiciaire pendant 5 ans avec obligation de soins et interdiction d’entrer en contact avec la victime et d’exercer une activité avec des mineurs. En cas de non-respect, la peine encourue sera de deux ans d’emprisonnement. Par ailleurs, l’homme devra verser 4000 euros à Pauline et 800 euros à sa mère au titre du préjudice moral, ainsi que rembourser les frais de suivi psychologiques et d’avocat.
*Le prénom a été changé