Worakls Orchestra à Ecaussystème : « La musique électronique est efficace »
L’artiste et son orchestre seront sur la scène d’Ecaussystème samedi à 00h10. Ils présenteront leur nouvel album.
De ses débuts en musique classique à ses symphonies électroniques jouées à guichets fermés dans toute l’Europe, Worakls semble transformer en or tout ce qu’il touche. Le musicien de 35 ans jouera samedi 27 juillet à Ecaussystème. Sur scène, il sera accompagné d’un orchestre composé d’une vingtaine de musiciens dont six solistes. Un show hors normes pour celui qui utilise son piano et la musique électronique pour pousser toujours plus loin son exploration sonore.
> Medialot : vous avez beaucoup joué en solo. Était-ce un défi de performer avec un orchestre ?
Worakls : le propre de la musique électronique, c’est qu’elle est très efficace. Y ajouter de vrais instruments, c’est prendre le risque de la rendre moins rentre-dedans, et particulièrement avec un orchestre. Ce qui est un défi c’est de réussir à intégrer ces instruments sans affecter l’énergie et le dynamisme global, de réussir à garder l’ambiance dans le public. Le deuxième challenge était de rendre cette tournée viable. Je suis passé d’un show solo avec peu de frais à une trentaine, une quarantaine de personnes sur la route à déplacer, à nourrir, etc. Mais ce sont des challenges très intéressants et le public a été au rendez-vous.
> M. : que voulez-vous dire par efficace ?
W. : la musique électronique est une musique festive, qui a pour but de faire danser les gens, d’être explosive. Elle a une efficacité moderne, mais peut-être moins en termes d’émotions. Pour moi, c’est en cela qu’elle n’est pas complète. C’est pour cette raison que j’ai rajouté un orchestre.
> M. : on s’attend à une scénographie hors du commun avec autant de musiciens…
W. : je crois que c’est le cas ! Le show est très habillé mais je n’ai pas voulu d’écran parce qu’il se passe déjà beaucoup de choses sur scène. Non seulement, il y a un orchestre, mais il y a aussi six solistes. Il y a beaucoup d’allers et venues. J’ai pensé le spectacle comme une pièce de théâtre : chaque morceau est incarné par un, deux ou trois solistes en plus de l’orchestre. On ne sait jamais ce qu’il va se passer.
> M. : vous aviez fait une tournée de concerts plus intimistes en 2023, qu’est-ce que cela fait de revenir en festival ?
W. : encore avant, on avait fait une tournée de 17 zéniths un peu partout en Europe. C’était génial, il y avait entre 3500 et 7000 personnes à chaque fois, mais on trouvait que c’était des salles assez froides, qui ne nous correspondaient pas. On a voulu revenir sur des salles plus petites, des salles de musiques actuelles, quitte à les faire deux fois. Et c’est ce qu’on a fait : on jouait deux fois par soir. C’était extraordinaire. Le fait de revenir sur des festivals ne change rien : on est toujours aussi excité à l’idée de jouer. Sur les festivals, on trouve autre chose. Il y a une ambiance spécifique. On n’est pas dans une salle. En termes d’acoustique, il n’y a rien qui nous embête car on est dehors. Il n’y a pas de réverbération, pas de contrainte.
> M. : on a tendance à voir la musique électronique comme le genre musical du moment. Peut-on continuer de la réinventer ?
W. : aujourd’hui, toute la musique passe, à un moment ou à un autre, par l’ordinateur. Qu’est ce qui n’est pas électro aujourd’hui ? Pour moi, c’est plutôt ça la question. Le sujet c’est l’uniformisation de la façon dont on compose.
> M. : qu’avez-vous gardé de votre formation classique ?
W. : beaucoup de choses. Ma formation m’a principalement servi à utiliser mon instrument, le piano, comme un vrai outil pour la composition. Je me considère beaucoup plus compositeur que pianiste. Mais je n’utilise pas que mes connaissances en musique classique, je me sers aussi de tout ce que j’ai appris dans mes groupes de rock et autres.
> M. : vous avez créé deux labels : est-ce un gage de liberté ?
W. : complètement ! J’ai créé le premier car à l’époque, quand je proposais des morceaux, les gens adoraient mais n’arrivaient pas à les faire rentrer dans la direction artistique de leurs labels. J’étais fatigué de me battre, j’ai donc créé mon label et on a eu de très bons résultats. Le deuxième, c’était dans la continuité. Comme ça marchait, on a eu la possibilité d’aller dans une major et de demander ce qu’on voulait cette fois.
> M. : que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
W. : j’aimerais beaucoup développer la musique à l’image, la musique de film. J’ai pu faire l’ouverture du festival de Cannes avec Camille Cottin. J’ai eu la chance qu’elle me contacte pour la soutenir lors de son discours d’ouverture. J’ai déjà eu quelques propositions mais j’ai du mal à décider sur quel projet aller car j’ai forcément envie qu’il soit parfait. Je viens aussi de faire une pub avec le réalisateur Juan Antonio Bayona. J’ai envie de continuer, d’en faire encore plus dans ce domaine.
Crédit photo : Martin Tissot