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Viols et proxénétisme sur fond de libertinage : Un homme jugé devant la cour d’assises de Cahors


Les assises ont débuté à Cahors ce lundi 30 septembre avec une affaire de viols et de proxénétisme. La première journée était consacrée à la personnalité de l’accusé.

Evariste Galvez a 51 ans. Il est père de cinq enfants, dont le dernier a 8 ans. En 2023, il a été condamné par la cour d’assises d’Agen à 14 ans de prison pour les viols de deux jeunes femmes et pour des faits de proxénétisme. Cette affaire sordide, qui s’est déroulée à Trentels (Lot-et-Garonne) entre 2015 et 2019, est à nouveau passée au crible par la justice après que l’accusé ait fait appel. Cette fois, le procès a lieu à Cahors. Il a débuté ce lundi 30 septembre et s’étendra sur trois jours. Le quinquagénaire, qui reconnaît le proxénétisme mais pas les viols, encourt 15 ans de réclusion criminelle. Sa compagne, qui a également été reconnue coupable de proxénétisme en première instance mais n’a pas contesté le jugement, est aussi présente mais à titre de témoin.

L’affaire fait penser à une chaîne à laquelle on ajouterait maillon après maillon. Le premier, c’est Evariste Galvez, libertin BDSM autoproclamé. Puis, il y a sa compagne et mère de quatre de ses enfants, Natacha*. Vient ensuite la première victime, Camille*. D’abord amante de Natacha, la jeune femme a vécu chez le couple pendant 4 ans. Quand les deux femmes se sont séparées, Camille est tout de même restée au domicile conjugal et est alors devenue la « soumise » d’Evariste Galvez dont elle devait assouvir les pulsions sexuelles. Si elle n’obéissait pas, elle subissait de nombreux sévices physiques : pénétrations, brûlures avec des cigarettes ou encore jet d’urine sur le visage. Et enfin, le dernier maillon : Marina*. Âgée de 22 ans au moment des faits, elle a rencontré les trois premiers protagonistes dans un sauna libertin. En couple avec Camille*, elle aussi a emménagé chez le couple Galvez à partir de juin 2019. À peine installée, elle aussi s’est vue imposer des actes sexuels et aurait été violée à plusieurs reprises, toujours sous la menace de souffrances supplémentaires, et alors qu’elle signifiait son refus de manière claire et réitérée. L’affaire ne s’arrête pas là puisque le couple Galvez prostituait également les deux jeunes filles, qui étaient parfois obligées de recevoir jusqu’à 4 clients par jour. Le tout dans la maison familiale.

Le 21 octobre 2019 a marqué la fin du calvaire pour Camille et Marina. C’est une amie de Marina qui a donné l’alerte, pensant que cette dernière était séquestrée. Alarmé par l’échange de messages entre les deux jeunes femmes, les gendarmes se sont rendus au domicile de la famille Galvez, situé dans le centre du village, où résidaient Evariste Galvez, Natacha, leurs quatre enfants, Camille et Marina. Dans la chambre conjugale, ils ont découvert le lit du couple Galvez et, au pied, un matelas posé à même le sol. C’est là que dormaient chaque nuit Camille et Marina. Les gendarmes ont aussi saisi plusieurs godemichets. Si Natacha a tout de suite admis les faits de proxénétisme, il faudra plus de temps à Evariste Galvez pour en faire de même. Ce dernier préfèrera se retrancher derrière sa compagne, l’accusant non seulement d’être l’instigatrice du réseau mais aussi d’avoir imposé les relations sexuelles sadomasochistes entre l’homme et les deux victimes. Depuis sa garde à vue, Evariste Galvez est en détention provisoire. En première instance, les versions des deux jeunes femmes ont été jugées authentiques. Evariste Galvez a écopé de 14 ans de prison et Natacha de 5 ans dont 42 mois assortis d’un sursis probatoire.

En ce début de procès en appel, Evariste Galvez ne réfute plus les faits de proxénétisme. Il faut dire que les preuves sont accablantes. Pour trouver des clients, il utilisait le site, désormais fermé, coco.fr, où il proposait des relations sexuelles « avec des femmes soumises ». Il rédigeait les annonces et établissait les tarifs, sa compagne fixait les rendez-vous et encaissait l’argent. Seule exception : l’acte pouvait être gratuit si le client acceptait qu’Evariste Galvez se joigne à eux. Sur leur ordinateur, les enquêteurs ont retrouvé la trace de 29 000 échanges sur la plateforme et identifié 273 contacts. Tous ont été auditionnés et au moins 21 ont reconnu des rapports sexuels tarifés pour un montant variant entre 90 et 100 euros. Plusieurs d’entre eux ont raconté qu’ils trouvaient les jeunes femmes « malheureuses » et « absentes ». Ce proxénétisme aurait permis au couple, qui ne vivait que du RSA, de toucher au minimum 3 000 euros par mois. Cet argent servait principalement à financer l’achat de cannabis – environ 980 euros par mois — et de Legos® – environ 200 euros par mois.

Avec le sexe, ce sont en effet les deux passions d’Evariste Galvez. Dans la maison, une pièce est entièrement dédiée à ces jouets de construction. C’est là que les enfants du couple étaient enfermés quand des clients venaient. « Je m’y consacre tous les jours. J’en achète et j’en revends », explique celui qui se dit pourtant « anti société de consommation » et « adepte du rastafarisme ». Ce n’est pas son seul paradoxe. A l’enquêtrice de personnalité, les parents d’Evariste Galvez ont évoqué des relations conflictuelles avec leur fils depuis l’enfance, confiant qu’ils avaient coupé les ponts pendant plus de 20 ans avec lui, jusqu’à son incarcération. L’accusé a une perception de son enfance bien différente. « J’ai eu une enfance heureuse à part les nombreux déménagements dus au travail de mon père. Je n’étais pas un enfant battu ». L’homme admet aussi consommer du cannabis depuis ses 22 ans, à raison d’une « vingtaine de joints par jour », et a travaillé à peine un an au cours de sa vie d’adulte. « Je n’étais pas d’accord avec la société en règle générale, j’avais du mal à m’intégrer dans un travail », avance-t-il, en guise d’explication.

Ce lundi, le sujet des enfants a également été évoqué. Si les relations filiales ne sont pas au cœur des débats, elles peuvent apporter un éclairage sur l’affaire. Dans le box, l’accusé admet ne pas se souvenir de leurs dates de naissance et se trompe sur l’âge de l’une d’entre eux. Il reconnaît aussi que ses enfants n’allaient « pas toujours » à l’école. « Ils n’avaient pas envie d’y aller. Natacha ne les emmenait pas et moi non plus. Je suivais ce qu’elle faisait. Je n’étais pas contre, je préférais faire l’école à la maison », ajoute-t-il. Après l’interpellation de leurs parents, les quatre enfants ont été placés. Au juge des enfants, les trois plus grands confient qu’ils savaient qu’il se passait « des choses » dans la chambre des parents. « Ils savaient qu’on faisait l’amour, mais pas plus. On ne parlait pas de sexe », assure leur père. En août 2020, le juge des enfants suspend leur droit de visite car l’accusé « a adopté un discours très inadapté en leur présence », notamment « le dénigrement de leur mère et la valorisation de la violence », et leur a demandé de transmettre des messages à leur mère. Interrogé à ce sujet, l’homme rétorque que ce sont « des élucubrations » des éducateurs.

Lors de sa garde à vue, l’accusé s’est défini comme « une personne intelligente et gentille mais qui peut s’emporter facilement ». Il a également expliqué entretenir des relations libertines depuis longtemps, avoir plusieurs « soumis » et « soumises » et considérer cela comme « son mode de vie ». Selon lui, « les relations sexuelles sont le devoir de ses soumises », explique l’officier chargé de l’enquête. « Ses relations sadomasochistes seraient encadrées et il y aurait notamment des mots de sécurité pour arrêter la relation à tout moment, mais il n’a pas réussi à les nommer lors de l’audition », ajoute le gendarme. Et de conclure : « Il y avait une réelle emprise de la part d’Evariste Galvez sur son couple, son foyer et ces deux jeunes femmes, qui sont beaucoup plus jeunes et qui étaient perdues. Il se cache derrière les codes du milieu libertin mais ne les connait pas vraiment ».

* Les prénoms ont été modifiés.

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