Vincent Labarthe : « Le rugby des champs alimente les grands clubs et le XV de France »
Spécial coupe du monde de rugby. Agriculteur de profession, le vice-président de la Région et patron du Grand Figeac a été rugbyman amateur jusqu’à ses 36 ans. Il vit l’événement avec passion et espère assister à une demi-finale. Entretien express.
Vincent Labarthe n’a pas attendu le Mondial pour s’intéresser aux plaisirs et vertus du ballon ovale. Ancien joueur amateur, il est le papa comblé de deux espoirs du Stade Toulousain et il concède d’emblée : « La coupe du monde de rugby est un événement exceptionnel pour notre pays qui compte parmi les grandes nations de ce sport, et évidement pour notre région qui alimente les équipes d’élite et l’équipe de France depuis de nombreuses décennies. » Reste à trouver le temps de suivre les matches. Heureusement, il y a les smartphones…
Le spectateur._ « De par mon agenda très chargé, je n’irai voir qu’un seul match. La demi-finale dans laquelle j’espère la France se trouvera. Pour le reste, j’essaie de regarder quelques matchs à la télévision ou, comme je le fais régulièrement, je les suis à travers la radio ou sur des applications… »
Les premières impressions._ « Ces premières semaines nous permettent de tirer quelques enseignements. Les favoris sont au rendez-vous. La France est à sa place, l’Afrique du Sud et l’Irlande sont en démonstration, les Blacks et les Anglais à l’affût. Côté français, je regrette les blessures de Ntamack et de Willemse. Pour ce dernier, sa densité difficile à retrouver dans d’autres profils va manquer au collectif dans les matchs décisifs. »
Le rugby et lui._ « Pour ma part j’ai pratiqué depuis tout jeune et joué en senior durant 19 saisons jusqu’a l’âge de 36 ans. Mes mandats ne m’ont pas permis de poursuivre car j’aurais adoré entraîner. C’est pour moi une passion, un sport dans lequel j’ai pris un plaisir immense, toujours partagé dans des collectifs extraordinaires. Cela m’a beaucoup appris et m’a donné les codes de la gestion des collectifs, la recherche permanente de la performance de groupe et l’envie d’aller toujours plus haut, plus loin, plus vite comme le veut la devise olympique. »
Les valeurs._ « Les valeurs de ce sport sont très intéressantes. Certainement parce que sa pratique peut être proposée à tous les gabarits, tous les esprits qu’ils soient malins ou pas, rapides ou endurants. L’altruisme est également la base de sa pratique, ce qui conduit notamment à ne pas voir de « célébrations » exacerbées comme dans d’autres disciplines… »
« Le Lot est une belle terre de formation »
Le Lot et le haut niveau._ « Je ne pense pas que le Lot puisse un jour compter un club d’élite. C’est désormais réservé à des budgets très importants, des clubs organisés autour d’une économie basée sur des recettes de ventes de billets, de prestations diverses plutôt festives autour du stade. La formation est importante pour ces clubs, notamment les clubs intermédiaires et l’idéal serait d’avoir un centre de formation unique au département. La géographie du Lot ne le permet pas, les distances entre Figeac Bretenoux, Souillac, Cahors et les autres clubs sont bien trop importantes – sans compter que la volonté n’est pas une évidence. Mais le Lot est également une belle terre de formation avec des noms comme Alfred Roques, Denis Charvet, Philippe Benetton mais aussi une belle génération à venir dans le sillage d’Emilien Gailleton. »
Le rugby pro._ « Le professionnalisme en route va continuer d’exclure les clubs des villes de petite taille pour laisser le développement aux métropoles. L’économie de ce sport, si elle n’a rien de comparable au football, va malgré tout continuer de se structurer. J’espère seulement qu’elle laissera un peu de place au rugby des champs qui a toujours alimenté les grands clubs et l’équipe nationale ! »
Une passion de père en fils._ « Vous l’avez compris, j’aime le rugby. Je continue de le vivre à travers mes deux garçons, tous deux joueurs du Stade Toulousain, l’aîné en espoir a été champion de France 2023 et a eu le plaisir de jouer en équipe de France U20 et aurait dû faire la coupe du monde cet été s’il ne s’était blessé dix jours avant le départ en Afrique du Sud. Le second marche dans les pas de son ainé et a joué la finale de sa catégorie au stade de France en levé de rideau du Top 14. Même s’ils ont perdu 30 à 28, c’est un très beau souvenir. Tous deux ont été formés jusqu’à l’âge de 15 ans dans mon club de cœur, le Stade Marivalois, et c’est pour moi une véritable satisfaction ! »
Recueilli par Ph.M.