« Une mare de sang » : Des éducatrices, une juge et un élu menacés de mort par un père de famille
L’homme, qui s’insurge du placement de ses enfants, a admis avoir un tempérament impulsif.
Son voisin, des éducatrices spécialisées, une magistrate, et même le président du Département du Lot … Toutes ces personnes ont reçu des menaces de mort de la part du même homme, entre le 8 juillet et le 29 novembre 2024. Ce Lotois, père de six enfants, comparaissait mardi 3 décembre devant le tribunal correctionnel de Cahors.
« Quand on parle de mes enfants, ça me fait vriller. Dans ces moments-là, les paroles sortent toutes seules », avance le prévenu, pour qui le placement de ses enfants en famille d’accueil est une « injustice ». A part son voisin, qu’il a menacé de « fumer » et « d’enterrer vivant » parce qu’il faisait trop de bruit, tous les autres plaignants ont un lien plus ou moins réel avec ses enfants. Il a en effet menacé les deux éducatrices spécialisées qui étaient en charge de leur dossier, ainsi que leurs enfants respectifs, assurant qu’il savait où elles habitaient, qu’il allait « prendre leurs enfants comme elles avaient pris les siens », et que cela se terminerait dans « une mare de sang ». Quelques jours plus tard, l’homme menaçait de « mettre le feu » à la maison de Serge Rigal, le président du Département du Lot, sous prétexte qu’il avait informé l’élu du « placement abusif » de ses enfants il y a deux ans et qu’il était toujours sans réponse de sa part. Enfin, c’est la juge aux affaires familiales qui a été prise à partie lors d’une audience : le prévenu lui a alors lancé : « Je vais m’occuper de toi », avant d’être escorté dehors manu militari. « Quand il n’est pas d’accord avec une décision, il menace de mort », résume le substitut du procureur.
A la barre, le prévenu reconnait un caractère impulsif, explique être suivi par une psychologue, mais se cache derrière une soi-disant indignation. « En France, on paie les gens à rien foutre ! », s’exclame-t-il, très remonté contre le Département et l’aide sociale à l’enfance. « C’est vrai que vous êtes un citoyen modèle », lui rétorque sarcastiquement le président du tribunal. L’ancien ouvrier viticole explique avoir arrêté de travailler pour pouvoir voir ses enfants, « car les droits de visite sont en semaine ». Quand on lui demande comment il gagne sa vie ou s’il touche des aides, il hausse les épaules et répond : « Ça, je ne sais pas, c’est madame qui gère », en désignant son épouse. Son casier judiciaire compte 22 mentions depuis 2001, notamment pour des faits de vol aggravé, de transport d’armes, de violences et de conduite sans permis. « On ne peut pas dire qu’il ne connait pas la justice. Mais quand on demande le respect, il faut aussi le donner », souligne le substitut du procureur.
L’homme est finalement condamné à 24 mois d’emprisonnement dont 18 assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans. Il est soumis à une injonction de soins et de travail, et a interdiction de contacter les victimes et de détenir une arme.