Un membre du Cartel du H condamné pour des violences en réunion : « Je me suis acharné »
Décidément, le Cartel du H continue de faire parler de lui. Un de ses membres était jugé jeudi 5 septembre par le tribunal correctionnel de Cahors pour violences en réunion. Les faits se sont déroulés en août 2020.
La bagarre a éclaté devant le bar Le Conti, à Cahors, aux alentours de 1h30 du matin. Quel en était le point de départ ? La réponse reste floue. Ce soir-là, la victime, un homme sportif pesant près de 120 kg et habitué aux sports de combat, participait alors à l’anniversaire d’un ami avec une dizaine de personnes. Les témoins présents sur les lieux assurent que le prévenu et ses comparses ont bousculé le groupe et agressé les jeunes hommes sans raison apparente. Le prévenu rétorque que c’est la bande adverse qui a débuté les hostilités.
Quoi qu’il en soit, ce 30 août 2020, les coups fusent et le plaignant en reçoit un dans le dos. Tombé au sol, il se fait encore rouer de coups par 5 à 7 personnes, pendant que la bagarre continue entre les autres membres des deux groupes. « C’était une mêlée générale », résume le prévenu qui a toujours reconnu les faits de violences en réunion. Suite à l’agression, le plaignant a été opéré au centre hospitalier de Toulouse. Souffrant d’une fracture du bras et d’une triple fracture à la mâchoire, son ITT a été évaluée à 60 jours. « Il a eu un an d’arrêt de travail et a dû subir six opérations, outre la peur de sortir le soir. Il a été victime d’une agression purement gratuite », déplore son avocat Me Felix.
« J’aurais aimé qu’il soit là aujourd’hui pour lui présenter mes excuses », répond le prévenu à l’attention de la victime. Âgé de 23 ans, le jeune homme a six mentions à son casier judiciaire. Mais s’il est particulièrement connu de la justice c’est surtout pour son implication dans ce qui était pompeusement surnommé le Cartel du H, un réseau de trafic de stupéfiants démantelé à Cahors en 2020. A la barre, il se présente avec son bracelet électronique à la cheville, fraîchement sorti de prison pour bonne conduite. « A cette époque, je n’étais pas le même. Je fumais énormément de cannabis et je consommais beaucoup d’alcool. J’ai mis des coups, je me suis acharné ce soir-là. Je n’en suis pas fier mais j’assume. Je me rends compte de la gravité : un mauvais coup et il aurait pu mourir », ajoute le prévenu.
S’il a connu plusieurs années de prison depuis le Cartel du H, le jeune homme était désormais réinséré et travaillait comme maçon. A l’audience, il explique être en train de préparer son déménagement en banlieue parisienne où l’attend un autre travail. Mais pour le parquet, ce n’est pas suffisant, au vu de son passé. « Il y avait un contexte autour d’une bande d’individus qui se livraient à un trafic et à une terreur sur Cahors. Le plaignant était dans le même état que s’il avait été victime d’un accident de la route », s’insurge la substitut du procureur qui réclament 4 ans d’emprisonnement dont un assorti d’un sursis probatoire et un mandat de dépôt.
En face, Me Casellas, avocat habitué à défendre les membres du Cartel du H, demande la confusion de peines avec l’arrêt rendu par la cour d’appel concernant les autres affaires de trafic de stupéfiants. « Il a commis ces faits dans ce contexte. J’en mets ma main à couper qu’il n’aurait pas fait ça avant ou après », assure-t-il. Et de s’exclamer : « On demande 4 ans de prison… Mais où est l’humanité ? »
Finalement, le prévenu écopera d’une peine encore plus lourde, le tribunal faisant fi de la demande de confusion de peines : 5 ans d’emprisonnement dont quatre ferme. Outre l’obligation de soins et de travail, il a interdiction d’entrer en contact avec la victime, de paraître dans le Lot et de porter une arme pendant 5 ans. Le tribunal ayant tranché pour un mandat de dépôt, le prévenu repart menotté. « On va faire appel ! », lance en guise de conclusion son avocat.
