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Un masseur condamné pour atteintes sexuelles sur 14 de ses clientes


Le gérant d’un centre de massage a écopé de prison avec sursis probatoire pour avoir agressé sexuellement plusieurs de ses clientes. L’une d’entre elles était mineure au moment des faits.

La salle d’audience du tribunal correctionnel de Cahors était inhabituellement remplie ce jeudi 22 février 2024. Il faut dire que, dans le dossier d’atteintes sexuelles examiné ce jour-là, 14 femmes étaient parties civiles. Le prévenu, un homme de 53 ans, est masseur depuis plus de dix ans. Il possède un centre de bien-être dans les environs de Cahors. Les plaignantes font partie de ses clients. Elles dénoncent des caresses sur leurs fesses, leurs seins, assurent qu’il leur a effleuré le sexe de sa main, et l’une d’elle déclare même avoir senti son érection. Parmi les victimes, une mineure de 15 ans qui est aussi passée entre les mains du masseur décrit les mêmes gestes. Toutes ont confié aux policiers avoir eu un sentiment de malaise et de sidération, n’osant pas interrompre le massage. Les plaintes concernent des faits qui se sont déroulés entre janvier et avril 2022.

« Je pratique le massage abhyanga, un massage ayurvéda indien de bien-être, qui se pratique le corps entièrement nu. Je réalise environ 300 massages par an. Avant de commencer, je valide toujours avec la personne son état de santé, sa pudeur et ses allergies. Il y a une affiche au mur qui explique ce qu’est ce massage. Et je leur demande aussi si elles veulent être couvertes ou non, il y a des serviettes pour cela. », se défend le masseur. Du moins c’est ce qu’il prétend car aucune des plaignantes ne se souvient avoir vu d’affiche ou répondu à ce genre de questions . « La plupart des personnes ont déjà passé du temps dans le spa. Elles sont dans une autre dimension et n’écoutent plus vraiment », va même jusqu’à avancer le quinquagénaire. Un argument qui suscite l’interrogation de Me Geffroy, l’avocate des parties civiles : « Est-ce que le passage au spa fait partie du processus ? N’est-ce pas plus facile après de profiter de ces femmes, de les toucher, si elles sont dans les vapes ? ».

Devant le tribunal, l’homme nie également tout sentiment d’excitation lors de ses manipulations. « Quand on suit la formation, on apprend à masser un corps. On ne fait pas la différence entre un corps féminin et un corps masculin », soutient-il. Pourtant, certaines femmes présentent à l’audience se souviennent parfaitement de sa façon de masser. « J’ai déjà eu des massages ayurvédiques, on ne m’a jamais massé les seins », assure l’une d’elle en mimant la forme en creux des mains de l’homme au moment de les apposer sur sa poitrine. « Lorsque cela se passe, on se sent très gênée, on n’a qu’une hâte : que cela se termine ! », raconte une autre. Plusieurs d’entre elles s’en veulent de n’avoir pas su réagir, pas su dire non. « La surprise caractérise les faits d’agression sexuelle », rappelle Me Geffroy. Le masseur a réponse à tout et ne montre aucun regret : « J’entends qu’il y a eu un malaise mais ce n’était pas du tout mon intention. Vu le contexte actuel, le corps est devenu de plus en plus tabou. »

La procédure judiciaire a démarré avec le dépôt de plainte d’une de ces femmes. Les enquêteurs ont ensuite contacté les autres clientes du masseur et recueilli plusieurs témoignages similaires. « Le prévenu se sert de cette profession pour assouvir je ne sais quelle pulsion. Il a besoin de réfléchir à ses passages à l’acte. Il y a des limites à respecter, des parties du corps d’une femme qu’on ne peut pas toucher, d’autant plus qu’à aucun moment il ne leur a demandé leur autorisation », s’insurge Me Geffroy. Le parquet suit et réclame un sursis probatoire.

Dans une dernière plaidoirie désespérée, Me Belou tente d’instiller le doute. « Dans sa pratique du massage, a-t-il eu conscience au plus profond de lui-même de commettre des infractions sexuelles ? Y a-t-il eu cet élément intellectuel moral ? », interroge-t-il. Et de conclure en réclamant la relaxe : « C’est une question de ressenti ».

Le tribunal ne l’a pas entendu de cette oreille et a condamné l’homme à 15 mois de détention entièrement assortis d’un sursis probatoire. Il a également interdiction d’exercer son métier ou une quelconque autre activité en lien avec des mineurs pendant 5 ans. Son nom est désormais inscrit au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.

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