Un homme « sacrifié » et 12 kilos de cannabis jetés par la fenêtre
Contrôlé dans un immeuble de Cahors, un homme de 36 ans a été retrouvé en possession de 12 kilos de cannabis. Malade, père de deux enfants, il affirme avoir agi sous pression, sans en tirer aucun profit.
12 kilos de cannabis. C’est ce que les policiers cadurciens ont retrouvé, le 12 mai dernier, dans un immeuble de Sainte Valérie, à Cahors. Le jour des faits, le prévenu, un homme de 36 ans, de nationalité arménienne, est interpellé après une opération de contrôle avec un chien dans les parties communes. L’animal marque la porte d’une cave : 100 grammes d’herbe conditionnés pour la vente sont saisis à l’intérieur. La cave est à son nom.
Une perquisition est lancée dans son appartement. Deux enfants y sont présents, dont un nourrisson de 12 jours. La mère, qui allaite, se retire dans la chambre. Le chien renifle alors le balcon. Les policiers aperçoivent, à l’aplomb, deux sacs volumineux qui contiennent 11 kg de résine de cannabis, jetés selon eux pendant la fouille. « La mère est laissée seule deux à trois minutes et a eu largement le temps de jeter les sacs par la fenêtre », précise la police.
L’homme nie d’abord. Il dit avoir perdu la clé de la cave, ne pas savoir ce qu’elle contenait. Puis il reconnaît avoir accepté de garder les stupéfiants pour « quelqu’un », sans jamais dévoiler son identité. « Je n’avais aucun intérêt financier. Là où j’ai grandi et vécu, acheter ça, ce n’est pas accepté. La personne m’a proposé de l’argent mais j’ai refusé. J’ai juste accepté de garder le produit pendant 4 ou 5 mois », affirme-t-il à l’audience. Il évoque « une erreur », et plaide la peur :
« Je ne voulais pas qu’ils pensent que j’avais peur. Je savais que la consommation était interdite mais je ne savais pas que le garder aurait autant de conséquences. » Le prévenu dit avoir aussi avoir « jeté la drogue juste avant d’ouvrir la porte ».
La procureure ne croit pas à sa version. Elle décrit « une quantité extrêmement importante et extrêmement bien conditionnée » de stupéfiants, un « kit » de revente, et des protagonistes qui « nient d’abord les faits ». « Ce n’est pas la première fois qu’on découvre une affaire de stupéfiants dans le quartier de Sainte Valérie. 12 kilos, ce n’est pas grand-chose, mais à la taille de Cahors, ça a du poids », ajoute-t-elle
L’avocat, Me Merouane Khennouche, replace les faits dans leur contexte : « Mon client vit dans une cité où les délinquants savent à qui s’adresser. Ils savaient qu’il était malade, qu’il avait une cave, qu’il ne pouvait pas fuir car toute sa famille vit dans le même immeuble. » Il décrit « un fusible », « un homme brisé par la maladie », précaire, pris dans un engrenage qui le dépasse. « Ce n’est pas le dossier de la criminalité organisée mais celui de la misère humaine à visage découvert. Mon client fait partie de ceux qu’on sacrifie en première ligne, qu’on ne protège pas », assène-t-il.
L’homme, dialysé trois fois par semaine, est en attente d’une greffe. Il vit sans emploi, aidé par sa famille. Militaire durant quatre ans en Arménie, il a été condamné à quatre ans de prison avant de venir en France en 2021. À la barre, il reconnaît : « Sur le moment je n’ai pas réfléchi. Je l’ai fait pour gagner le respect du quartier et pour la sécurité de ma famille. », raconte l’homme qui assure avoir l’intention de s’installer et de travailler à Strasbourg.
Le tribunal suit les réquisitions du parquet et le condamne à quatre ans de prison, dont trois avec sursis probatoire pendant deux ans, aménageant la partie ferme sous forme de bracelet électronique. Il devra résider à Strasbourg, s’acquitter d’une amende de 5 000 euros, et ne pourra ni séjourner dans le Lot ni porter une arme pendant cinq ans.