Trois jeunes femmes accusent leur grand-père par alliance d’attouchements sexuels
Le parquet a requis 30 mois d’emprisonnement dont 20 assortis d’un sursis probatoire. L’affaire a été mise en délibéré.
Les trois victimes – deux sœurs et leur cousine – avaient entre 8 et 15 ans au moment des faits. L’affaire qui occupait la première partie de l’audience du tribunal correctionnel de Cahors ce jeudi 12 octobre 2023 est sordide. Elle opposait trois jeunes femmes et un homme de 75 ans. Ce dernier, le compagnon de la grand-mère des victimes, est accusé de les avoir agressées sexuellement lorsqu’elles étaient mineures. Les faits se sont déroulés dans la maison de la grand-mère à Cardaillac, lors des vacances d’été entre 1998 et 2005.
Les trois plaignantes sont assises au premier rang, serrées les unes contre les autres. Elles observent le prévenu avec une colère non dissimulée. « Je me demande qui ici est la victime. Il est clair qu’il y a une entente délictueuse entre les plaignantes », assène ce dernier, les traits marqués par le temps. Accusés d’avoir à plusieurs reprises touché le sexe des jeunes filles de manières sexuelles alors qu’elles étaient en pyjama ou en maillot de bain, seules avec lui ou en public, d’avoir également embrassé l’une d’entre elles sur la bouche et d’avoir montré un film pornographique à une autre en lui tenant des propos graveleux, l’ancien militaire nie tout en bloc. « C’est ubuesque, ordurier et faux ! », clame-t-il .
Le mis en cause va même plus loin : il accuse celles qui étaient à l’époque des enfants de l’avoir « manipulé » et d’avoir « dynamité la famille ». « J’espère que vous avez d’autres affaires plus sérieuses à traiter », avance le prévenu au tribunal. « Je vous conseille de changer de ton », lui rétorque sèchement le président. Pour le substitut du procureur, visiblement excédé lui aussi, les arguments du prévenu « ont leur limite ». Il requiert 30 mois d’emprisonnement dont 20 assortis d’un sursis probatoire.
Chez au moins deux des victimes, le psychiatre note un syndrome post-traumatique. « Avant tout cela, je l’adorais. C’était mon grand-père et leur maison était le centre névralgique de la famille. Tous les petits-enfants se retrouvaient là-bas. Aujourd’hui, je suis en thérapie depuis des années et j’ai beaucoup de mal dans mes relations amoureuses », confie l’une des plaignantes. C’est elle qui a déposé plainte la première, elle aussi qui a subi le plus d’attouchements et entendu le plus de propos déplacés à son égard. Derrière elle, le prévenu ricane en secouant la tête. Les trois jeunes femmes demandent 10 000 euros, 8 000 euros et 5 000 euros de dommages et intérêts.
Pour l’avocat de la défense Maître Yasfi, « c’est parole contre parole » : « A-t-on des preuves tangibles ? Ce n’est pas parce qu’elles sont nombreuses à dire que c’est lui, qu’il l’a vraiment fait », plaide-t-il. L’expertise psychiatrique ne va pourtant pas en sa faveur : le prévenu y est décrit comme « une personnalité paranoïaque, auto-centrée et psychorigide » ayant « une position toute puissante au sein de la famille ». Deux autres témoignages sont également à charge contre lui : d’une part, sa propre fille, qui a préféré couper les ponts, a raconté aux gendarmes des gestes similaires à son encontre lorsqu’elle avait 15 ans. D’autre part, une jeune voisine avait aussi porté plainte à l’époque mais l’affaire avait été classée sans suite par manque d’éléments.
L’affaire a été mise en délibéré au 9 novembre.