Trafic de cuivre dans le Lot : La défense dénonce « un viol du secret de l’enquête et de la présomption d’innocence »
L’affaire impliquant six jeunes hommes dans un trafic de cuivre a été renvoyée devant le juge d’instruction.
Nouveau rebondissement dans l’affaire du trafic de cuivre. Après un premier renvoi mardi dernier, le tribunal de Cahors a décidé l’ouverture d’une information judiciaire ce mardi 12 mars. Pendant près de deux heures, les avocats de la défense ont mené une véritable charge contre le parquet, demandant l’annulation de la procédure, sans même aborder les faits pour lesquels devaient être jugés les six prévenus. Ces derniers sont accusés d’avoir volé des câbles en cuivre au préjudice d’Orange et d’Enedis dans plus d’une vingtaine de communes du Lot, du Lot-et-Garonne et de Dordogne, d’avoir dégradé du matériel et d’avoir participé à une opération de blanchiment d’argent entre juin 2023 et janvier 2024.
Si les avocats ont relevé certains vices de procédure et déploré des éléments manquants dans le dossier, c’est surtout la communication du parquet qu’ils ont du mal à digérer. En effet, à peine trois jours après les interpellations, le procureur organisait une conférence de presse à ce sujet. Outre le communiqué de presse, le parquet avait aussi transmis aux journalistes des photos des scellés et des véhicules saisis. « C’est un viol des principes du secret de l’enquête et de la présomption d’innocence », s’insurge Me Camille Mallemouche qui dénonce « un coup de com’ ». Dans le code de procédure pénale, il est précisé que le procureur de la République peut s’exprimer sur une affaire en cours uniquement dans le but « d’éviter la propagation d’informations parcellaires ou inexactes ou pour mettre fin à un trouble à l’ordre public ». Seulement, pour les avocats de la défense, ces conditions n’étaient pas remplies. Pire, les prévenus vivant dans de petits villages, les informations communiquées par le parquet permettaient aisément de les identifier. « C’est grave, dans le sens où le pouvoir judiciaire a alimenté le pouvoir médiatique. Ils sont condamnés d’avance par la société : c’est un jugement médiatique », ajoute Me Jean-Paul Nouhaud qui parle aussi de « lynchage » et de « voyeurisme ».
La substitut du procureur ne se démonte pas : selon elle, les interpellations avaient engendré des troubles à l’ordre public dans les villages. « Il n’y a pas eu de communication au moment des interpellations. Il n’y a pas eu non plus de journalistes pendant les perquisitions. Mais le parquet a été sollicité dès les premiers jours, puis pendant des semaines suite aux nombreux faits. Non seulement le parquet mais également les gendarmes et les élus. La communication était nécessaire », assure-t-elle. Elle invoque également la liberté de la presse se déchargeant ainsi de la responsabilité des écrits publiés, hors citations du communiqué.
L’affaire a donc à nouveau été renvoyée, cette fois devant un juge d’instruction. C’est lui qui devra désormais trancher la question de la nullité.