Tournez manèges avec Sibelle
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
C’est le retour aujourd’hui de la fête foraine. Jusqu’au 3 novembre, 70 attractions vous attendent. Je dis « vous » exprès. Moi, ce n’est pas du tout certain que je m’y hasarde : quand j’ai annoncé le titre de cette chronique à ma petite Sibelle, elle a cru qu’il s’agissait d’un remake de cette émission culte de TF1 où de jeunes célibataires tentaient jadis de trouver l’âme sœur. Et ma tigresse préférée d’imaginer dès lors qu’un noble Maine Coon ou je ne sais quel prince charmant digne des Aristochats pourrait lui taper dans l’œil. Je l’ai sentie déçue quand j’ai explicité la réelle teneur de l’événement. Et pour tenter d’atténuer sa peine, je lui ai narré mes propres aventures. Quand, tout gamin, je n’aimais rien tant que de grimper dans un avion en forme de baignoire-sabot dont il fallait tirer le manche pour décoller de quelques mètres. Quand je tentais, la plupart du temps en vain, de décrocher le pompon pour gagner un tour gratuit. Ou quand, plus tard, devenu papa, j’étais le héros de mes enfants lorsqu’au stand de tir à la carabine, où je visais des ballons colorés s’agitant en tous sens, il arrivait que je remporte une peluche. J’étais, pour quelques minutes, un héros intouchable, une star. C’était ma coupe du monde à moi. Puis, l’enthousiasme retombé, je sortais un énième billet de 10 francs pour que Marie et Benjamin à leur tour aillent s’encanailler dans un train fantôme ou sur la piste de la chenille. Un billet de 10 francs, oui. Car le temps passe, ma bonne dame.
Sibelle rigole. Elle n’a pas encore 3 ans. Elle n’a connu que les euros, qu’elle collectionne sagement dans une tirelire en forme de cochon. C’est son livret de caisse d’épargne à elle. Elle rêve d’atteindre un jour lointain une somme suffisante pour réaliser son rêve le plus fou : prendre l’avion pour les Etats-Unis et qui sait, tenter sa chance à Hollywood. Je ne sais si le vénérable et imprévisible président Trump sera encore locataire de la Maison Blanche quand ma protégée débarquera aux States. Mais en attendant, j’ai bien ri. Quand j’ai lu que recevant son homologue italien, au cours de la conférence de presse qui suivit, Donald Trump l’avait par deux fois nommé « Président Mozzarella » au lieu de « Matterella ». J’ai ri, jusqu’à ce que je découvre un démenti sur un site spécialisé dans la chasse aux fake-news et qu’il s’agissait donc d’une intox (reprise même par une télé américaine…). Mais ce président en a déjà tellement commis, des impairs, que celui-ci ne semblait en rien relever d’une fausse nouvelle. C’est le problème avec les articles parodiques ou satiriques. La vérité et la fiction sont trop intimement liés désormais en ce monde. Mais où est passée Sibelle ? Pendant que je tapotais sur le clavier, elle a disparu. Ah ça y est. Je perçois quelques sonorités qui ne trompent pas. Elle est descendue compter les pièces de sa tirelire. A défaut de prendre de sitôt un avion pour Los Angeles, elle va peut-être se contenter d’une très pacifique pêche aux canards sur la fête foraine ?