Souillac : 18 ans après les faits, un sexagénaire condamné pour agression sexuelle sur sa belle-fille mineure
Pendant 3 ans, un ancien chauffeur routier a procédé de manière régulière à des attouchements sexuels sur sa belle-fille qui était à l’époque adolescente. Il comparaissait ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Cahors.
« Elle n’est pas dans une démarche de vengeance, elle veut seulement qu’on la reconnaisse comme victime ». C’est au nom de la plaignante absente, que son avocat Me Calonne martèle ces mots devant le tribunal correctionnel de Cahors ce jeudi 20 octobre.
Le prévenu, lui, est bien présent. Il est accusé d’agression sexuelle incestueuse sur mineure. L’affaire, sordide, s’est déroulée à Souillac il y a plusieurs années. Pas assez cependant pour qu’il y ait prescription. De 1994 à 1997, cet ancien chauffeur routier a procédé de manière répétée à des attouchements sur sa belle-fille, alors âgée de 12 à 15 ans. Mais il faudra attendre l’année de ses 20 ans pour que sa parole se libère. En 2003, la jeune femme se rend une première fois à la gendarmerie. Elle raconte comment son beau-père venait la voir dans sa chambre la nuit, comment il l’embrassait sur la bouche et lui caressait la poitrine, comment elle serrait les jambes pour que sa main ne descende pas plus bas, comment il la menaçait pour qu’elle se taise, comment ces faits se répétaient environ deux fois par semaine. À l’époque, l’homme admet déjà les faits, mais assure que cela ne s’est produit que « deux ou trois fois ». Et pourtant, pour une raison inconnue, la plainte est classée sans suite. « Autre temps, autre mœurs », commentera, désabusée, la partie civile.
Victime d’une sévère dépression, la plaignante réitère son témoignage en 2020 et cette fois la plainte aboutit. À nouveau, le prévenu reconnaît les faits. Pour autant, il ne semble pas prendre la mesure de leur gravité. Quand le président du tribunal lui demande s’il réalise le traumatisme qu’il a créé chez sa victime, l’homme de 61 ans rétorque : « Ça ne l’a pas empêché d’avoir des enfants ! ». Bras croisés, air renfrogné, il semble avoir gardé peu de souvenirs de cette époque. « J’ai essayé d’oublier », avance-t-il. « La victime aussi mais elle a beaucoup plus de mal », déplore le président.
À l’époque des faits, le prévenu venait de perdre son fils nouveau-né et était tombé dans l’alcoolisme. L’examen de sa personnalité révèle une enfance des plus sinistres : lui-même a été abusé sexuellement par son frère tandis que ses sœurs l’étaient par leur père. « Je n’ai jamais déposé plainte. A l’époque, ce n’était pas la même justice », commente-t-il sobrement. Son avocat, Me Faugère s’engouffre dans la brèche. « Si on conçoit qu’il y a résurgence du traumatisme pour la victime, pourquoi ne peut-on pas l’admettre pour mon client qui a lui aussi été un gamin abusé ? Je ne dis pas que la victime ment, mais chacun d’entre nous a tendance dans ses faiblesses à enjoliver ou dramatiser. C’est la nature humaine », plaide-t-il. Outre la plaignante qu’il a reconnu comme sa fille, le prévenu a eu sept autres enfants, dont les deux derniers ont actuellement 4 et 6 ans. A la substitut du procureur qui s’inquiète du risque de récidive et se demande pourquoi la plaignante est la seule victime de la famille, il répond : « Je n’ai jamais fait de différence entre mes filles. Mais elle, c’était la plus grande, c’est peut-être pour cela ». Devant les gendarmes, il s’était décrit comme un père distant, souvent absent. L’expert psychiatre avait, quant à lui, noté une absence de véritable remise en question et une froideur affective. « Les années ne l’ont pas aidé à réfléchir sur les faits, il les banalise », alerte la substitut du procureur qui souligne l’absence de tout consentement.
Le tribunal suivra finalement les réquisitions du ministère public et condamnera l’homme à deux ans d’emprisonnement assortis d’un sursis simple. Il devra également verser la somme de 5000 euros de dommages et intérêts à la victime ainsi que 1000 euros pour les frais de procédure.