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Sibelle veut des masques « Oh My Lot ! »


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Ma chère fille et mon cher fils ne sont plus collégiens, ni lycéens. Ils sont entrés dans la vie active. Et moi, j’ai vieilli. Cela étant, permettez que j’exprime ma solidarité envers tous les parents dont un ou plusieurs enfants s’apprêtent à effectuer leur rentrée scolaire dans un établissement du second degré. Car le ministre l’a rappelé jeudi soir, il faudra que les élèves portent un masque. Et leurs enseignants aussi, d’ailleurs. Puisqu’il s’agit de lutter contre la pandémie, je ne discute pas la mesure.

Sibelle non plus. Mais ma protégée féline, qui a de la mémoire et une certaine forme de clairvoyance psychologique propre à son espèce, me glisse ceci : « Je ne serais pas surprise que d’abord contraignant pour les ados, le masque ne devienne très vite ensuite un très chic accessoire de mode. J’ai déjà remarqué que des marques huppées en proposent, ornées de leur logo, à des prix dépassant largement les 10 euros. Adieu baskets et tee-shirts qu’il faut absolument de telle ou telle couleur, de telle ou telle firme, adieu trousses et stylos déclinés à la manière d’objets dérivés liés à un groupe de rock ou de rap tendance, à un film ayant cartonné au box-office, à une série Netflix. Maintenant, pour ne plus être montrés du doigt dans les cours ou les couloirs, il faudra arborer un masque à l’effigie de je ne sais quelle star, je ne sais quel logo… » Et qui mettra alors la main au portefeuille pour ne plus subir les demandes répétées des chères (c’est le cas de le dire) têtes blondes ?

Dans ce contexte, en sus de son opération destinée à doter les collégiens d’ordinateurs (Ordi’Lot), le Conseil départemental va-t-il distribuer des masques barrés du slogan « Oh My Lot ! » ? Nous en étions là de nos réflexions quand j’ai tout à coup réalisé que cette actualité en cachait une autre : pardon pour ce vrai-faux syllogisme qui relève plutôt de la Lapalissade, mais si l’on parle de rentrée, c’est que les vacances s’achèvent. Du coup, j’ai repensé à ce qu’étaient, il y a 30 ou plutôt 40 ans, ces dernières lignes droites quand j’étais moi-même collégien. A ces mélancoliques après-midis où rien ne pouvait m’enthousiasmer, et surtout pas les affiches et publicités dans les supermarchés, dont les rayons débordaient de cahiers et copies (perforés ou pas, petits ou grands carreaux). Je glissais une cassette de Bob Marley dans mon walkman (ben oui, y’avait pas encore de tablettes et d’iPod ou AirPods). Ou je regardais un énième épisode d’Amicalement Vôtre à la télé. En vain. Même s’il faisait beau, j’avais l’impression que l’été filait entre mes doigts. Je ne redoutais pas la rentrée en tant que telle. Je goûtais un peu en avance ce sentiment si particulier qui s’appelle la nostalgie.

Sur ce, Sibelle qui a procédé à un rapide tour d’horizon du reste de l’actualité locale insiste à raison pour saluer la solidarité du personnel soignant de l’hôpital de Cahors, qui a permis d’envoyer 50 kilos de matériel médical à Beyrouth, et, dans un registre différent, me demande si je suis d’accord pour acheter des fauteuils du cinéma ABC (rendez-vous sur place les 28 et 29 août) puisque la salle ferme définitivement ses portes. Prix : 25 euros le fauteuil, 40 les deux, 50 les trois. « Pas certain que cela collerait avec le style de notre déco intérieure » lui réponds-je. Mais quand même. Il faut réfléchir. Outre le clin d’œil nostalgique, décidément, on y revient toujours, quitte à assister impuissant ou presque au grand spectacle du monde, qui tient plus souvent de la tragi-comédie voire du film catastrophe que du comique troupier, autant être bien installé. 

Sibelle, pour sa part, suggère une alternative : « Qui te parle de déco ? Moi, je vois bien une rangée de fauteuils, là, sur le bolet. Quand soufflerait le vent du vague à l’âme, nous serions aux premières loges pour nous requinquer. Le maquis du causse en arrière-plan, la vallée de la rivière sur le côté, et, au premier plan, quelques maisons et des murets en pierre sèche. Et en guise de bande sonore, quelques cris d’oiseaux, des rires d’enfants de retour de l’école, des cloches de brebis, au moment de la transhumance. Le paysage d’ici, la beauté du Quercy en cinémascope permanent. »  Il y a des films au scénario moins sexy, non ?

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