Sibelle s’en remet à Woody Allen
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
C’est parti ! Les festivités du 900ème anniversaire de la cathédrale de Cahors ont débuté mardi et elles vont jalonner le printemps, l’été et l’automne pour s’achever en décembre. Un des prochains temps forts est programmé le 27 avril : la Sainte Coiffe conservée dans la cathédrale fera l’objet d’une procession dans les rues de la ville. Une première depuis 1940. Pour les distraits, comme ma chère Sibelle, rappelons qu’il s’agit d’un linge ou suaire qui a – ou aurait – recouvert le visage du Christ après sa mort. En temps normal, cette relique est abritée en la chapelle Saint- Gausbert, chef-d’œuvre de l’art gothique des XVème et XVIème siècles, perpendiculaire à la cathédrale elle-même, et donnant sur le cloître. J’avoue que ce cloître est pour moi une merveille, sinon « la » merveille de cet ensemble. Une oasis de sérénité, une invitation au détachement. Par les temps qui courent, un repaire en forme de repère.
– Nous verserions dans une rare hypocrisie si nous ne faisions allusion à l’atmosphère particulière qui a entouré l’acte I des festivités. Depuis l’annonce par l’évêque, Mgr Camiade, de l’ouverture d’une enquête canonique visant le charismatique abbé Ronan de Gouvello, « suite à des accusations sérieuses de manquements à ses engagements sacerdotaux » (sachant « qu’il ne s’agit en rien de pédocriminalité et que l’absence d’infraction pénale a été vérifiée par la justice »), tout le Lot est en émoi. Il y a ceux qui pensent savoir ce qui est reproché au prêtre (recteur de la cathédrale après avoir été en charge du sanctuaire de Rocamadour) mais qui ne disent mot, il y a ceux qui ne se savent rien mais qui se répandent en hypothèses, il y a ceux qui colportent les rumeurs, ceux qui prient, ceux qui rient (l’affaire fait aussi se gausser quelques-uns, évidemment, pourquoi le taire?)… Bref, l’ambiance est délétère. Du coup, Sibelle s’en réfère à Woody Allen : « Dieu reste muet. Si seulement nous pouvions convaincre l’être humain d’en faire autant. »
– « Les êtres humains, qu’ont-ils encore d’humains ? » enchaîne Sibelle, logiquement horrifiée par les attentats perpétrés en Nouvelle-Zélande. Comment répondre à ma chère féline, que lui rétorquer ? Je réfléchis. Et j’entends ici que des jeunes manifestent pour éviter le pire en terme de dérèglement climatique, je lis ailleurs qu’un ex-président du conseil italien dit préférer sauver des migrants de la noyade que de gagner des points dans les sondages, et je découvre enfin que le quotidien Paris-Normandie a consacré toute sa une à « La guerre du camembert », alors qu’un projet prévoit d’accepter les camemberts au lait pasteurisé au sein de l’Appellation d’origine protégée. Comme quoi tout espoir n’est pas perdu. Mais il faut s’accrocher.
– Terminons par un sujet plus léger… Encore que. Après le fiasco du PSG, cette semaine, Lyon et Rennes ont à leur tour été sèchement éliminés des coupes d’Europe de football. Avec Sibelle, devant notre poste de télé, nous avons constaté, dépités, l’écart pour ne pas dire le fossé qui perdure entre les clubs français et leurs concurrents anglais, espagnols ou italiens. Question de budget, sans doute, mais aussi question de mentalité, d’état d’esprit, de culture, même. Sur Twitter, Laurent Paganelli (qui commente les matchs sur Canal + depuis le bord du terrain) a résumé la situation. « Nous en France on n’a pas besoin de référendum ni de Brexit pour quitter l’Europe. On a le football. » Fermez le ban !
