Sibelle se fait vacciner sans broncher, elle !
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
On ne va pas tourner en rond : cette semaine, nombre de personnalités lotoises, nombre de nos hauts responsables, élus, représentants de l’Etat ou autres directeurs de ceci et présidents de cela se sont surpris à pousser un sacré « ouf ». Un « ouf » de soulagement, un « ouf » soufflé certes a posteriori. Quand ont commencé à tourner en boucle sur les réseaux sociaux et en continu à la télé les images de la gifle infligée au président Macron à Tain, dans la Drôme, deuxième étape de son nouveau tour de France, alors, nos élites locales ont immédiatement imaginé quel chaos aurait connu Cahors si ce geste avait émaillé la première étape de ces pérégrinations élyséennes, quelques jours plus tôt, dans notre bon Lot. On sait que les chroniqueurs parisiens avaient alors glosé et suggéré qu’ici, en Quercy, c’est en pays conquis que le premier des marcheurs entamait sa énième marche. Certes. Mais est-on jamais à l’abri ?
« Au pays de Léon Gambetta, de Gaston Monnerville et de Maurice Faure, on est attaché aux valeurs républicaines, monsieur, on peut éventuellement apostropher le chef de l’État, on peut râler, manifester, on peut porter une pancarte. Mais on ne lève pas la main (ni la patte) sur le successeur du Premier des Français devenu le Premier en France, selon la formule de Monsieur Coty » me rétorque Sibelle, qui ne pousse pas de « ouf » mais suggère quand même que nous vivons dans un monde de « oufs »…
Elle a sans doute raison, comme d’habitude. A titre personnel, j’ajouterai ceci, maintenant qu’on en sait un peu plus sur l’auteur du soufflet. Quelle drôle d’idée du Moyen Age ont certains de nos contemporains. Comment leur expliquer que cette période fut aussi celle des cathédrales et de grandes prouesses architecturales, celles des premières universités, des villes nouvelles, des aventures de Jacques Cœur ? Qu’on y croisa le fer durant cent ans, soit, mais que dans certaines contrées (à Tolède par exemple), on inventait – pour un temps – des nouveaux modèles de vie et de tolérance ? Il n’est jamais trop tard alors pour lire ou relire Fernand Braudel ou Jacques Le Goff. Entre autres. L’autre grande affaire de la semaine, c’est une nouvelle étape dans le calendrier de l’après, dont on voudrait tellement être sûr qu’il ne se mue pas en calendrier de.. l’avant une énième vague en septembre.
A ce propos, ma protégée féline ne peut s’empêcher, encore, de soupirer. « C’est bien la peine d’avoir tant de rues et d’avenues Pasteur en France pour que l’on ignore encore qu’être vacciné n’empêche pas d’être contaminé mais permet de mieux lutter contre la maladie au cas où » explique Sibelle, qui bientôt, en juillet, acceptera bon gré mal gré de s’engouffrer dans la petite cage de transport afin que je la conduise à la clinique vétérinaire pour ses rappels annuels. Un endroit où comme la plupart de ses congénères, elle reste d’abord prostrée dans la salle d’attente, avant de se laisser examiner et manipuler sous toutes les coutures puis piquer par un personnage tout de blanc vêtu dont elle devine, sans doute, qu’il ne lui veut que du bien. Alors que je n’aurais eu droit qu’à un vil crachat voire à un coup de griffe si j’avais esquissé le dixième de ces gestes à la maison…
Terminons par cette information délivrée par Medialot : « Le Département du Lot a entamé des travaux de sécurisation sur la RD 811, entre Cahors et Mercuès. Après les purges de falaise effectuées à l’automne 2020 (consistant à faire chuter les rochers ou cailloux devenus instables), des grillages de protection vont être posés pour retenir les blocs qui se détacheraient de la paroi. Ce chantier se déroulera de nuit au cours des prochaines semaines… » Cela me renvoie à une lecture déjà ancienne. En 1562, conduits par leur chef Duras qu’épaulait le seigneur de La Grézette, pourtant catholique, les Huguenots prirent le château de Mercuès et l’incendièrent. L’évêque de Cahors, Pierre de Bertrand, surpris en pleine nuit dans sa résidence secondaire la plus célèbre, n’eut alors comme solution que de descendre par une fenêtre en pyjama, comme on ne disait pas encore, et de se constituer prisonnier. 1562 : ce n’était plus le Moyen Age, mais en guise de gifle, ses adversaires obligèrent ensuite le prélat à traverser son diocèse à dos d’âne, cette fois revêtu de ses habits officiels…
Visuel @DR