Sibelle, nos élus à l’agenda très « national » et l’honneur fait à Martel 

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Lundi._ Désolé, mais en ce lundi de Pâques, qui tombe cette année le premier jour du quatrième mois, je n’ai pas forcément la tête à imaginer je ne sais quel poisson d’avril. D’ailleurs, je ne dois pas être le seul, et je constate que la presse (tous supports confondus) s’adonne moins que jadis à cet exercice. Sans doute l’actualité est-elle trop anxiogène, sans doute avons-nous été marqués plus qu’on ne le ressent parfois par les événements de ces dernières années, de la crise inédite des Gilets jaunes à la guerre en Ukraine en passant par la pandémie et la crainte désormais permanente qu’un attentat se produise. Et il y a l’inflation, et il y a tant d’autres maux. Bref. Je pense à tout cela en conduisant, alors que je rentre d’une brève virée dans la moitié nord du pays. Et puis soudain, à défaut de poisson, c’est un orage d’une rare violence qui nous surprend à hauteur de Limoges. Avec ma protégée, on décide de quitter l’autoroute. De toute façon, on ne peut plus guère rouler qu’à 70 avec ces trombes d’eau. Nous voilà sur une petite route qui se dirige vers Saint-Yrieix-la-Perche. On ne roule pas plus vite, certes, mais au moins on voit (enfin, on essaie) du pays… Quand enfin le ciel se calme, je peux rejoindre l’A 20 à hauteur de Brive après un (long) détour. Et bientôt, nous voilà dans le Lot. Sibelle ne peut s’empêcher de souffler : « Ouf. Ça fait du bien de rentrer chez soi… » Je souris. Cela ne fait jamais pourtant qu’une petite dizaine d’années que nous avons emménagé dans le Quercy. Mais elle a raison : désormais, quand on voit les panneaux à l’entrée du département, on se sent comme réconfortés. C’est comme dans le fameux poème de Du Bellay. Mais ainsi reformulé. « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Et puis est retourné, plein d’usage et raison… Revoyant tout joyeux de son petit village, Fumer la cheminée avant la belle saison, Revoyant le clos de sa pauvre maison, Qui lui est une province, et beaucoup davantage ? » Pas de douceur angevine, ici, mais celle de la vallée, des coteaux plantés de vignes, des petits maquis des causses. 

Mardi._ Comme on le notait déjà la semaine passée, Aurélien Pradié continue de célébrer le 50èle  anniversaire de la disparition de Georges Pompidou. Il publie sur les réseaux sociaux des photos de l’ancien chef de l’État en vacances dans sa résidence lotoise avec cette remarque : « Entre le Lot et les Pompidou, il y a un destin commun. Il faut croire que le Lot et les Pompidou devaient se rencontrer, parce qu’ils se ressemblaient. Les hommes et les femmes politiques sont façonnés par les terres où ils vivent, où ils sont nés, qu’ils ont adoptées. Il n’y a pas de grands responsables politiques sans racines profondes. » Pas besoin d’être grand clerc pour imaginer le parallèle que souhaite mettre en exergue le député des Républicains. Il poste aussi une photo de la messe en l’église Saint-Louis-en-l’Île qui a rassemblé ce mardi les proches du grand homme. On y voit le député lotois, de dos. Sibelle se demande qui a pris le cliché. « Ce serait donc d’abord une opération de communication ? » suggère-t-elle. Je fronce les sourcils. « Pas que, évidemment. Mais outre les liens noués par Georges Pompidou avec le Quercy qu’il souhaite mettre en exergue, sans doute Monsieur Pradié désire-t-il s’inscrire pleinement dans une tradition gaulliste singulière. Les fidèles purs et durs du Général n’étaient d’ailleurs pas toujours très tendres avec l’ancien Normalien amateur d’art. Je pense que c’est surtout cet aspect que veut cultiver le député. Il est gaulliste lui-même, mais un peu à part. » Sibelle est déjà passée à autre chose. Je la vois sourire en lisant un article qui précise que la nostalgie des années Pompidou, c’est aussi la nostalgie d’une époque où le prix de la baguette était fixé en conseil des ministres. 

Mercredi._ Un autre politique lotois donne beaucoup de sa personne ces temps-ci. Le socialiste Rémi Branco arpente la France pour évoquer son dernier ouvrage (comme qui vous savez) et débattre de la nécessité pour la gauche de reconquérir les campagnes. Il est également signataire cette semaine d’une tribune dans Le Monde dans laquelle des élus et chercheurs appellent à l’instauration de la proportionnelle pour les futures législatives (2027). Un des arguments ? « Avec le scrutin majoritaire, le Rassemblement national (RN) pourrait obtenir la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale, bien qu’il comptabilise moins de 30 % des voix. » Car si pendant des décennies, le mode de scrutin actuel a contribué à sous-représenter le Front national, puis le RN, sans freiner pour autant sa progression, désormais, selon les sondages, il pourrait en aller tout autrement. Sibelle est perplexe. « S’il faut une réforme du mode de scrutin pour faire barrage, c‘est déjà en soi un échec. Et cela n’est pas pour autant synonyme de majorité alternative. Comment expliquer qu’il serait juste et démocratique qu’un parti arrivé en tête soit condamné à ne pas gagner ? » Je vais chercher un comprimé de Doliprane… 

Jeudi._ Lors de l’inauguration du Centre aquatique olympique, le plongeur Alexis Jandard se loupe et chute… Devant l’aréopage des officiels, le président Macron en tête, cette fausse note aurait pu… plonger l’intéressé dans le désarroi le plus noir. Mais non. Il préfère, à raison, l’auto-dérision : « C’est quand même vachement plus divertissant… » Cette séquence permet au final d’éviter d’aborder les sujets qui fâchent. L’infrastructure aura coûté 174,7 millions d’euros. Dans le dossier de candidature, la piscine olympique devait initialement être construite pour moins de 70 millions… 

Vendredi._ A l’heure où ces lignes sont écrites, la bonne cité de Martel en effervescence (ou pas) attend la visite de la ministre Rachida Dati qui va évoquer l’accès à la culture en milieu rural, soutenir les acteurs lotois du secteur, et aussi, nous dit-on, apporter son soutien à la préservation de la chapelle de Malodène où l’artiste Miklos Botor a réalisé une fresque en mémoire des victimes de la Shoah. Sibelle aurait aimé faire le déplacement. Et offrir à l’ancienne Garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy une biographie de Maurice Faure. Un petit effort. Mais oui, vous avez la réf’, comme on dit maintenant. Notre ancien ministre à nous est l’auteur de cette formule irremplaçable : « Nous sommes pauvres, mais nous sommes beaux. » Mais nous ne refusons aucune subvention, évidemment.