Sibelle, l’hommage aux Hussards des temps modernes, l’affaire Mbappé et la fronde de nos élus
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Dans tous les établissements secondaires de France et de Navarre, élèves et enseignants rendent hommage à deux « hussards de la République », Samuel Paty et Dominique Bernard, assassinés dans l’exercice de leur noble mission, victimes de terroristes islamistes. A Cahors, la préfète et des élus se sont joints à la cérémonie au lycée Clément Marot. Le poète auquel on reprocha en son temps quelque sympathie pour la Réforme connut la prison et l’exil. Pour les deux enseignants, ce fut la mort. L’un était professeur d’histoire-géo, l’autre de lettres. Ce n’est sans doute pas un hasard. Qui souhaite éclairer les esprits est forcément mal vu des tenants des idéologies mortifères, des obscurantistes, des religieux ultras qui se comportent comme des criminels sans foi ni loi. Moi-même fils d’un enseignant diplômé de lettres classiques, je suis bouleversé. Mon père citait Jules César et Cicéron dans le texte mais il fit, par choix, l’essentiel de sa carrière dans des établissements que l’on nommait alors les collèges d’enseignement technique. Il aimait croire, pour dire les choses simplement, que les travailleurs manuels n’avaient pas à être exclus de savoirs qui aident à élever les âmes, à forger des citoyens voulant vivre debout. Samuel Paty et Dominique Bernard sont morts debout. Des professeurs dont la mémoire nous guide. Nous oblige.
Mardi._ Légitime émotion à Bagnac-sur-Célé, où les fidèles ont constaté dépités que l’église a été profanée. « Des vases sacrés de valeur ont été volés dans le tabernacle et dans la sacristie. Le Saint-Sacrement a été emporté. Une statue à l’intérieur de l’église a été retournée volontairement… » a dénoncé la paroisse dans un communiqué. Là encore, une leçon d’histoire. Et pas seulement à l’adresse des auteurs de ce délit, que leur motivation ait été l’appât du gain ou le goût de choquer, de heurter la foi d’autrui. De tels méfaits se produisent aussi dans des cimetières, et l’on voit des collectionneurs revendre des plaques funéraires, des médaillons. Bref. Ce qu’il faut savoir s’agissant des églises, c’est que pendant longtemps, elles ne furent pas uniquement des lieux de culte. Dans la France rurale d’autrefois, l’église était également une salle de réunion où les habitants et paroissiens, après l’office, profitaient de l’occasion pour bavarder. Voire pour débattre, dans les périodes politiques troublées. D’où la présence, souvent, de porches, d’auvents ajoutés près de l’entrée, postérieurement au reste de l’édifice. « Dans l’Orléanais et le Berry, on appelle cela des caquetoires. Pour jaser à l’abri » précise Sibelle.
Mercredi._ Mbappé visé sans être visé par un début de début d’enquête à Stockholm. Il est question de viol. Laissons les policiers enquêter, laissons la justice faire son travail. Reste une question, pour l’heure. A quel point une célébrité – a fortiori un champion sportif, censé afficher une saine hygiène de vie – doit-elle être déconnectée de la réalité et du bon sens pour programmer un aller-retour en avion entre l’Espagne et la Suède rien que pour faire la fête ? C’est déjà pas très raisonnable quand il s‘agit d’une promo pour un sponsor. Là, on est hors-sol. « Et il y a fort à parier que certains Suédois fortunés font appel à des agences spécialisées, de temps à autre, pour aller danser sur les plages espagnoles » remarque, mi-choquée, mi-amusée, ma protégée féline.
Jeudi._ Alerte météo. Le Lot est également concerné, qui passe en vigilance orange. Il tonne, il pleut, il vente. Même Sibelle vient se reposer et se protéger à l’intérieur. Pour l’heure, ce que nous subissons dans le Quercy est sans commune mesure avec les conséquences que l’on recense dans les Cévennes, dans la vallée du Rhône ou encore en région parisienne. Les images qui défilent à la télé sont parfois tout simplement incroyables. Ma tigresse féline en est elle-même retournée : au hasard d’un reportage en direct, on voit non plus des voitures, mais des vaches emportées par le courant violent d’une rivière qui a débordé dans une campagne sens dessus dessous. La nature s’affole. Et nous, simples citoyens spectateurs, on fait simplement ce qu’on nous demande. On trie nos déchets, on roule moins, on se chauffe moins, on gaspille moins. Mais on a de plus en plus la trouille.
Vendredi._ Après l’alerte orange, le plan rouge. Le tribun insoumis Mélenchon est annoncé pour appeler, dans la cité de Gambetta, à la destitution du chef de l’État. Et force est de constater que la grogne monte de tous côtés. Le projet de budget 2025 du gouvernement Barnier provoque l’ire nos élus, puisqu’il comprend une baisse des dotations affectées aux collectivités. Carole Delga, présidente de l’Occitanie, est montée au créneau : « Les mesures envisagées se traduiront par une baisse d’au moins trois milliards des investissements portés par les régions avec des conséquences importantes pour l’emploi local, la commande publique et les services publics. » Quant à Serge Rigal, le chef de l’exécutif départemental, le total des pertes pour le Lot s’élevant à priori à 19 millions, il a lui aussi protesté avec véhémence : « L’État (va) obliger le Département à diminuer ses investissements et son soutien aux habitants de la ruralité. Au niveau national, ce budget (…) va tuer la croissance économique et entraîner de la casse sociale. J’espère que les parlementaires lotois lutteront (pour) rendre du pouvoir d’agir aux collectivités locales qui assument 70% de l’investissement public. Si l’Etat est en faillite, c’est parce que depuis 2017 il s’est privé de recettes : rien que la suppression de l’ISF lui a coûté plus de 20 milliards en cumulé et aujourd’hui, les 500 familles les plus riches de France ont doublé leurs actifs (1200 milliards). L’échelon local, obligé de voter des budgets équilibrés, n’a rien à voir avec cette situation. Il faut que chacun se rende bien compte des conséquences : enlever des moyens aux services publics locaux, c’est pénaliser les gens tout simplement. Cette réponse est une insulte faite aux électeurs du front républicain. Chacun pourra comprendre que le responsable de ce gâchis se trouve à l’Elysée, son complice, Bruno Le Maire, ayant déjà fait ses valises pour la Suisse. » Il est bien loin le temps où un certain Rigal Serge se rangeait derrière la candidature de Macron Emmanuel : « Il a des idées nouvelles, une approche novatrice de la politique, la seule qui peut nous permettre de battre la droite compte tenu de ce qui nous attend si Fillon est élu. » C’était hier ou avant-hier, c’était en 2017, c’était il y a une éternité.