Sibelle, l’ex-golfe du Mexique, le pollen en avance dans le Lot, et Cahors qui découvre la callisthénie
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ La semaine débute comme la précédente s’est achevée. Au sommaire des journaux : la question de la paix (mais à quel prix?) en Ukraine, la fragile trêve observée à Gaza, les embarrassantes interrogations de Mediapart sur l’attitude François Bayrou vis-à-vis de l’institution Notre-Dame de Bétharram. Liste non exhaustive. C’est peu dire que les temps ne prêtent pas à la rigolade. Encore que. Il y a aussi, encore, ces informations qui pourraient prêter à sourire mais n’augurent au final rien de bon. Ceci, par exemple : voici que le gouvernement du Mexique annonce qu’il « traduira Google en justice s’il continue d’utiliser l’appellation golfe d’Amérique sur ses cartes ». Le géant du web applique en effet le décret signé fin janvier par Donald Trump ordonnant le changement de nom du golfe du Mexique, mer située au sud-est des Etats-Unis mais qui borde aussi l’est du Mexique. « Je viens de vérifier à l’instant », me crie Sibelle. « Pour l’instant, c’est encore flou. Sur le moteur de recherche, on lit exactement ceci en haut des résultats et sur les cartes : Golfe du Mexique (Golfe d’Amérique)… » On connaissait les horreurs du révisionnisme en histoire. Voici désormais que l’on se coltine le révisionnisme géographique. Qui n’est pas loin du premier. Qui est tout sauf anodin. Les mots précèdent souvent les maux. Parmi les premières victimes de l’affaire, le droit à l’information : « Donald Trump a indiqué qu’il maintiendrait les restrictions d’accès à la Maison Blanche ou à Air Force One visant l’Associated Press tant que l’agence de presse américaine refusera d’utiliser l’appellation « golfe d’Amérique » nous apprend ainsi une dépêche de l’AFP. Pour l’heure, les dénominations géographiques « Lot », « Quercy », « Bouriane » ou « Ségala » ne sont pas visées. D’ailleurs, sans doute le président américain aurait-il du mal à les situer sur une carte. Cela nous offre quelque répit. Ouf.
Mardi._ A l’instar de nombre de départements, le Lot est désormais classé en rouge pour signaler des risques élevés d’allergie aux pollens. « C’est plus tôt que d’habitude » remarque ma protégée, qui rentre de sa promenade matinale. Vrai. La faute au réchauffement climatique ? Sans doute, mais il faut éviter de le dire trop fort, au risque d’alimenter les théories du complot. « Du coup, on a le droit quand même de dire aussi que pour une fin février, on a déjà repéré pas mal de moustiques, de punaises et de coccinelles ? » m’interroge Sibelle. Je fais semblant de ne pas avoir entendu.
Mercredi._ A Cahors, on connaît les six projets soumis au vote de la population du 20 février au 16 mars dans le cadre du budget participatif. Plus de 60 avaient été déposés, mais il fallait qu’ils répondent à des critères de faisabilité technique, juridique, financière et de calendrier. D’où cet écrémage. Les projets sont tous liés au sport, au bien-être, à l’aménagement de lieux et d’espaces plus agréables. Une des suggestions nous a d’abord surpris, Sibelle et moi : la création d’un parc de callisthénie en centre-ville. Ma tigresse domestique est vite allée chercher son dico. Définition : « La callisthénie est une forme d’exercice physique qui met l’accent sur l’utilisation du poids du corps pour augmenter la force physique, la flexibilité et la santé cardiovasculaire. Elle consiste à enchaîner des exercices variés, souvent rythmiques, qui ne nécessitent pas ou peu d’équipement. Ceux-ci sont principalement axés sur le renforcement musculaire et l’endurance ». Et encore cette précision étymologique : « Le terme provient des mots grecs « kallos » (beauté) et « sthenos » (force). » De quoi se coucher moins bête, même quand on est un chat… Les projets retenus seront mis en œuvre entre l’été 2025 et l’été 2026.
Jeudi._ Medialot nous informe que le mathématicien Cédric Villani (membre de l’Académie des Sciences, ancien député) donnera une conférence le vendredi 7 mars à Pradines, invité par l’association Ramsay-Fénelon. Thème choisi : « L’intelligence artificielle, aspects négatifs et aspects positifs ». Avec ma protégée, nous nous dépêchons d’inscrire le rendez-vous sur notre agenda. Nous avons cependant des points de vue différents sur le sujet, évidemment passionnant. Moi, je pense que comme toutes les inventions ou révolutions, de la télé à Internet en passant par le frites sans huile et les GPS, le pire côtoie le meilleur ou vice-versa. Il ne faut pas avoir peur de l’IA mais savoir l’utiliser à bon escient. Sibelle est moins nuancée. Elle n’a jamais digéré que l’un des premiers outils mis à disposition du grand public s’appelle « Chat GPT ». Prière de ne pas rire.
Vendredi._ Ce n’était pas prévu mais je change de sujet au dernier moment. Je viens de recevoir ma facture de gaz annuelle. Je fais partie de ceux qui ont moins consommé mais paieront plus. Une centaine de kWh en moins, mais quelque 70 euros en plus. Et je ne vous parle pas de cette aberration qui nous amène à payer de la TVA sur des taxes, ce qui est tout simplement un non-sens (une taxe, par définition, n’est pas synonyme de valeur ajoutée). J’en appelle à Groucho Marx : « On juge un homme aux factures qu’il reçoit. » Ce n’est sans doute pas la meilleure de ses citations, mais elle correspond pile-poil.